Ces discours de rois sur la crise... qui font grincer des dents

Par Marina Torre  |   |  819  mots
En Espagne, Juan Carlos a opté cette année pour un discours debout devant son bureau - Copyright Reuters
En Espagne, l'appel à l'union nationale de Juan Carlos passe mal auprès de certains Catalans, tandis qu'en Belgique, la mise en garde contre la montée du populisme prononcée par Albert II provoque un tollé côté flamand. Les deux allocutions font référence à la crise économique.

Sapin de Noël pour l'un, drapeaux pour l'autre, arrière-plan sombre pour les deux... Pour leurs allocutions de fin d'année, ni Juan Carlos ni Albert II n'ont opté pour une franche originalité, contrairement à Elizabeth II que l'on pouvait voir en 3D. En revanche, le contenu de leur discours lui, a davantage retenu l'attention.

Juan Carlos: "Cicatriser les blessures ouvertes"

En appelant à l'unité dans "l'un des moments les plus difficiles de l'histoire récente de l'Espagne", Juan Carlos répliquait à demi-mot aux menaces de sécession en Catalogne brandies par Artur Mas, victorieux aux dernières élections et qui promet un référendum sur l'indépendance de sa région. Le roi a ainsi appelé les dirigeants du pays à mener des politiques "qui, loin de provoquer la confrontation, dans le respect de la diversité, intègre ce que nous avons en commun pour unir les forces et non les diviser". "Il est temps que nous regardions tous vers l'avenir et que nous fassions notre possible pour cicatriser les blessures ouvertes", a-t-il ajouté. Une nouvelle incursion dans l'arène politique espagnole après une lettre ouverte publiée en septembre dernier dans laquelle le roi mettait en garde contre "le défi que représenterait l'indépendance de la Catalogne". Aux piques lancées lors du discours de mardi, le président de la région a simplement répondu en affirmant qu'il n'avait pas eu le temps d'écouter ce discours. A gauche, certains représentants pointaient à cet égard le "manque de crédibilité" du chef de l'Etat espagnol concernant ces sujets. 

En revanche, les répliques étaient plus fournies à l'encontre du comportement du roi en pleine crise économique. Pourtant Juan Carlos n'a pas manqué de s'appesantir sur le sujet. "La grave crise économique que nous traversons depuis des années a atteint une intensité, une profondeur et une durée que personne n'imaginait", a par exemple souligné le souverain. Sa prise de parole intervenait dans un contexte tendu pour son image puisqu'il a subi le feu des critiques quelques mois auparavant à cause de ses parties de chasse au Botswana en pleines secousses sur le marché de la dette.

La vidéo du discours (en espagnol):

 

PP y PSOE creen que el rey acertó en su discurso; IU, UPyD y nacionalistas le critican

 

Albert II: "Montrons-nous lucides face aux discours populistes"

La crise était également bien présente dans les propos du roi des Belges. C'est d'ailleurs en comparant la crise que vit l'Europe depuis 2008 et celle de 1930 qu'Albert II a provoqué un tollé outre-Quiévrain.

Le passage le plus polémique est le suivant :  "En ces temps perturbés que nous vivons, soyons vigilants, et montrons-nous lucides face aux discours populistes. Ils s'efforcent toujours de trouver des boucs émissaires à la crise, qu'il s'agisse de l'étranger ou des habitants d'une autre partie de leur pays. Ces discours existent aujourd'hui dans de nombreux pays européens et aussi chez nous. La crise des années 1930 et les réactions populistes de cette époque ne doivent pas être oubliées. On a vu le mal que cela fit à nos démocraties".

Des parlementaires offusqués

Plusieurs commentateurs y ont vu une critique à l'encontre du parti séparatiste N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliantie, alliance néo-flamande) mené par Bart De Wever. Ce dernier a fait savoir qu'il ne se sentait pas "visé" par ce discours. Toutefois un autre membre de la N-VA, Ben Weyts a rétorqué en annonçant que le sujet serait évoqué lors des débats parlementaires. Pour lui, les socialistes au pouvoir sont en partie responsables de cette sortie. En effet, comme le veut l'usage, il appartient au gouvernement -actuellement dirigé par Elio Di Rupo- de relire le discours du roi avant que ce dernier ne le prononce. "Le Roi est sorti de son rôle. Il offense une grande partie des Flamands», a, de son côté, lancé le sénateur Huub Broers. Face à cette levée de boucliers, le cabinet du Premier ministre a réagi en arguant qu'Albert II n'avait cité aucun parti précisément.

 

 




 

 

Cette polémique éclate deux mois après des élections communales à l'issue desquelles la N-VA a réalisé une percée avec 38% des suffrages alors qu'il était pratiquement inexistant lors des élections précédentes en 2006.

300.000 euros de plus pour le Roi des Belges

Toutefois, la journée n'aura pas été si mauvaise pour le souverain belge. Le gouvernement fédéral lui a en effet accordé une réévaluation de 300.000 euros de son enveloppe pour 2013, ce qui porte à 11.5 millions d'euros le budget de la maison royale pour l'an prochain.

 -> Pas d'austérité pour le Roi des Belges

Quant à la reine britannique, son discours sur des Jeux Olympiques qui "forcent à l'humilité", n'a causé aucun remous particulier.