Zone euro : la crise est finie ? (2/4) : l'Irlande

Par Tristan de Bourbon, à Londres  |   |  387  mots
Pour sortir de la récession, la politique du Premier ministre irlandais, Enda Kenny, a consisté à réduire les dépenses publiques tout en augmentant les impôts. / DR
L’Irlande se relève. Après plus de quatre années de crise, Dublin a annoncé qu'elle ne demandera pas la prolongation de son programme d’aide auprès des institutions internationales. Le pays avait reçu un prêt de 85 milliards d’euros en 2010.

Même si le pays a prévu de ne pas pouvoir rembourser cette dette avant 2042, l'optimisme semble enfin de retour : l'économie nationale a enregistré une croissance du produit intérieur brut de 0,4% au second trimestre, après trois trimestres de contraction consécutifs, et une croissance de 2,7% est attendue pour 2014.

Pour y arriver, le gouvernement du Premier ministre Enda Kenny a tout d'abord réduit les dépenses publiques. Il a visé avant tout les fonctionnaires (licenciement de 12% d'entre eux entre 2008 et 2015, baisse de leurs salaires et conditions de retraite moins favorables pour les nouveaux embauchés) et les prestations sociales (réduction de quasiment un tiers de l'allocation de recherche d'emploi, baisse ou disparition de nombreuses aides aux retraités, fermeture de crèches, etc.). Il a ensuite augmenté les impôts indirects, au premier rang desquels la TVA et les taxes sur les alcools et les cigarettes.

Une plus grand ouverture pour les investisseurs internationaux

Cette politique ayant coupé tout souffle à la consommation intérieure, il a dû accentuer l'ouverture vis-à-vis des investisseurs internationaux.

Le taux d'imposition des entreprises basées sur son sol s'élève actuellement à 12,5%, ce qui en fait l'un des plus faibles d'Europe. Les lois du travail se sont durcies vis-à-vis des employés : des critères plus restrictifs ont par exemple été mis en place pour l'attribution des congés maladie et la perception d'indemnités de licenciement.

Le coût du travail redevenu compétitif, les investissements ont repris. Facebook, Google, Intel et Microsoft ont ainsi installé ou maintenu leur base européenne en Irlande.

Parallèlement, 62% des membres de l'Association des exportateurs irlandais ont annoncé avoir augmenté leurs ventes en 2013.

« De nombreuses sociétés ont appris de la récession qu'elles se reposaient trop sur l'économie nationale », explique Colin Lawlor, le président. « Elles ont donc cherché de nouveaux marchés à l'étranger et ont ainsi réduit leur vulnérabilité. »

Cet opportunisme et cette adaptabilité, véritables bouées de sauvetage de l'économie irlandaise, se transformeront en atouts majeurs lorsque la demande intérieure reprendra. Ce qui ne prendra pas forcément cinq nouvelles années.

 

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