Moody's place la note de l'Allemagne sous perspective négative

Par latribune.fr (avec agences)  |   |  530  mots
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L'agence de notation financière Moody's a abaissé lundi de "stable" à "négative" la perspective pour l'évolution de la note de l'Allemagne, mais aussi pour celle des Pays-Bas et du Luxembourg. Ces trois pays pourraient ainsi perdre leurs "triple A" en raison de "l'incertitude croissante" sur l'issue de la crise de la dette. Déjà placée sous perspective négative, le "Aaa" français sera lui réexaminé à la fin du troisième trimestre.

Coup de tonnerre sur la zone euro après une journée noire sur les différentes places boursières du continent. Victime de l'incertitude sur l'issue d'une crise de la dette qui n'en finit plus, l'Allemagne pourrait perdre son "triple A", la meilleure note possible. L'agence de notation financière Moody's a en effet annoncé lundi qu'elle abaissait de "stable" à "négative" la perspective sur la note de la première économie de la zone euro. Les Pays-Bas et le Luxembourg voient également leurs "triple A" menacés de dégradation en cas de nouvelle aggravation de la situation. Les déboires de l'Espagne, dont l'économie représente 12% du PIB européen, contribuent à assombrir un peu plus l'avenir d'une union monétaire qui peine à trouver une solution durable pour sortir de la tempête.

Le "triple A" finlandais confirmé

L'agence a également indiqué lundi qu'elle réexaminerait "à la fin du troisième trimestre" le triple Aaa accordé à la France et l'Autriche, deux autres pays de la zone euro qu'elle avait déjà placés sous perspective négative en février. Le "triple A" de la Finlande a, en revanche, été confirmé. Au total, six pays de la zone euro bénéficient encore d'une note "Aaa" chez Moody's mais seule la Finlande jouit encore d'une "perspective stable", que l'agence a confirmée lundi en soulignant la faible exposition de son économie et de son système bancaire aux vicissitudes européennes.

La sortie de la Grèce ou un appel à l'aide de Madrid et Rome menacent les Etats les plus solvables

Dans son communiqué, l'agence justifie sa décision concernant l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg par "la probabilité de plus en plus forte d'une sortie de la Grèce de l'euro" et l'"impact" d'un tel événement sur des Etats-membres de la zone euro, notamment les plus solides. "Même si un tel événement est évité, il existe une probabilité de plus en plus forte qu'une aide à d'autres Etats de la zone euro, notamment l'Espagne et l'Italie, soit requise", ajoute Moody's, précisant que ce "fardeau" devrait peser plus "lourdement" sur les Etats considérés comme les plus solvables de la zone euro. Mi-juillet, Moody's avait dégradé de deux crans, de A3 à Baa2, la note de solvabilité de l'Italie, évoquant déjà un risque de "contagion" de la crise de la zone euro, et suscitant de nombreuses protestations au sein de l'Union européenne.

"Tout faire" pour surmonter la crise

Le ministère allemand des Finances a aussitôt réagi à cette annonce en assurant que l'Allemagne, première économie en Europe, continuerait d'être "l'ancre de stabilité dans la zone euro". "L'Allemagne va tout faire avec ses partenaires pour surmonter le plus rapidement possible la crise de la dette européenne", a ajouté le ministère dans son communiqué. La dégradation des notes souveraines n'est pas toujours suivie d'effets sur les marchés. En août 2011, l'agence Standard and Poor's, l'une des trois à dominer le marché mondial de la notation, avait retiré son triple A aux Etats-Unis qui empruntent pourtant aujourd'hui à des taux historiquement bas sur les marchés financiers.