Le gouvernement espagnol devrait officiellement appeler à l'aide d'ici lundi

Par Agathe Machecourt (avec agences)  |   |  532  mots
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La zone euro s'attend à ce que l'Espagne formalise une demande d'aide à son secteur bancaire d'ici à lundi, a déclaré le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, jeudi soir. Des audits indépendants ont évalué le besoin à 62 milliards d'euros, quand l'Europe propose 100 milliards.

L'Espagne devrait officiellement demander l'aide de l'Europe d'ici à lundi 25 juin, a déclaré le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker jeudi soir à l'issue d'une réunion des 17 ministres des Finances de la zone euro. L'annonce, quelques heures auparavant, des résultats des audits indépendants estimant à quelque 62 milliards d'euros les besoins du secteur bancaire, devrait enclencher la demande espagnole. Ce chiffre, bien inférieur aux attentes de l'Europe, qui avait proposé une aide de 100 milliards d'euros le 9 juin dernier, a réjoui Mariano Rajoy. Le Premier ministre espagnol, en déplacement au Brésil pour la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, s'est empressé de demander que l'aide européenne soit versée "le plus rapidement possible".

Le MES prendrait la suite du FESF

L'aide à l'Espagne devrait en premier lieu provenir du Fonds européen de stabilité financière (FESF), "jusqu'à ce que le MES puisse être utilisé", a précisé Jean-Claude Juncker. Le Mécanisme européen de stabilité (MES), structure permanente, est en effet censé devenir opérationnel à compter du 9 juillet. Une relative bonne nouvelle pour les investisseurs privés, puisque le MES constituera un créancier à rembourser en priorité en cas de faillite, ce qui n'est pas le cas du FESF.

Entre 62 et 100 milliards d'euros

Le montant de l'aide que compte demander l'Espagne reste toutefois incertain. Entre les 100 milliards que l'Europe se dit prête à fournir et les 62 milliards évalués par les audits pour sauver le secteur bancaire, l'écart est certain. D'autant que, selon la Banque d'Espagne, les trois principaux établissements du pays (Banco Santaneder, BBVA et Caixabanl), n'ont nul besoin de capitaux supplémentaires.

Quid d'une aide concernant les finances publiques ?

Enfin, entre fierté et réalisme, le gouvernement espagnol oscille : exhorté jeudi par la zone euro à formaliser au plus vite une demande d'aide directe pour ses banques suite à l'annonce des bilans dressés lors des audits, le Premier ministre espagnol a réclamé que l'aide promise soit versée dans les plus brefs délais, mais il persiste par ailleurs à refuser officiellement toute aide directe concernant les finances publiques. Une position qu'il ne pourra pas tenir indéfiniment, selon plusieurs spécialistes qui considèrent que l'Espagne devra se résoudre à demander un tel soutien à ses finances publiques ainsi que l'on fait la Grèce, le Portugal et l'Irlande. La possibilité d'une aide directe aux banques ne plait guère à Berlin qui rappelle que le mécanisme en vigueur prévoit que les banques en manque de capital s'adressent d'abord à leurs actionnaires, puis au gouvernement de leur pays, et que celui-ci, en dernière instance, se tourne vers le FESF ou le MES.

Calendrier

Une délégation d'experts devrait entamer dès lundi, à Madrid, leur étude de l'économie espagnole afin d'enclencher l'éventuel plan d'aide. Celle-ci comprendra des représentants de la Commission européenne, du FMI et de la zone euro. D'ici là, le Premier ministre espagnol devait se rendre, ce vendredi, à Rome, afin de préparer le sommet européen des 28 et 29 juin avec François Hollande, Angela Merkel, et leur hôte, Mario Monti. Le dossier risque de se décanter dans les heures qui viennent.