Dernier bal pour Ben Bernanke sur fond de risque pour les émergents

Ben Bernanke rendra sa dernière décision à la tête de la Fed ce mercredi. Il laisse à ses successeurs un économie sur la voie de la reprise, mais encore fragile. Surtout, la sortie progressive du Quantitative Easing met les émergents en grande difficulté.
Ben Bernanke laisse une économie américaine dans un meilleur état qu'elle ne l'était en 2008-2009. Mais les défis restent importants pour ses successeurs... et pour les pays émergents.

Peu de suspens avant l'issue de cette réunion de la Fed ce mercredi. La dernière décision de Ben Bernanke, le président de la banque centrale sur le départ, devrait être l'occasion d'entamer la deuxième phase de débouclage de son troisième plan d'assouplissement monétaire, le QE3.

Le pompier Ben Bernanke

Ainsi s'achèveront deux mandats à la tête de la puissante réserve fédérale, où il aura passé le plus clair de son temps à jouer le rôle de pompier de l'économie américaine,  après la chute de Lehman Brothers en 2008. Crise économique amplifiée par la bataille féroce au Congrès qui a vu les conservateurs américains aller jusqu'à provoquer la fermeture temporaire des administrations fédérales, le shutdown, en fin d'année 2013, pour forcer les démocrates à faire des économies.

Ses trois programmes d'assouplissement monétaire successifs ont permis dans ce double contexte de crise économique et politique d'éviter l'embrasement le temps que l'économie ne se remette. Depuis plusieurs mois, la machine économique américaine semble retrouver des couleurs, avec des chiffres de croissance impressionnants.

Encouragé par un chômage en baisse régulière, l'économiste keynésien a ainsi fait le choix, avec le comité de politique monétaire (FOMC) en décembre, d'enrayer la crue du bilan de la Fed et de couper court aux craintes d'apparition de bulles provoquées par l'afflux de liquidités sur le marché. Une nouvelle réduction de 10 milliards de dollars du programme d'achats mensuels devrait à nouveau être décidée, selon les analystes. Passant ainsi de 75 à 65 milliards de dollars de rachats d'actifs chaque mois.

>> sur le départ, Ben Bernanke dresse son bilan

Un duo keynésien pour prendre le relais

Il passera ensuite la main au tandem formé par les économistes, eux aussi keynésiens, Janet Yellen (présidente), et Stanley Fischer pour la seconder. Janet Yellen, économiste de renom et proche des démocrates, a fait ses armes à la Fed, dont elle a présidé la filiale de San Francisco à partir de 2004 avant d'être nommée vice-présidente au niveau fédéral. Son discours est habituellement légèrement plus accommodant que celui de Ben Bernanke.

Quant à Stanley Fischer, il était tout simplement le professeur d'économie de Ben Bernanke et de Mario Draghi lorsqu'ils étudiaient au MIT de Boston, pour ne citer qu'eux. Il a aussi la réputation, depuis son passage à la banque centrale d'Israël de 2005 à 2013, d'avoir permis au pays de traverser la crise sans encombre. Ce qui lui a valu d'être désigné comme l'un des dix meilleurs banquiers centraux au monde par Global Finance en 2012. Lui aussi keynésien, il est toutefois perçu comme moins accommodant que Janet Yellen.

La nomination de ce duo par Barack Obama se place donc sous le signe de la continuité pour une institution qui a pour mandat de jouer pleinement le soutien de l'économie. Cette équipe de choc ne sera pas de trop pour gérer la sortie du QE3.

Du pain sur la planche pour la relève

La Fed navigue en effet entre deux eaux ces derniers temps. La politique monétaire ultra accommodante fait planer le risque d'une bulle, alors que l'objectif de taux de chômage à 6,5% approche et que la croissance est bel est bien de retour. Ce qui devrait en soi justifier la réduction de ses rachats d'actifs.

En même temps, la solidité de la reprise américaine pose question chez certains analystes. En effet, le secteur des services, véritable pourvoyeur d'emplois, peine encore à croitre de manière satisfaisante et l'inflation est à un niveau très faible. Et si le taux de chômage est bas, le taux de participation, qui mesure les personnes occupant un emploi par rapport à la population active, atteint un plus bas record.

A cela s'ajoute une remontée des taux américains qui augmente l'attrait des investisseurs pour le dollar et qui provoque une désertion des marchés émergents. Les monnaies des plus fragiles, ceux qui présentent un déficit courant (Inde, Turquie, Indonésie, Argentine...), se trouvent ainsi fortement attaquées depuis quelques semaines, faisant craindre pour la reprise au niveau mondial. S'il a permis de limiter les effets de la crise pour les Etats-Unis, c'est donc un chantier à haut risque que laisse Ben Bernanke à ses successeurs.

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Commentaires 3
à écrit le 30/01/2014 à 11:11
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Quoiqu'ils fassent ces économistes n'ayant rien vu arriver de la crise, par la réduction de revenu réduction généralisée, c'est la déflation qui nous pend au nez. Alors hausse des taux sans emprunteurs? Hausse des PIB, de la production sans acheteurs...

à écrit le 29/01/2014 à 11:51
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Après le règne dévastateur de l'autosuffisant Greenspan, il a réussi à stabiliser la situation au prix d'acrobaties qu'il faut maintenant assumer pour revenir à un état pus stable, vaste programme ...

à écrit le 29/01/2014 à 10:50
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C'est bien joli de saluer une situation meilleure qu'au fond du trou en 2008/2009. Les causes demeurant du krach obtenu, faire le keynésien avec des salaires minimum aussi faméliques, va nécessiter la même acrobatie d'enchères, bulles, krachs. Qui pa...

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