Wolfgang Schäuble attaque ouvertement la Bundesbank

Par latribune.fr  |   |  426  mots
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Le ministre des Finances allemand a dénoncé les critiques de Jens Weidmann, le patron de la banque centrale allemande. Alors que se dessine un nouveau front autour des mesures de la BCE.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, lâche le président de la Bundesbank Jens Asmussen. Dans un entretien à paraître demain dimanche dans la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS), l'édition dominicale du quotidien conservateur de Francfort FAZ, l'ancien patron de la CDU attaque clairement le banquier central allemand qui critique sans détours la politique de rachats d'obligations souveraines de la BCE. « Je ne suis pas certain que mener ce débat de façon semi-publique contribue à renforcer la confiance dans les banques centrales », répond Wolfgang Schäuble.


Pas d'alternatives


Le ministre des Finances, comme la chancelière Angela Merkel, est sorti renforcé de la décision annoncé mercredi par la cour constitutionnelle de Karlsruhe laissant le feu vert au mécanisme européen de stabilité (MES) et au pacte budgétaire européen. Dans son interview, il réaffirme l'idée qu'il n'existe pas d'alternative à la politique du gouvernement fédéral. « C'est toujours intéressant lorsque je rencontre ceux qui me critiquent », affirme le ministre qui poursuit : « alors je leur demande : comment auriez-vous fait autrement ? Et les plus sceptiques de me répondre : « en fait, rien » .»


Plainte contre les mesures de la BCE


Berlin n'est pas pour autant sorti d'affaire. Une nouvelle plainte contre la politique de rachat illimité des obligations souveraines de moins de 3 ans de maturité par la BCE a été déposée devant la Cour de Karlsruhe. Et de plus en plus de voix estiment que ces mesures sont inconstitutionnelles du point de vue allemand. C'est notamment le cas de Paul Kirchhof, ancien juge constitutionnel, qui l'écrit dans la FAS de demain. Du coup, ce même journal, publie la défense de la BCE par Jörg Asmussen, le représentant allemand au directoire de la BCE qui estime que les mesures annoncées sont « motivées par la politique monétaire et donc dans notre mandat. »


Importante conditionnalité


Ce même Jörg Asmussen a nouvelle fois tenté de faire accepter par le public allemand, qui était par exemple, très majoritairement opposé au MES, l'idée que ces mesures de la BCE ne sont pas du « financement monétaire de l'Etat », comme le prétend Jens Weidmann. Il a donc fortement insisté sur la conditionnalité des mesures annoncées. « Pour moi la conditionnalité est très contraignante, par ce que l'expérience a montré que nos mesures de politique monétaire menaçaient de devenir inefficaces lorsque les Etats membres pensaient qu'ils pouvaient abandonner leur hâte à réformer », a-t-il résumé.