Démission surprise de la présidente de choc de la région de Madrid

Par Gaëlle Lucas, à Madrid  |   |  453  mots
Esperanza Aguirre, la présidente de la région de Madrid, élue sans interruption depuis 2003 semblait indéboulonnable. /Copyright Reuters
La charismatique femme politique a appliqué les recettes libérales à la région espagnole pendant neuf ans et faisait figure d'électron libre au sein du Parti Populaire.

La présidente de la région de Madrid, Esperanza Aguirre, a annoncé en début d'après-midi sa démission du poste qu'elle occupait depuis 2003. A soixante ans, connu pour son franc-parler et ses saillies souvent teintées de démagogie, cette figure incontournable du Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy abandonne ainsi la tête de la deuxième région la plus riche d'Espagne, après trente ans de carrière politique : de conseillère municipale à Madrid (1983-1996), elle était devenue ministre de l'Education sous Aznar (1996-1999), puis avait été la première femme à présider le Sénat (1999-2002) et à être élue présidente de région en 2003, grâce à deux transfuges socialistes. Réélue en 2007 et 2011, elle semblait indéboulonnable.

Bouleversement politique

Sa démission pour « raisons personnelles » provoque un bouleversement politique. Au niveau régional, le vice-président, Ignacio González, assurera la gestion des affaires courantes avant d'être probablement investi président par le Parlement régional. « Les Madrilènes ne verront pas la différence », a affirmé Esperanza Aguirre. En neuf ans, elle a marqué de son empreinte la trajectoire de la région : libérale jusqu'au bout des ongles, elle a favorisé l'essor de l'éducation privée ainsi que la mise en place d'hôpitaux sous contrat, développé le réseau du métro, et aidé à ce que la région, premier pôle espagnol d'attraction de capitaux étrangers, apparaisse comme « business friendly ».

 A l'échelle nationale, cette démission fait disparaître de la scène politique l'un des principaux opposants à Mariano Rajoy au sein du PP. Après les échecs de ce dernier aux législatives de 2004 et 2008 face au socialiste Zapatero, Esperanza Aguirre était apparue un temps comme une alternative solide face à un Rajoy mal à l'aise dans son rôle de leader de l'opposition. Depuis l'élection de ce dernier, elle s'était faite plus discrète, mais sa liberté de ton et son indépendance ont dérangé plus d'une fois le premier ministre. Il en va ainsi de ses appels répétés à réviser le modèle étatique autonomique (entre centralisme et fédéralisme).

Politique d'austérité

La dernière étape d'Aguirre à la tête de Madrid aura été marquée par l'austérité : si la région est l'une des plus assainies financièrement (son ratio dette/PIB de 9,1% est le plus bas d'Espagne) son déficit public en 2011, de 2,2%, dépassait largement la limite autorisée de 1,5% du PIB. Dans ce contexte, les dernières mesures prises ont dressé de nombreux secteurs contre son gouvernement : hausse importante des tarifs universitaires, création de 45 nouvelles taxes, baisse des salaires des fonctionnaires, etc.