Allemagne : tirée par la consommation, la croissance a été de 0,4 % en 2013

Par Romaric Godin  |   |  577  mots
En 2012, la croissance avait été de 0,7 % en Allemagne
Selon les premières estimations de Destatis, le PIB allemand a cru de 0;4 % l'an dernier. Son plus faible niveau depuis 2009.

L'Allemagne a connu l'an dernier une croissance très faible de 0,4 %. C'est ce qu'a annoncé ce matin Destatis, l'office fédéral des statistiques, qui communiquait ce mercredi matin ses premières estimations pour le PIB 2013. Si l'on exclut la forte récession de 2009 (-5,9 %), c'est le plus faible taux de croissance du pays depuis 2003. En 2012, la croissance allemande avait atteint 0,7 %.

Poids de la récession en Europe

C'est aussi un chiffre assez globalement inférieur à ce qu'attendaient les économistes et la Commission européenne qui tablaient plutôt sur une croissance de 0,5 %. Néanmoins, ce chiffre de 0,4 % est uniquement un chiffre corrigé des variations de prix. Corrigés des variations de calendrier, la croissance allemande en 2013 est bien de 0,5 %. « Il est clair que l'économie allemande a été pénalisée par la récession dans quelques pays européens et par une croissance économique mondiale réduite », a estimé Roderich Egeler, le président de Destatis.

Conséquence de cette faible croissance : les comptes publics allemands repassent très légèrement dans le rouge avec un déficit de 0,1 % du PIB contre une excédent de 0,1 % du PIB en 2012.

Des raisons de se réjouir

Malgré ce chiffre assez faible, l'économie allemande pourra sans doute se vanter d'une croissance supérieure à celle du reste de la zone euro. Elle a également, à la différence de 2009, pu échapper à une année de contraction du PIB, ce qui n'avait pas été le cas en 2002 et 2009. Elle a donc montré une bonne robustesse, d'autant que, comme le souligne Destatis « la situation s'est amélioré au cours de l'année 2013. »

La consommation des ménages, premier contributeur de la croissance

Un élément est cependant remarquable : comme en 2012, la croissance allemande a été portée l'an passée par la consommation. Selon Destatis, deux composantes du PIB seulement ont contribué positivement à la croissance en 2013 : la consommation de l'Etat (pour 0,2 point de PIB) et la consommation des ménages (pour 0,5 point). Les investissements ont ôté 0,1 point de PIB et le commerce extérieur a eu un effet négatif de 0,3 point. La variation des stocks a eu un effet neutre.

Le rééquilibrage de la croissance allemande se confirme donc. Désormais, l'effet de la bonne tenue du marché du travail sur la consommation des ménages est une réalité qui soutient l'économie allemande. L'Allemagne marche désormais principalement sur sa demande intérieure. Pour autant, il convient de rester prudent : ce rééquilibrage ne signifie pas que la demande allemande va pouvoir alimenter à l'avenir la croissance européenne comme en rêvent certains.

Un « rééquilibrage » qui ne tire personne

Car la croissance de la consommation en 2013 est restée faible dans l'absolu : + 0,9 %. C'est certes un peu plus qu'en 2012 (+0,8 %), mais c'est bien moins qu'en 2011 et 2010 (respectivement +2,3 % et +1 %). Globalement donc, il n'y a aucune raison que la demande allemande provenant des ménages soit en hausse. D'autant que l'Allemagne a poursuivi son processus de désinvestissement : l'investissement d'équipement des entreprises a baissé de 2,2 % en 2013, après un recul de 4 % en 2012. Le pays a donc logiquement réduit ses importations (-0,6 %). Autrement dit, la croissance allemande ne peut être qualifiée, en 2013, de « locomotive » de la zone euro, quand bien même elle serait la plus élevée de la zone euro, car elle ne tire personne. Ce « rééquilibrage » pourrait bien n'être que conjoncturel et lié au ralentissement du commerce mondial plus que structurel.