L'inflation faible persiste en zone euro

Les prix ont augmenté de 1,5 % en mars en zone euro sur un an, après une hausse de 2 % en février. Plus inquiétant : l'inflation sous-jacente s'affaiblit pour revenir à son niveau de mai 2016, traduisant la persistante faiblesse de la demande.
L'inflation s'est à nouveau affaiblie en mars.

L'inflation de la zone euro ne sera pas restée longtemps au niveau de l'objectif de moyen terme de la BCE. Après avoir atteint 2 % sur un an en février 2017, ce taux est ainsi redescendu brutalement à 1,5 % en mars, selon les données préliminaires d'Eurostat. Cet affaiblissement s'explique principalement par la réduction du rythme de hausse des deux éléments qui font véritablement bouger l'inflation de l'union monétaire : les aliments non transformés et le prix de l'énergie.

L'inflation sous-jacente s'affaiblit

Certes, ces deux données, qui pèsent pour 16 % environ ensemble de l'indice, impriment encore un rythme de hausse des prix notable sur un an : 3 % pour les aliments non transformés et 7,3 % pour l'énergie. Mais ce rythme s'explique principalement par un effet de base, autrement dit par le niveau très faible des prix de ces biens en mars 2016. Mais sur un mois, le rythme se réduit notablement de 2 points pour l'énergie et de 2,3 points pour les aliments non transformés.

Or, le reste de l'indice demeure frappé d'atonie. Pire même, loin de se transmettre aux autres biens et services, le renchérissement de l'énergie s'accompagne d'un affaiblissement notable du taux d'inflation sous-jacent, celui qui exclut les éléments « volatils » comme l'énergie, l'alimentation et le tabac. Ainsi, ce taux recule de 0,2 point en mars à 0,7 % sur un an contre 0,9 % enregistré entre décembre 2016 et février 2017. Il faut remonter à avril 2016 pour rencontrer un taux d'inflation sous-jacente aussi faible en zone euro.

Faiblesse de la demande

Dans le détail, on constate que si les prix industriels se stabilisent à son niveau très faible de 0,2 % de février (le plus faible depuis mai 2015), le prix des services s'affaiblit notablement à 1 % contre 1,3 % en février. C'est là aussi le plus faible niveau depuis mai 2016. Ces deux éléments reflètent avec éclat la faiblesse fondamentale de la demande en zone euro. Faute de dynamique salariale réelle, le renchérissement de l'énergie a entraîné une perte de pouvoir d'achat qui a conduit à un affaiblissement de la demande, notamment dans le domaine des ventes au détail. Les chiffres des ventes au détail en Allemagne en février, publiés par Destatis ce 31 mars, le prouvent : elles ont reculé sur un an de 2,1 %.

Il est donc absolument impossible pour les entreprises de transférer le renchérissement de l'énergie sur le consommateur, sauf à prendre le risque de voir la demande s'affaiblir davantage. Ce chiffre de l'inflation de mars montre donc que la tendance désinflationniste continue à être à l'œuvre en zone euro au-delà des évolutions parfois chaotiques du taux d'inflation global et de l'évolution du prix du pétrole. Il prouve aussi que compter sur un renchérissement de l'énergie pour sortir de cette désinflation est un leurre perdant qui peut déboucher sur une tendance désinflationniste renforcée, ce qui s'est produit en mars.

La BCE droit dans ses bottes, mais insuffisante

Rien ne justifie donc que la BCE ne baisse la garde. Sortir de la politique actuelle de soutien à l'activité conduirait à renforcer la tendance désinflationniste et à désinciter encore davantage les entreprises à investir. Avant la réunion du Conseil des gouverneurs du 27 avril, ce chiffre donne donc des arguments à Mario Draghi pour tenir le cap. Mais il montre aussi les limites de la politique de la BCE engagée depuis maintenant près de trois années. La seule politique monétaire n'a pas montré sa capacité à agir suffisant sur la demande en zone euro. Le chiffre de l'inflation sous-jacente en mars prouve que la politique consistant à laisser la gestion de l'inflation à la seule BCE est inefficace. La demande d'octobre 2016 de la Commission européenne de relancer l'activité par de la dépense publique à hauteur de 0,5 % du PIB semble plus que jamais d'actualité. Elle a cependant été rejetée par l'Eurogroupe, laissant la zone euro accumuler les excédents extérieurs et l'inflation faible. Une situation qui pourrait peser sur son avenir à moyen terme.

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Commentaires 10
à écrit le 02/04/2017 à 1:15
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Il est clair que la crise économique actuelle ne doit PAS exister. Mais ça devient de plus en plus dur, en gros... Une fois que les BC mondiales seront hyper-endettées, tu vas faire appel au fémi..?? Donnes ta solution. Donnes. Qu'on se marre. Notes,...

à écrit le 01/04/2017 à 18:02
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La hausse des prix de nombreux produits et services, même de première nécessité, est bien plus élevée que ce que les machins officiels disent.

à écrit le 31/03/2017 à 16:13
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La BCE c'est le probleme pas la solution,sa politique de taux bas et de QE et donc la distorsion des prix qu"elle induit faussent les prix et entrave gravement le pouvoir d"achat des bas salaires, of corse mais de la classe moyenne et moyenne superie...

à écrit le 31/03/2017 à 15:56
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les depenses de premiere nescessite ,l"immobilier fois 6 pour les prix,fois 3 pour les loyers depuis 1999(reference notaires pas insee)les gens compensent en restreignant les depenses annexes.En clair contrairement a ce qu'esperent les economistes d...

à écrit le 31/03/2017 à 15:18
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La zone Euro est structurellement une zone déflationniste. Le mécanisme général de cette déflation vient, d’une part, d’une part, des crises à l’intérieur de la zone qui viennent elles-mêmes des divergences économiques créées à l’intérieur de la z...

à écrit le 31/03/2017 à 14:30
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Depuis 1970 le prix de la baguette a été multiplié par 10, pas les salaires.

le 01/04/2017 à 17:59
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@fma44: quelle idée aussi de manger des baguettes ! Le prix du caviar et du champagne est resté stable :-)

à écrit le 31/03/2017 à 13:03
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La dette c'est une énorme escroquerie de l'oligarchie financière afin de vider les caisses de l'état pour les mettre dans des paradis fiscaux échappant ) toute redistribution via l’impôt. ET avec 30% de revenus supplémentaire par an pour les mill...

à écrit le 31/03/2017 à 11:55
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Le problème de la France, c'est qu'il faut 2 politiques contradictoires en même temps ! Il faudrait : 1- une politique de l'offre en France, car toute hausse de consommation se traduit par un déficit commercial accentué (déjà qu'il n'est pas brillan...

le 31/03/2017 à 14:57
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Vu le niveau de l'inflation qui varie dans les pays de l'UE, on doit se poser la question si la stimulation de l'inflation n'est pas une tâche des états-membres avec une inflation inférieure à la moyenne plutôt que de l'UE elle-même. Il ne faut pas s...

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