La BCE ne touche pas à ses taux et attend Rajoy pour agir

Par Sophie Rolland  |   |  695  mots
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Sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) a laissé son principal taux directeur inchangé, à 0,75% ce jeudi. Quant au dispositif d'intervention sur le marché obligataire, il ne pourra pas être activé tant que l'Espagne ne sollicitera pas l'aide de l'Europe.

A part confirmer ses propos du mois dernier, Mario Draghi, le président du Conseil des Gouverneurs de la BCE n'a pas dit grand chose aujourd'hui. Cela n'a rien d'étonnant. Tant que le gouvernement espagnol ne demandera pas à accéder au programme de soutien européen, le nouveau dispositif d'intervention sur le marché obligataire (OMT) ne pourra pas être activé.

Pas de baisse des taux ni maintenant, ni à court terme

En termes de politique monétaire dite "conventionnelle", le Conseil des Gouverneurs n'a même pas évoqué la possibilité d'une baisse de taux dans les prochains mois, a indiqué Mario Draghi, en réponse à une question posée pendant la conférence de presse. Et pour cause. Prié de dire si une baisse de taux était concevable en parallèle à la mise en ?uvre du programme de rachat d'obligations souveraines annoncé en septembre, Mario Draghi a indiqué que les "mesures de politique monétaire non conventionnelles [entraient] en jeu lorsque les mesures habituelles ne fonctionnent pas pleinement [...] Nous devons voir si nous pouvons remettre en état les canaux de transmission de la politique monétaire." Autrement dit, tant que le programme OMT n'aura pas porté ses fruits, la BCE ne voit pas l'intérêt de toucher à son taux "refi".

A l'issue de la réunion de son conseil des gouverneurs, la Banque centrale européenne (BCE) a laissé son principal taux directeur inchangé, à 0,75%. Depuis juillet, le taux "refi" stagne à son plus bas niveau historique.

Les bienfaits de l'OMT (virtuel)

Concernant le programme de rachat de dette (désigné par le sigle "opérations monétaires sur titres"), la réticence de l'Espagne à demander de l'aide prive certes la BCE de tout moyen d'action, mais sa simple annonce a "contribué à apaiser les tensions ces dernières semaines", a remarqué Mario Draghi. De quoi selon lui calmer les "craintes de matérialisation de scénarios catastrophes".

 

Morceaux choisis de l'intervention de Mario Draghi

- sur l'inflation

"Le taux d'inflation devrait rester au-dessus de 2 % en 2012, avant de retomber sous ce niveau dans le courant de l'année prochaine". Autrement dit, il resterait à un niveau compatible avec la notion de "stabilité des prix". La BCE a néanmoins noté que la dernière estimation flash de l'inflation à 2,7% était "plus élevée qu'attendu".
 

- sur la croissance

« La croissance économique en zone euro devrait rester faible, avec des tensions persistantes sur certains marchés financiers». «Un niveau élevé d'incertitude» pèse toujours sur «la confiance et le sentiment» des acteurs économiques.


- sur le programme OMT

«Notre décision concernant l'OMT [annoncée début septembre, ndlr] a aidé à soulager les tensions au cours des dernières semaines en réduisant les inquiétudes de voir des scénarios destructeurs se matérialiser.» Les gouvernements doivent continuer à réduire les « déséquilibres budgétaires et structurels et mettre en ?uvre la restructuration du secteur financier.»
«Nous agissons strictement dans le cadre de notre mandat de maintien de la stabilité des prix à moyen terme; nous déterminons notre politique monétaire de façon indépendante et l'euro est irréversible»
«Nous sommes prêts à déclencher l'OMT», dès que les conditions pré requises seront réunies. «Nous sortirions de l'OMT une fois ses objectifs atteints ou si le programme [lié à l'aide européenne, ndlr] n'était pas respecté.»

- sur les banques

«La solidité des bilans des banque» constitue un facteur clé pour la distribution du crédit à l'économie et «la normalisation des canaux de financement», donc pour la transmission de la politique monétaire. «Il est maintenant essentiel que les gouvernements continuent de mettre en ?uvre les mesures nécessaires pour réduire les déséquilibres tant budgétaires que structurels et appliquent des mesures de restructuration du secteur financier», a par ailleurs souligné Mario Draghi.

- sur la construction européenne

«La BCE salue la proposition de la Commission du 12 septembre 2012 d'un mécanisme de supervision unique [des banques, ndlr] impliquant la BCE». Pour la BCE, ce mécanisme est «un des piliers fondamentaux d'une union financière et une des étapes essentielles vers une véritable union économique et monétaire».