BCE : Draghi essaye de gagner du temps

Par latribune.fr  |   |  505  mots
Copyright Reuters
Mario Draghi, président de la banque centrale européenne, l'a à nouveau martelé, "l'euro est irréversible". Mais ses déclarations n'ont pas convaincu les marchés. Il s'est contenté de reporter à plus tard ses décisions sur une éventuelle action sur les marchés obligataires secondaires et a conditionné les "mesures monétaires non standard" à la demande d'activation du FESF par les gouvernements.

Mario Draghi a une fois de plus martelé que l'euro était "irreversible" et a répété son engagement à "faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro". Mais, à l'occasion de sa conférence de presse mensuelle, il est resté flou quand aux mesures à adopter et a reporté la plupart des décisions sur lesquelles il était attendu à plus tard.

La BCE prête à intervenir sur les marchés obligataires

Interrogé sur les rachats de dette sur les marchés secondaires, Mario Draghi a assuré que la BCE était prête à intervenir sur le marché de la dette, face aux taux d'emprunt "inacceptables" que doivent consentir certains pays de la zone euro et qui empêchent la bonne transmission de sa politique monétaire. "Le conseil des gouverneurs, dans le cadre de son mandat pour maintenir la stabilité des prix à moyen terme et dans le respect de son indépendance pour déterminer la politique monétaire, pourrait décider des opérations sur le marché obligataire d'une taille adéquate pour atteindre son objectif", a-t-il déclaré. Mais "même en étant prêts, nous n'avons pas de raisons de le faire" a-t-il ajouté.

Des mesures non-conventionnelles supplémentaires

Très attendu sur le sujet, Mario Draghi a reporté la décision sur d'éventuelles mesures non-conventionnelles supplémentaires à plus tard et assuré que le conseil des gouverneurs examinera la question "selon ce qui est requis pour rétablir la transmission de la politique monétaire".

Mario Draghi renvoie les États dans leur camp

Mais il a conditionné l'application de telles mesures à l'activation par les États du FESF, qu'il considère comme un pré-requis avant toute action de la BCE.

Licence bancaire au FESF

Mario Draghi ne s'est pas dit contre l'idée d'accorder la licence bancaire au FESF, mais "pas sous sa forme actuelle". Pour lui, accorder la licence bancaire au FESF serait contraire aux traités.

Vers une baisse des taux d'intérêt ?

"Nous avons discuté d'une réduction des taux d'intérêt, mais le conseil des gouverneurs n'a pas jugé le moment opportun."

Déçus, les marchés s'effondrent

Dans la foulée de la conférence de presse de Mario Draghi, les marchés affichaient leur déception face à l?absence d?une action immédiate de la BCE. Vers 15h à Paris et à Francfort, le CAC 40 et le Dax perdaient de plus de 2%. A Madrid, l?Ibex-35 des principales valeurs chutait de 5,06% à 6.379,7 points. Enfin à Milan, le MIB reculait de près de 3%. Logiquement, les banques étaient les principales touchées. En Espagne, BBVA (-7,95%) et Banco Popular (-7,25%) enregistraient ainsi les plus forts reculs à la Bourse de Madrid.

De la même manière, le marché obligataire réagissait négativement aux propos du président de la BCE. Le rendement italien, qui évolue en sens inverse du prix, montait à 6,161% (contre 5,931%) peu après 15h. Celui de l?Espagne progressait à 6,803% (contre 6,732%), alors qu'il se détendait nettement depuis le début de la journée.