Crise des émergents : les banques européennes exposées à hauteur de 3.400 milliards de dollars

Par Romain Renier  |   |  581  mots
Les banques espagnoles ont des encours de crédits de 475 milliards de dollars dans les émergents, principalement en Amérique latine. (Photo : Reuters)
La crise des émergents pourrait peser sur les banques européennes, qui y sont particulièrement exposées au risque de crédit. En zone euro, les banques espagnoles sont les plus en danger.

Une crise prolongée des émergents pourrait avoir des conséquences directes pour les banques européennes. Celles-ci seraient en effet exposées à hauteur de 3.400 milliards de dollars (2.200 milliards d'euros) sur les marchés émergents, selon la Banque des règlements internationaux (BRI). C'est quatre fois plus que les banques américaines. Six banques sont particulièrement concernées, d'après les chiffres de la fin 2013 : BBVA, Erste Bank, HSBC, Santander , Standard Chartered et UniCredit, selon les analystes.

L'Espagne exposée à hauteur de 475 milliards de dollars

Les banques britanniques sont exposées à hauteur de 518 milliards de dollars à la région Asie-Pacifique, les banques espagnoles pour 475 milliards de dollars vis-à-vis de l'Amérique latine et les banques françaises et italiennes ont chacune une exposition de 200 milliards de dollars aux pays en développement de l'Europe.

Parmi les banques les plus exposées, La britannique Standard Chartered tire plus de 90% de ses résultats de l'Asie, de l'Afrique et du Moyen-Orient. L'espagnole BBVA est exposée à hauteur de 41 milliards d'euros au Mexique, qui a représenté en 2013 80% des profits du groupe bancaire, et a un encours de prêts de 52 milliards d'euros en Amérique du Sud. Elle est aussi exposée en Turquie.

La banque espagnole Santander a quant à elle fini l'année avec un encours de prêts de 132 milliards d'euros en Amérique latine, dont la moitié au Brésil, qui a représenté 23% des bénéfices du groupe en 2013, la contribution du reste de l'Amérique latine s'élevant à 24%.

Mauvais timing pour les banques de la zone euro

Un constat qui tombe mal, alors que les banques de la zone euro vont être soumises ce mois-ci à un bilan de santé ( une "revue de la qualité des actifs" ou AQR) qui se veut rigoureux, par le nouveau superviseur unique : la Banque centrale européenne (BCE). C'est le fameux "stress-test".

Cette épreuve a pour but de restaurer la confiance des investisseurs en établissant un panorama fidèle, publié en octobre, de l'état des banques européennes. Mais le résultat pourrait être tout autre si un tel panorama révélait des fragilités trop importantes. Les banques britanniques ne seront quant à elles pas soumises à ce test grandeur nature.

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Les faiblesses des émergents révélées

Les marchés émergents subissent actuellement une désaffection des investisseurs liée à une conjonction de plusieurs facteurs. Le dénouement progressif du programme de rachats d'actifs de la Fed a en effet agit comme une marée descendante révélant des écueils, plus particulièrement en Turquie, au Brésil, en Inde, en Afrique du Sud et en Indonésie. A cela s'ajoute une tendance de fond liée aux craintes du ralentissement de la croissance en Chine et dans l'ensemble des émergents.

Une crise des émergents peut frapper les banques de diverses manières : une chute des monnaies peut affecter les résultats ou le capital détenu dans les pays concernés, les pertes sur créances peuvent monter en raison d'une hausse des taux, les revenus tirés des marchés de capitaux ou de la banque privée peuvent diminuer. Le plus grand risque étant les défauts de paiement liés à une forte hausse des taux, comme ce fut le cas en Argentine à la fin des années 1990.

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