Le gouvernement italien annonce 26 milliards d'économies sur trois ans

Par Julien Bonnet (avec agences)  |   |  720  mots
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La série de nouvelles mesures adoptée dans la nuit de jeudi à vendredi par le gouvernement de Mario Monti doit permettre une réduction des dépenses publiques de 4,5 milliards d'euros dès cette année et de plus de 10 milliards d'euros aussi bien en 2013 qu'en 2014, soit un total de 26 milliards de coupes budgétaires. Une grande partie de ces économies concerneront la santé et l'administration publique avec notamment une baisse de 10% du nombre de fonctionnaires.

L'Italie se prépare à trois années de rigueur. Le gouvernement de Mario Monti a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi une série de mesures qui permettront de réduire la dépense publique de 26 milliards d'euros au total d'ici à 2014. "Les économies que permettra le décret seront de 4,5 milliards en 2012, 10,5 milliards en 2013 et 11 milliards en 2014", a déclaré à la presse le président du Conseil. Le gouvernement avait déjà adopté fin avril un décret-loi décidant le principe d'une réduction des dépenses de 4,2 milliards d'euros en 2012.

Les effectifs de l'administration réduits de 10%

Une grande partie de ces réductions de dépense concerne la santé et l'administration publique, a précisé Mario Monti. Selon le vice-ministre de l'Economie, Vittorio Grilli, le nombre de fonctionnaires sera ainsi réduit de 10% et les dirigeants administratifs de 20%. La réduction en 2012 de 50% des frais des voitures de fonction par rapport à l'année précédente et la division par deux du nombre des provinces italiennes, ont également été annoncées.

La hausse de la TVA évitée

Le Conseil des ministres avait débuté vers 18h et ne s'est achevé que vers 1h du matin, signe de la difficulté pour l'exécutif de trouver les domaines où les coupes budgétaires seraient efficaces sans affecter outre-mesure les services à la population, comme la santé ou l'éducation. "Nous avons voulu éviter les coupes linéaires préférant le chemin plus compliqué, mais plus efficace sur le plan structurel, de l'analyse des dépenses", a expliqué Mario Monti. Il a souligné que ces mesures permettront d'éviter pendant au moins un an une augmentation de la TVA de 2 points, qui devait passer de 21% à 23%, une mesure que le gouvernement souhaitait éviter estimant qu'elle pourrait aggraver la récession.

Le gouvernement a décidé, entre autres, de réduire de 200 millions d'euros en 2012 ses subventions aux universités et institutions de recherche et de 300 millions pour les années successives. Parmi les autres mesures figurent également la réduction de 700 millions d'euros en 2012 de ses transferts aux régions italiennes, un chiffre qui grimpera à un milliard en 2013 et 2014 ou l'interdiction pour des employés de l'administration publique à la retraite d'effectuer des consultations payantes pour celle-ci.

Des objectifs de réductions des déficits ambitieux

Au premier trimestre 2012, le déficit public de l'Italie a atteint 8% du PIB, soit le plus mauvais chiffre depuis les trois premiers mois de 2009, principalement en raison de la baisse des recettes fiscales induite par la récession et par la hausse des taux obligataires italiens. Avec ces nouvelles mesures, Rome se donne ainsi les moyens de respecter ses objectifs ambitieux de réduction des déficits -le gouvernement table sur 2% cette année malgré la récession et un excédent primaire dès 2013- alors que ses taux d'emprunt se sont envolés jeudi après la réunion de la BCE. La baisse des taux, attendue, a ainsi ravivé les craintes des investisseurs sur l'état de santé de la zone euro. En outre, le président de la BCE, Mario Draghi, a balayé les espoirs de nouvelles mesures exceptionnelles de l'institution en indiquant que le conseil des gouverneurs n'en avait "pas discuté". Or, certaines voix avaient exprimés le besoin de relancer le programme de rachats d'obligations publiques et que l'institution monétaire affiche clairement l'objectif de ne plus laisser les taux d'emprunt des pays de la zone euro flamber à des niveaux insoutenables.

Situation toujours tendu sur le marché obligataire

En conséquence, en fin de journée jeudi, le rendement espagnol à 10 ans grimpait à 6,737% contre 6,375% mercredi à la clôture et la prime de risque payée par le pays vis-à-vis de l'Allemagne bondissait à 529 points de base (5,29 points de pourcentage). Pour sa part, le rendement italien à 10 ans flirtait avec les 6%, à 5,958% contre 5,755% la veille. Un peu plus tôt, il avait dépassé les 6% pour la première fois depuis le 29 juin. Malgré la garantie obtenue lors du dernier sommet européen par Mario Monti et son homologue espagnol Mariano Rajoy de l'adoption prochaine d'un "bouclier anti-spread" pour éviter que la spéculation n'attaque les titres des pays de la zone euro respectant les équilibres budgétaires, il reste donc encore beaucoup à faire pour calmer les marchés toujours sous tension.