Italie : pourquoi Mario Monti a jeté l'éponge

Par latribune.fr  |   |  917  mots
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Le chef du gouvernement italien Mario Monti a affirmé dimanche qu'il ne serait pas candidat aux élections législatives de février, mais s'est déclaré prêt à diriger le pays si le Parlement le réclamait.

En fin stratège, Mario Monti n'ira pas au combat qu'il savait perdu d'avance. Il a préféré jouer sur le désir des élites Italiennes à faire appel à ses compétences. Le chef du gouvernement italien Mario Monti a affirmé dimanche qu'il ne serait pas candidat aux élections législatives de février, mais s'est déclaré prêt à diriger le pays si le Parlement le réclamait. "Aux forces qui manifesteront une adhésion convaincue et crédible au programme Monti, je suis prêt à donner mon opinion, mes encouragements, et si on me le demande, à les diriger. Je suis prêt à assumer un jour, si les circonstances le veulent, les responsabilités qui me seraient confiées par le Parlement", a déclaré Marion Monti lors d'une conférence de presse.

Les raisons de sa non-candidature

Mario Monti a dévoilé quelques points de son programme : une nouvelle loi anti-corruption, un programme de libéralisations, une réforme de la loi électorale... S'agissait-il d'un programme pour un gouvernement Monti-bis? Non, l'ex-commissaire européen n'a pas voulu aller dans cette direction, présentant son programme comme "une contribution au débat". Pourtant Mario Monti fait l'objet de fortes pressions des partenaires européens de Rome, mais aussi en interne des centristes, des milieux d'affaires et de l'Eglise catholique pour se lancer dans la bataille des législatives.

Mais plusieurs raisons l'ont incité à la prudence. Etre candidat l'aurait placé en rival direct avec Pier Luigi Bersani, candidat de la gauche aux législatives et considéré comme favori. Autre danger : l'affrontement avec son redoutable prédécesseur Silvio Berlusconi, qui s'est lancé à corps perdu depuis début décembre dans sa sixième campagne en 18 ans. "Il n'y a rien à sauver du gouvernement Monti", a lancé samedi le Cavaliere, poursuivant ses diatribes anti-impôts et anti-euro. En parallèle, son parti PDL a prié le président Giorgio Napolitano de garantir la "neutralité" de Mario Monti pendant la campagne.

Enfin, les sondages n'étaient guère encourageants pour Mario Monti. Selon l'institut SWG, le président du Conseil ne ferait gagner que 6 points à la mouvance centriste, qui, avec 15,4 %, pourrait même être surclassée par le PDL de Berlusconi et ne pèserait pas très lourd dans la formation du prochain gouvernement. Le même sondage montre que les Italiens sont à 60 % opposés à une candidature politique de Mario Monti. Ce dernier pourrait préférer une position neutre, en "réserve de la République", comme Premier ministre de secours si aucune majorité claire ne se dégageait au parlement, ou succéder au président Napolitano, 87 ans, dont le mandat s'achève à la mi-mai. Autre option : le poste qui sera bientôt libéré par Jean-Claude Juncker à la tête de l'Eurogroupe, du sur-mesure pour l'ex-professeur d'économie.

Un programme pour changer l'Italie

Le chef du gouvernement italien Mario Monti a annoncé ce dimanche "un programme pour changer l'Italie, réformer l'Europe" et critiqué avec ironie son prédécesseur Silvio Berlusconi. Il a qualifié ce programme d'"agenda pour un engagement commun, première contribution à une discussion ouverte". Il a indiqué la publication prochaine sur internet "d'un programme pour changer l'Italie et réformer l'Europe". Pour lui l'essentiel est de "ne pas détruire les durs sacrifices que les Italiens ont dû consentir" au cours de l'année écoulée. Car, selon lui, "la crise financière a été vaincue", et ce "sans aides européennes, et sans aide du FMI" comme beaucoup nous le suggéraient fortement. "Les Italiens peuvent de nouveau garder la tête haute comme citoyens européens", a-t-il souligné après avoir rappelé "la situation périlleuse dans laquelle se trouvait le pays" lorsqu'il en a pris la tête en novembre 2011.

Monti critique Berlusconi

Parallèlement à la défense de son action durant ses 400 jours à la tête du pays, le "professeur" s'en est pris durement à Silvio Berlusconi, dont le parti Peuple de la Liberté (PDL) a causé la chute prématurée de son gouvernement en lui refusant la confiance. Il a exprimé son "désarroi" face aux déclarations contradictoires de ce dernier à son égard. "J'ai beaucoup de mal à suivre la linéarité de sa pensée", a-t-il dit. "Il y a un cadre de compréhension mentale qui m'échappe", a-t-il insisté, rappelant que son prédécesseur avait qualifié son bilan de désastre", alors qu'il lui réclamait quelques jours plus tôt de prendre la tête d'une coalition des modérés. S'en prenant à l'une des promesses phares de Silvio Berlusconi, supprimer l'IMU, taxe foncière très impopulaire rétablie par le gouvernement technique, Mario Monti a prévenu : "si l'on supprime l'IMU, elle reviendra doublée dans un an".

L'Europe mieux préparée

"Aujourd'hui, l'Europe est mieux préparée à affronter la crise par rapport à l'an dernier mais il ne suffit pas de taper du poing sur la table, il faut surtout de la fermeté dans les mesures à prendre. S'il y a juste la tape sur l'épaule, la réponse sera celle des petits sourires et du manque de considération", a-t-il ajouté dans une allusion claire au sourire ironique des dirigeants français et allemands Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à l'évocation du nom de Silvio Berlusconi. "Vous allez être inondés de graphiques avec une vision économique lointaine de la réalité pour vous démonter l'échec de ce gouvernement", a-t-il aussi ironisé.