"L'Europe ne se retrouvera pas confrontée à une décennie perdue" (Jörg Asmussen)

Par latribune.fr  |   |  593  mots
Jörg Asmussen, de la BCE, n'exclut pas un taux de dépôt négatif pour encourager les banques à prêter et ainsi éviter tout risque déflationniste. (Photo : Reuters)
La zone euro est sur la voie de la reprise et ne connaîtra pas de période de déflation comme le Japon, selon Jörg Asmussen, de la BCE. En cas de risque, il est prêt à mettre en place un taux de dépôt négatif pour encourager le crédit, et se dit confiant sur la remise en État des banques de la zone monétaire unique.

De nombreux observateurs s'interrogent, pas Jörg Asmussen, qui est membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE). La zone euro ne risque pas une "décennie perdue" comme celle qu'a connue le Japon empêtré dans la déflation dans les années 1990 et ses réformes en cours contribueront à renforcer la reprise qui est déjà amorcée, a-t-il assuré jeudi.

"Des doutes persistent sur où cette route nous mène"

Au contraire, les Dix-Sept mettent à profit cette décennie pour "régler les problèmes à la racine", a-t-il dit devant le Conseil des relations étrangères à New York en appelant de ses voeux une union bancaire forte et une intégration politique plus étroite.

"Les dernières données économiques suggèrent que la zone euro avance progressivement sur la voie de la reprise - mais des doutes persistent quant à savoir où cette route nous mène", a déclaré le social-démocrate allemand.

"Certains commentateurs pensent que la route sera si longue et difficile que l'Europe se retrouvera confrontée à une 'décennie perdue', comme celle dont le Japon a fait l'expérience dans les années 1990. Cela n'est pas mon opinion.," a-t-il ajouté.

Taux négatif pour décourager les banques de faire dormir leur argent ?

La politique monétaire n'a pas pour objet de régler les problèmes structurels, a-t-il noté par ailleurs, encore que "le maintien de la stabilité des prix pendant une période d'ajustement est essentiel." C'est pourquoi le 7 novembre, la BCE a réduit son taux d'intérêt directeur à un plus bas record et n'a pas exclu de l'abaisser encore si la reprise venait à s'enrayer.

Jörg Asmussen a réitéré que l'institution avait à sa disposition une palette de mesures conventionnelles et non conventionnelles pour maintenir la stabilité des prix, y compris le recours à un taux des dépôts négatif pour décourager les banques de laisser dormir leur argent dans les coffres de la banque centrale et les inciter au contraire à accorder des crédits. "Je serais très prudent pour l'utiliser mais cela ne peut être exclu", a-t-il toutefois noté.

La croissance va revenir, selon Asmussen

Le redressement de la zone euro n'est que progressif et le chômage y reste "inacceptablement élevé" mais la croissance devrait profiter l'an prochain de la hausse des exportations et d'un renforcement de la demande intérieure, a encore prédit le banquier central allemand.

Pour ce qui est de la croissance, il est en ligne avec la Commission européenne qui prévoit une expansion du PIB de 1,1% pour la zone en 2014.

Trois niveaux de protection pour les banques en difficulté

Jörg Asmussen a également évoqué les tests de résistance auxquels seront soumis l'an prochain les principaux établissements bancaires européens avant que la BCE n'en assume la supervision directe.

Il est crucial pour la crédibilité du dispositif que les autorités nationales sachent au préalable ce qu'elles feront pour remédier à d'éventuelles insuffisances, a-t-il fait valoir. "Si vous n'en avez aucune idée, les marchés financiers ne vous feront pas confiance", a-t-il averti. "Ils penseront que vous avez orienté le résultat de manière à vous en sortir."

Pour Jörg Asmussen, les actionnaires des banques, les Etats nationaux puis le Mécanisme européen de stabilité constitueront les trois niveaux de protection pour les banques en difficulté.

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