Dette grecque : rien ne sert de courir, tant que l'argent revient

Par Romain Renier  |   |  459  mots
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Le FMI, qui ne compte pas que des membres européens, souhaite revoir ses deniers, et est prêt pour cela à accorder un délai supplémentaire à la Grèce. La zone euro, très réticente à l'octroi de ce délai, semble revoir peu à peu sa position.

Tout vient à point à qui sait attendre. C'est ce qu'à voulu signifier le FMI à ses partenaires de la Troïka. Jeudi, l'institution de Washington a jeté un pavé dans la marre en estimant que la Grèce avait "de bons arguments pour accorder un délai supplémentaire à Athènes."

Les membres non européens du FMI veulent revoir leur argent

Le fonds a fait un calcul simple. Mieux vaut prendre son temps et revoir son argent que se précipiter et ne jamais le revoir. C'est en substance ce qu'a dit un diplomate européen pour expliquer le positionnement du FMI : "la différence fondamentale entre le FMI et les Européens, c'est que le FMI veut être remboursé."

Au FMI, institution internationale qui ne compte pas que des membres européens, un certain agacement s'est fait jour devant l'ampleur des fonds alloués à la zone euro. "Trop d'importance a été accordée à des facteurs politiques au détriment d'éléments économiques", s'est irrité le représentant indien au conseil d'administration du Fonds, Arvind Virmani.

La zone euro semble céder mais reste prudente

A son arrivée à Nicosie pour le sommet de l'Eurogroupe, la ministre des Finances de l'Autriche, pays habituellement sévère à l'encontre de la Grèce, n'a pas rejeté la proposition du FMI. C'est même plutôt le contraire. "La Grèce a présenté un budget ambitieux. Nous allons lui donner le temps dont elle a besoin, mais probablement pas plus d'argent", a-t-elle déclaré. Le mot est lâché.

Mais son homologue néerlandais, Jan Kees de Jager, s'est montré plus prudent. "Si le déficit est dans une certaine mesure pire qu'attendu en raison d'une mauvaise passe économique temporaire, il pourra y avoir plus de temps, mais il n'y aura pas d'argent supplémentaire," a expliqué le ministre des Finances néerlandais, qui conditionne l'octroi d'un délai à la bonne mise en place des mesures  réclamées à Athènes par la Troïka.

Interrogé jeudi à ce sujet lors de sa visite à Athènes, le ministre français de l'Économie et des Finances Pierre Moscovici avait botté en touche en réclamant dans un premier temps à Athènes de faire preuve de détermination pour que les efforts demandés soient effectivement effectués.

Athènes toujours sous pression

Pour l'heure, la Grèce est toujours sous pression de ses principaux créanciers, la BCE, le FMI et l'Union européenne, pour réaliser plus de 11,5 milliards d'euros d'économies. De ces efforts dépend le rapport de la Troïka, puis le versement d'une tranche d'aide de 31,5 milliards d'euros, vitale pour le pays, dont les prochaines échéances de remboursement sont prévues pour le mois de novembre.