Preuve que la crise arrive en Allemagne, le chômage partiel est de retour

Durcissement du conflit salarial chez Lufthansa, multiplications des mesures de chômage partiel dans l'industrie et hausse du chômage : la rentrée sociale s'annonce difficile en Allemagne.
Le logo du syndicat d'IG Metall (IGM) photographié devant le siège de l'organisation à Francfort. "Nous devons être prêts. Le chômage partiel est un instrument central dans cette perspective et doit être mis en mode crise. C'est au gouvernement d'agir", déclarait la semaine dernière le chef de file de IG Metall, au quotidien Die Welt. Copyright Reuters

Après celui de Francfort, c'est au tour des aéroports de Berlin et de Munich de rejoindre le mouvement de protestation : une bonne partie des avions de la Lufthansa étaient cloués sur les tarmacs des trois aéroports allemands ce mardi. Le conflit se durcit après l'échec des négociations salariales initiées au printemps. Parmi les revendications, le syndicat Ufo réclame une hausse des rémunérations de 5% sur 15 mois et rétroactive à partir du 1er janvier et s'oppose à l'embauche d'intérimaires en cabine. La compagnie aérienne, qui tient serrés les cordons de la bourse, conformément à son plan d'économies annoncé en début d'année, n'a concédé qu'une majoration salariale de 3,5%.

De nombreux secteurs industriels clés touchés

Mais le secteur aérien n'est pas le seul à connaître des turbulences. Outre les cures de minceur, notamment dans les secteurs bancaire et de l'énergie, les annonces de recours au chômage partiel (Kurzarbeit) se multiplient depuis cet été en Allemagne. Plus de 2.000 employés de l'aciériste ThyssenKrupp seront ainsi priés de rester ponctuellement chez eux d'ici à la fin de l'année sur plusieurs sites de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest), tout comme environ 500 employés de l'équipementier automobile Bosch Rexroth à Schweinfurt (centre), ou encore 600 salariés de la filiale allemande d'Alstom à Mannheim (sud-ouest) et Bexbach (ouest). Enfin, au tour d'Opel d'immobiliser ses chaînes de production : le constructeur automobile a annoncé fin août 20 jours de chômage partiel d'ici à fin 2012. Quelque 9.300 salariés sont concernés.

Le chômage partiel, qui prévoit l'indemnisation par l'Etat des salariés à hauteur de 60 à 65% du salaire net pendant une période allant jusqu'à six mois, permet aux industriels de faire face à la baisse de leurs carnets de commandes en réduisant la voilure.

Premiers trous d'air

Le vent tourne-t-il donc outre-Rhin? L'économie allemande connaît en tout cas ses premiers trous d'air, rattrapée par la crise de la zone euro. « La crise atteint l'Allemagne via la détérioration de la demande, qui se traduit par la baisse de ses exportations. Elle frappe en premier lieu l'industrie », analyse Simon Junker, de l'institut de recherche DIW.

L'institut économique a revu à la baisse sa prévision de croissance du pays de 0,3% à 0,2% au troisième trimestre. Mesure du pessimisme qui s'empare des industriels, l'indice de confiance des entrepreneurs allemands Ifo a enregistré son quatrième repli d'affilée en août et atteint son plus bas niveau depuis le printemps 2010.

Hausse du chômage en août

Le marché de l'emploi, qui semblait jusqu'ici imperméable à la crise européenne, montre également les premiers signes de faiblesse : le pays a enregistré une hausse de 9.000 chômeurs en août (données corrigées des variations saisonnières). « Le marasme conjoncturel atteint le marché allemand de l'emploi », conclut Frank-Jürgen Weise, à la tête de l'Agence fédérale pour l'emploi.

Simon Junker, de l'institut DIW, s'attend bien dans les prochains mois à une utilisation accrue des deux principaux outils de stabilisation du marché de l'emploi qui ont fait leur preuve en 2009, à savoir le compte épargne-temps et le chômage partiel. Mais dans une ampleur bien moindre : « 2009 est définitivement derrière nous », souligne-t-il.

Les acteurs économiques espèrent quant à eux d'ores et déjà le retour du chômage partiel dit « de crise ». Instauré au plus fort de la crise en 2009 et levé au printemps en raison de la bonne tenue de l'économie, ce dispositif prolongeait l'indemnisation du salarié à une période maximale de 2 ans.

Un dispositif qui peut se révéler coûteux pour l'Etat

Berthold Huber, le dirigeant du deuxième syndicat du pays IG Metall, a ainsi lancé un appel remarqué pour la réactivation du dispositif. Mais attention à une extension trop précoce et trop longue de ce dispositif anti-crise, qui peut s'avérer très coûteux pour l'Etat, avertit Simon Junker.

L'économiste recommande d'attendre plutôt la publication des prochaines données économiques pour le troisième trimestre. « Dans l'ensemble, la situation sur le marché de l'emploi reste on ne peut plus bonne », estime l'économiste, qui croit à une reprise de la demande dès début 2013.

Commentaires 2
à écrit le 05/09/2012 à 11:46
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Combien de Cassandre ont annoncé que le futur traité conduisait à la récession de l'ensemble de la zone Euro,...

à écrit le 04/09/2012 à 22:00
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y a un moment où la crise fait tache d'huile !!!

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