Pour certains responsables allemands, les réformes en France ne vont pas assez vite

Par Adeline Raynal  |   |  420  mots
Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann. Copyright Bloomberg
Le président de la Bundesbank, la Banque centrale allemande, regrette "qu'en France, les réformes semblent marquer le pas" et le commissaire européen allemand à l'Energie, le conservateur Günter Oettinger, déplore un "marché du travail (qui) n'est pas suffisamment flexible".

À croire que donner des leçons à la France est devenu un sport national pour certains allemands ! Nos voisins d'outre-Rhin ne se privent pas, une nouvelle fois, de manifester leurs inquiétudes quant à la situation économique de notre pays et sa gestion par l'exécutif. Après un éditorial au vitriol dans le quotidien allemand Die Welt en novembre, et la prévision du président de l'Institut économique munichois Ifo d'"un marasme d'une décennie" en France le mois suivant, les critiquent proviennent cette fois du président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, et du Commissaire européen à l'Energie, Günter Oettinger.

Un rythme des réformes trop lent

"En France, le cours des réformes semble marquer le pas", déplorait mardi Jens Weidmann - aussi membre du conseil des gouvernements de la Banque centrale européenne (BCE) - à l'occasion de la présentation du rapport annuel de la Bundesbank. L'institution allemande juge que la crise de la zone euro n'est pas terminée, et que les gouvernements des différents Etats doivent s'attaquer à la racine du problème en mettant en ?uvre des réformes structurelles. D'où l'appréciation sur le rythme de celles-ci en France.

Les Français accusés de ne pas travailler suffisamment

De son côté, Günter Oettinger - membre de la CDU (conservateur) d'Angela Merkel - cible ses remontrances sur le cadre du marché du travail au pays des 35 heures. "Le marché du travail n'est pas suffisamment flexible, la durée du temps de travail en semaine et dans une vie n'est plus suffisamment élevée, et la France doit investir davantage dans la recherche et l'innovation", fait-il valoir dans un entretien paru mercredi dans le journal régional allemand Straubinger Tagblatt. Il juge en outre que l'industrie française a décliné ces dernières années. "Nous misons sur le fait que la France reconnaisse la nécessité des réformes et agisse", poursuit-il.

De façon plus générale, du point de vue de l'Allemagne, le relatif manque de compétitivité de la France est jugée problématique, et les responsables politiques ne sont pas les seuls à s'en préoccuper. Les milieux économiques allemands aussi se montrent particulièrement préoccupés. "Les milieux financiers sont clairement inquiets aujourd'hui. Quand nous discutons avec les investisseurs, la question de la France revient systématiquement sur le tapis et suscite de fortes interrogations", témoignait d'ailleurs un analyste de chez Commerzbank à La Tribune en novembre dernier.