Toujours pas de déflation en vue pour la BCE

Par latribune.fr  |   |  580  mots
A contre courant de tous les discours, la BCE maintient qu'elle ne voit pas de logique déflationniste à l'œuvre.
La banque centrale européenne et l'Eurogroupe affirment ne pas déceler de risque de déflation bien défini en zone euro. Ils mettent par contre en garde contre une période d'inflation basse prolongée.

"Nous ne percevons aucune perspective de déflation". C'est ce qu'a affirmé le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), Vitor Constancio, lors d'une conférence de presse lundi, à la suite d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe).

Alors même que le FMI et de nombreux dirigeants tirent la sonnette d'alarme face à la menace d'une spirale déflationniste en zone euro, la BCE semble bien seule au monde.

L'inflation coincée en "zone dangereuse"

Si la banque centrale n'identifie pas de risque de déflation bien défini, en dépit d'un net ralentissement de la hausse des prix, elle met en garde en revanche contre une période prolongée d'inflation faible qui pourrait être préjudiciable à l'économie.

L'inflation de la zone euro reste coincée dans une "zone dangereuse", estime la BCE, en deçà de 1% depuis octobre et elle a encore baissé en mars, à un niveau sans précédent depuis plus de quatre ans de 0,5% en rythme annuel.

L'évolution de l'inflation est "une préoccupation", a dit le vice-président de la BCE. "Cela semble indiquer que l'Europe et la zone euro peuvent se retrouver dans une période prolongée d'inflation basse et cela peut constituer un frein à la reprise".

La BCE tiendra jeudi sa traditionnelle réunion mensuelle de politique monétaire mais les économistes pensent qu'elle s'abstiendra pour le moment de toute initiative - classique ou moins conventionnelle - visant à relancer l'inflation.

Remontée de l'inflation dès avril ?

Le ministre de l'Economie italien Pier Carlo Padoan est en phase avec ce constat. "Il n'y a pas de risque de déflation évident et cela se fonde sur le fait que les anticipations d'inflation à moyen terme sont ancrées à des niveaux normaux autour de 2%, ce qui est l'objectif à moyen terme de la zone euro", a-t-il observé.

"Cela dit, les autorités suivent très attentivement l'évolution de la situation... Il y a une réunion du conseil de la banque centrale jeudi au cours de laquelle la situation sera à nouveau examinée", a-t-il ajouté.

Vitor Constancio, qui pense que la croissance s'est poursuivie en zone euro au premier trimestre de cette année, a ajouté que la reprise autoriserait une remontée de l'inflation et ce dès le mois d'avril.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn pense pour sa part qu'une période prolongée de basse inflation "affecterait négativement le processus de rééquilibrage de l'économie de la zone euro". Car selon lui, "d'un côté, cela augmenterait évidemment le revenu réel disponible, mais de l'autre cela ralentirait le rééquilibrage de la zone euro".

Le FMI tire la sonnette d'alarme

Le Fonds monétaire international appelle régulièrement la BCE à baisser encore ses taux directeurs ou à pratiquer une politique d'assouplissement quantitatif - sous la forme de rachats d'actifs - telle qu'elle se pratique aux Etats-Unis, au Japon ou en Grande-Bretagne.

>> Lire : la zone euro au bord du gouffre déflationniste

Comme Rehn, le FMI argue qu'avec une inflation faible, les pays très endettées de la zone euro ont beaucoup de mal à réduire leur endettement, à regagner de la compétitivité et à combattre efficacement le chômage. A qui l'avenir donnera-t-il raison ? Selon une majorité d'analystes, en tout cas, la BCE devrait laisser sa politique monétaire inchangée à l'issue de sa réunion mensuelle de jeudi.