Scandale du Libor : la commission britannique sur les normes bancaires démarre ses entretiens

Entendu comme expert, le futur patron de la Lloyds, David Walker, sera le premier témoin de la commission créée par le gouvernement pour répondre au scandale du Libor.
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La Commission parlementaire britannique sur les normes bancaires entame ses entretiens ce mercredi à 10h30, heure de Paris. Mise en place par le gouvernement, elle vise à étudier les pratiques et la culture du secteur bancaire suite au scandale du Libor. Elle devra rendre un rapport avant le 18 décembre sur la question mais aussi établir « les leçons à apprendre sur la gouvernance d'entreprise, la transparence et les conflits d'intérêts, et leurs implications sur la régulation et sur la politique gouvernementale ». Les textes officiels précisent que ses invités devront notamment répondre sur les conséquences de ces pratiques pour le consommateur, leur influence sur la confiance publique, et surtout définir « la cause majeure des problèmes bancaires » et « les faiblesses du secteur ».

La composition des conseils d'administration en ligne de mire

Le premier témoin appelé au sein du Parlement n'est autre que David Walker, le futur président de Barclays. La commission précise qu'il n'apparaîtra pas à ce titre mais en tant qu'expert. En novembre 2009, il a en effet publié un rapport de 184 pages sur « la gouvernance dans les banques britanniques et les autres entités de l'industrie financière », après en avoir été instruit neuf mois plus tôt par le Premier Ministre David Cameron. Il y avait pointé du doigt la composition des conseils d'administration, dont les membres sont peu ou pas formés aux affaires financières et pas assez disponibles, ce qui aboutit à une non remise en question des décisions de la direction exécutive et à leur manque d'implication dans la question du risque. Il conseillait d'ailleurs la mise en place d'un comité d'administration spécialisé sur la question du risque pour compenser ces manquements. Enfin, troisième angle majeur, la rémunération des cadres dirigeants, dévoilée au public, devait être alignée « sur la stratégie et les appétits de risque à moyen et long terme de l'entité ».

Une rémunération de 950.000 euros par an

Malgré cette critique du secteur, David Walker, 72 ans, reste fondamentalement un membre très intégré du monde financier anglo-saxon. Entré il y a cinquante et un ans au ministère du trésor, il a occupé des postes d'envergure à la Lloyds, Morgan Stanley, mais aussi à la Banque d'Angleterre, dont il a été directeur de 1981 à 1993, avant d'être appelé en 2007 par l'industrie du Private Equity pour l'aider à établir ses lignes directrices en matière de transparence et de divulgation. Sa nomination à la présidence de Barclays, qui sera effective le 1er novembre, fait douter de la valeur de son intervention : il cherchera probablement à y rétablir la réputation de son employeur, qui le rémunérera £750.000 (950.000 euros) par an.

Quel positionnement éthique pour cette commission ?

Le positionnement éthique de cette commission est d'autant plus questionnant que deux des membres les plus critiques du Comité parlementaire des finances, le conservateur Andrea Leadsom et le travailliste John Mann, n'ont pas été appelés à y participer. « L'enquête n'aboutira qu'à une totale disculpation du secteur avec Andrew Tyrie (le parlementaire conservateur nommé à la tête de la commission, Ndlr) arrivant à ses conclusions avant les rencontres, » s'est énervé ce dernier, qui a qualifié l'opération de « grosse blague ». L'opposition avait auparavant réclamé la nomination d'une commission indépendante, comme pour l'enquête sur les pratiques dans les médias suite au scandale des écoutes téléphoniques illégales du groupe Murdoch, une proposition rejetée par le Premier Ministre David Cameron.

Plus largement, de nombreuses remontrances se sont élevées ces dernières semaines sur l'une des motivations présumées de cette enquête : obtenir la fin des comptes courants gratuits au Royaume-Uni. David Walker a en effet déjà expliqué son accord « de principe » à la mise en place de frais fixes pour leurs détenteurs. D'après lui, les fraudes réalisées par les banques n'étaient que l'une des « conséquences de da gratuité des comptes courants ». Andrew Tyrie est également réputé pour être un fervent opposant à la gratuité qu'il a auparavant décrite comme « un mythe ». Lord Turner, le président de l'autorité des marchés financiers, est tout aussi remonté contre ce principe de gratuité, l'accusant de « ne pas être une base saine pour une relation de long terme entre un système bancaire compétitif et ses clients ». Des clients qui doivent probablement s'étrangler au regard de la différence entre les taux de rémunération des comptes sur livret (aux alentours de 0,10% bruts !) et les taux de crédits demandés par leurs banques...

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Commentaire 1
à écrit le 12/09/2012 à 7:11
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Une commission pour enterrer peut être? Acte 1 : la diversion

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