De Londres à Bucarest, le scandale de la viande de cheval secoue l'Europe

Par Marina Torre  |   |  730  mots
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En Europe, le scandale de la viande de cheval agite les capitales et les industriels européens. Pendant qu'à l'ouest du continent, les Etats s'inquiètent, à l'est, les industriels roumains tentent de se défendre.

Avant d'être quelque peu éclipsée par la démission du pape, "l'affaire" des lasagnes à la viande de cheval vendues par Findus faisait les gros titres ce lundi. Un peu partout en Europe, les autorités se sont emparées du sujet ce week-end pour réclamer des enquêtes. Alors qu'en France, une réunion de crise doit avoir lieu ce 11 février, l'affaire faisait l'objet de commentaires un peu partout sur le continent, et notamment en Roumanie, où certains abattoirs sont pointés du doigt. Tour d'Europe du dernier scandale alimentaire vu par la presse.

  • Londres: une viande de cheval dangereuse?

En Grande-Bretagne, où a démarré l'affaire désormais surnommée "horsemeatgate" ( "viande-de-cheval-gate"), le ministre britannique de l'Environnement, Owen Paterson, chargé des questions alimentaires, a déclaré ce lundi à la BBC que ce scandale semblait relever d'une "conspiration criminelle" étendue. Il soulignait qu'aucun danger pour le consommateur n'avait été jusqu'alors constaté. Il ajoutait sur la radio LBC 97.3 que "des substances pourraient s'avérer dangereuses pour la santé humaine". L'organisme chargé de la sécurité des aliments doit effectuer des contrôles.

  • Irlande: un "signal d'alarme"?

En Irlande, où de la viande de cheval avait été retrouvée fin janvier dans des sandwiches préparés par la chaîne de restauration rapide Burger King, le scandale Findus fait également parler de lui. Dans un éditorial, le quotidien Irish estime que l'affaire devrait servir de signal d'alarme pour les producteurs. Il rappelle également les craintes suscitées chez les consommateurs par la crise de la Vache Folle à la fin des années 1990.

  • Les industriels roumains se défendent

Au c?ur de la tempête médiatique, Bucarest  tente se défendre son industrie agro-alimentaire. Le président du pays lui-même est monté au créneau pendant le week-end. "Si nous sommes fautifs, nous perdons notre crédibilité pour un bon moment", a ainsi déclaré Traian Basescu lors d'une conférence de presse. "Je veux croire et j'espère que cela ne sera pas le cas. Je sais que les institutions de l'Etat ont ouvert une enquête et j'espère qu'il ne s'agit pas d'un faux étiquetage du côté roumain", a-t-il ajouté. Le Premier ministre Victor Ponta est allé plus loin lors d'une autre conférence de presse ce lundi, affirmant qu'"aucune irrégularité n'a été commise par une société roumaine ou sur le territoire roumain". "La Roumanie ne peut pas accepter le statut de suspect de service", a fait valoir le chef du gouvernement roumain.

La presse se faisait l'écho des récriminations des industrielles. Le quotidien Evenimentul Zilei citait notamment Sorin Minea, le président de l'association Romalimenta, qui regroupe les patrons roumains de l'alimentaire. Selon lui, "l'importateur français doit présenter des documents [indiquant le type de viande achetée et sa provenance]. S'il n'en a pas, cela pourrait indiquer qu'il l'a achetée sur le marché noir ou qu'il veut cacher quelque chose".

De son côté, Gandul ("La Pensée"), allait davantage dans les détails avec une liste des 35 abattoirs roumains agréés pour l'abattage des chevaux. Claudiu Frânc, le président de la Fédération des éleveurs de bovins en Roumanie (FCBR), affirme dans les colonnes du journal que "la différence entre les deux sortes de viande [b?uf et cheval] est visible" et que l'erreur d'étiquetage ne peut donc provenir des industriels roumains. Mais, comme "la viande de cheval étant moins chère que celle du b?uf", des intermédiaires auraient intérêt à apposer sciemment de fausses étiquettes.

  • La Pologne veut enquêter en Irlande

Les autorités sanitaires polonaises ont, elles aussi, commandés une enquête, qui porte notamment sur des produits vendus en Irlande aux compagnies Tesco et Burger King.

  • La Suède s'inquiète pour ses cantines

Enfin, en Suède, où se trouve le siège de la société Findus, qui a commercialisé les lasagnes incriminées, l'inquiétude portait ce lundi sur les cantines scolaires où ces lasagnes ont pu être servies. Le quotidien Aftonbladet, évoquait notamment cette question. Une réunion de crise doit également se tenir avec les autorités sanitaires du pays. Quant au groupe industriel Findus, il a de son côté indiqué qu'il porterait plainte contre son fournisseur de viande français, Comigel.