Compétitivité allemande : ne pas payer les heures supplémentaires, ça aide !

Par latribune.fr  |   |  455  mots
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Une étude relève l'ampleur des heures supplémentaires non payées en Allemagne: 38,1 heures par salarié et par an. La tendance progresse, quand celle des heures supplémentaires payées est à la baisse.

Selon une étude de l'institut économique IWH de Halle, en ex-RDA, 1,4 milliard d'heures supplémentaires n'ont pas été payées outre-Rhin en 2010, ce qui représente 2,9% de l'ensemble du volume d'heures travaillées en Allemagne. Chaque salarié allemand travaillerait ainsi 38,1 heures par an gratuitement. L'institut entend par heures supplémentaires non payées un temps de travail qui dépasse l'horaire prévu dans le contrat de travail ou l'accord de branche et qui n'est pas compensé par une rémunération ou un congé.

Plus que le nombre d'heures travaillées dans les machines outils

Le volume des heures supplémentaires non payé est, selon l'IWH, supérieur à celui des heures supplémentaires payées estimé, selon l'institut à 1,3 milliard d'heures. L'IWH estime que la part des heures supplémentaires non payées dans le volume total de travail est équivalente à celle des heures travaillées dans le secteur des machines-outils, un des fers de lance de l'économie allemande.

Les heures supplémentaires: de moins en moins payées, de plus en plus gratuites

L'IWH souligne que la part des heures supplémentaires non payées dans le volume complet de travail en Allemagne est en hausse constante depuis la réunification. En 1991, elles ne représentaient que 2,1% du volume total. Parallèlement, les heures supplémentaires payées qui représentaient 3,7% du volume de travail allemand en 1991 sont passées à 2,7% en 2010. Pour la première fois depuis la réunification, les heures supplémentaires «gratuites» pèsent donc plus lourd outre-Rhin que celles qui sont compensées.

Inégalités

Tout le monde n'est pas également traité face à ce phénomène. Il est trois fois moins répandu dans l'industrie que dans les services, plus fréquents chez les salariés sans qualification et chez ceux avec une forte qualification. Enfin, les hommes sont plus deux fois plus concernés que les femmes.

Distorsions du calcul de la compétitivité

Pour finir, l'IWH insiste sur les conséquences macroéconomiques de ce phénomène peu connu et généralement pas pris en compte par les économistes. Or, insiste l'auteur de cette étude: le refus de prendre en compte ce phénomène peut entraîner des «distorsions» dans les analyses «particulièrement en ce qui concerne l'analyse de la productivité du travail et des charges salariales dans la production». En effet, le recours à ces méthodes permet de faire baisser mécaniquement pour l'employeur le coût du travail et d'améliorer sa compétitivité coût sans que des différences notables apparaissent dans les statistiques. En caricaturant, on pourrait presque affirmer qu'une des clés du modèle allemand, c'est de ne pas payer les heures supplémentaires!