Réunion au sommet pour trouver une issue à la "guerre du fromage" entre la Norvège et l'UE

Par latribune.fr  |   |  534  mots
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La Norvège veut augmenter ses droits de douane sur les fromages. La perspective indigne l'UE. Une réunion de crise est prévue ce mercredi.

Ce mercredi, une réunion de crise va réunir les responsables norvégiens et européens de l?agro-alimentaire pour tenter de trouver une issue dans «la guerre du fromage» qui a éclaté le mois dernier entre le Royaume nordique et l?UE.

Hausse des droits en 2013

Lors de la présentation de son budget 2013, le gouvernement de coalition norvégien a en effet annoncé une augmentation considérable des droits de douane sur les fromages. Ces derniers se verront appliqués à partir du 1er janvier 2013 des droits équivalents à 277% de leur valeur, contre un droit forfaitaire de 27 couronnes (3,65 euros) actuellement en vigueur. Une hausse des droits sur la viande d?agneau et de b?uf est également prévue.

Vives réactions internationales

Ces mesures ont donné le tournis à Bruxelles, mais aussi dans les pays scandinaves limitrophes. Janos Herman, l?ambassadeur de l?UE en Norvège a prévenu qu?il s?agissait là d?un coup de canif dans le contrat de la zone économique européenne de 2000 qui lie entre autres l?UE à la Suisse, la Norvège et l?Islande et qui prévoit une baisse des droits de douane. Même le secrétariat de l?OMC s?est ému de la politique «extrémiste» de la Norvège en matière agro-alimentaire.

Au Danemark, le ministre de l?Agriculture a prévenu que cette décision allait «coûter cher à tout le monde» et en Suède, l?association des producteurs de lait Svensk Mjölk a prévenu que cela allait conduire «à réduire à néant les exportations de fromages» vers la Norvège. Or, le voisin scandinave est le premier client des producteurs de fromages suédois.

Calculs politiques

Le premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, s?est, cette semaine, défendu de tout protectionnisme excessif. «Les réactions sont basées sur des informations mensongères: nous augmentons la part des produits dédouanés, les fromages à pâtes molles sont exemptés des nouveaux droits, ainsi que de nombreux fromages à pâtes dures», a-t-il affirmé au quotidien Dagens Naeringsliv. Mais le gouvernement a dû céder aux pressions de son partenaire de coalition, le parti du centre, qui est aussi le parti du monde rural et qui s?alarme de la disparition des exploitations agricoles en Norvège. «Maintenir l?agriculture norvégienne a un coût en raison de la disposition physique du pays. Nous croyons que c?est notre droit d?avoir notre propre production alimentaire et la hausse des droits de douane nous le garantit dans le futur», a justifié dans le quotidien Aftenposten Trygve Vedum, le ministre norvégien de l?Agriculture, membre du parti centriste.

Reste une question: y aura-t-il une réponse de l'UE par une hausse des droits sur les produits norvégiens? Si les mesures de rétorsion ne touchent que les fromages norvégiens, elles ne seront guère porteuses. La pisciculture serait plus sensible. Mais l'UE ira-t-elle jusqu'à une guerre douanière avec la Norvège? D'autant que les distributeurs suédois basés à la frontières pourraient profiter du mouvement. Déjà, 5% des achats alimentaires des Norvégiens se font à l'étranger...