Hollande joue la carte du Parlement européen dans sa bataille budgétaire

Par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  432  mots
François Hollande a trouvé en l'Allemand Martin Schulz un allié face aux partisans d'une grande rigueur en Europe. Copyright Reuters
On entrera vendredi après-midi dans le dur de la négociation mais Paris a déjà récupéré quelques milliards d'aides agricoles.

Hollande-Schulz: c'est l'axe social-démocrate sur lequel s'appuie, au moins pour l'instant, le président de la République. Face au club des partisans du «dépenser moins, dépenser mieux», François Hollande cherchait à ne pas trop diminuer l'enveloppe du budget européen entre 2014 et 2020 par rapport à ce qui a été proposé jusqu'à présent. Il a trouvé un point d'appui en la personne de Martin Schulz, le président social-démocrate du Parlement européen. «S'il y a une proposition (dont le niveau se situe) en-dessous de la proposition van Rompuy (actuellement sur la table), il est peu probable que le Parlement l'approuve», a-t-il dit jeudi soir.

La première journée du sommet budgétaire qui s'est ouvert jeudi s'est passée en entretiens tous azimuts entre les chefs d'Etat et entre ces derniers et les présidents de la Commission, José Manuel Barroso, et du Conseil, Herman van Rompuy. On aurait pu s'attendre à ce que l'enveloppe globale proposée par ce dernier (975 milliards de plafond de dépenses sur 7 ans) se contracte encore d'une trentaine de milliards d'euros, comme l'aurait suggéré l'Allemagne. Elle n'en a perdu que 3, pour l'instant. Limiter cette érosion est une condition préalable pour amortir la baisse relative de la politique agricole commune et des aides aux régions.

En négociateur avisé, Herman van Rompuy a veillé à faire un pas dans la direction de chacun, écrêtant les «nouveaux» budgets destinés aux infrastructures et à la recherche pour amortir la réduction relative de la PAC et des aides aux régions. Cela a permis à François Hollande d'assurer : «j'ai été entendu», tout en s'avouant «pas encore satisfait». Paris demandait de remettre 25 milliards sur les crédits agricoles, elle en a obtenu 8.

Il est peu probable que le «grand deal» soit pour cette semaine, ne serait-ce que parce que David Cameron n'a guère intérêt à rentrer à Londres en ayant si tôt baissé la garde, lui qui demandait un gel des dépenses (dont on n'est au reste plus très loin). Mais d'indéniables progrès ont été fait vers un compromis. «Je crois que la méthode était la bonne», a expliqué le président français qui aura rencontré pendant la journée ses homologues allemand, espagnol, irlandais portugais et italien.

Ce vendredi commence la deuxième phase de la négociation, celle qui réunira les Vingt-Sept autour d'une même table. La phase «la plus dure», selon le président français , et la plus propice aux démonstrations de force et les postures martiales.