Blocages sur la supervision bancaire européenne

Par latribune.fr  |   |  454  mots
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A Nicosie, la Suède et l'Allemagne freinent la prise de décision concernant le projet d'union bancaire de la commission européenne. Paris et Madrid veulent, eux, presser le pas.

La Suède fait de la résistance contre le projet d?union bancaire de la commission européenne. Samedi à Nicosie, le ministre suédois des Finances, Anders Borg, est sorti de trois heures de discussions avec ses homologues européen en déclarant que ce projet était « totalement inacceptable. » Le projet de Bruxelles placerait les 6.000 établissements bancaires de la zone euro sous la supervision de la BCE.


Mécontentement des Dix


Hors zone euro, on voit cette nouvelle tâche de l?autorité de Francfort d?un bien mauvais ?il et pointe le problème juridique posé par l?articulation entre les 17 de la zone euro et les 10 membres de l?UE qui ne partagent pas l?euro comme monnaie. En effet, la BCE ne serait pas soumise, du fait de son indépendance garantie par les traités européens, aux décisions de l?Autorité bancaire européenne (EBA), institution fondée après la crise par l?UE, basée à Londres et dont les décisions doivent s?appliquer à l?ensemble de l?UE.


« Beaucoup d?efforts » pour « approcher d?un compromis »


Anders Borg redoute à la fois une dichotomie européenne et la nécessité pour la Suède de se conformer non plus aux règles de l?EBA, mais à celle de la BCE. « L?idée de nous soumettre à dans laquelle nous n?avons pas de droit de vote est complètement inacceptable », a souligné Anders Borg qui a prévenu que « s?approcher d?un compromis » demandera « beaucoup d?efforts » et que le calendrier proposée par la commission (mettre en place la supervision unique au 1er janvier 2013) est trop court.


L?Allemagne pas convaincue


D?autant que le projet fait aussi des mécontents en Allemagne. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, s?oppose à une supervision élargie à toutes les banques. Se faisant l?avocat des caisses d?épargne et des banques mutualistes de son pays, très opposés à cette supervision de la BCE, il a jugé que le projet d?une supervision unique qui s?appliquerait à chaque banque n?était « pas possible. »


Paris et Madrid poussent pour aller vite


A l?inverse, Paris et Madrid ont poussé pour faire accepter le projet. Le ministre espagnol de l?Economie, Luis de Guindos, a appelé à mettre en ?uvre la supervision unique « le plus rapidement possible. » Pierre Moscovici, le ministre français des Finances, a lui aussi prié ses collègues de « ne pas perdre de temps ». Avec cette « union bancaire », les Européens entendent permettre au Mécanisme européen de stabilité (MES) de prêter directement aux banques sans passer par les Etats. Un mécanisme que voudrait appliquer l?Espagne au plus vite.