L'Albanie reconnue officiellement candidate à l'Union européenne

Par Romaric Godin  |   |  681  mots
L'Albanie est désormais candidate officiellement à l'entrée dans l'UE
Le Conseil européen a accordé à Tirana le statut de candidat officiel, mais la route sera encore longue jusqu'à l'adhésion.

L'Albanie a obtenu le statut de pays candidat à l'Union européenne. Le Conseil européen des affaires générales en a ainsi décidé à Luxembourg ce mardi 24 juin, sur proposition de la Commission. Le Conseil des 26 et 27 juin devrait confirmer cette décision. Mais la route jusqu'à l'adhésion proprement dite est encore longue. Et dans un premier temps, Tirana devra encore progresser dans ses réformes administratives et judiciaires et dans le domaine de la lutte contre le crime organisé pour obtenir l'ouverture proprement dite des négociations d'adhésion à l'UE. L'ensemble du processus pourrait encore prendre une dizaine d'années.

Un effort sur la réforme administrative

L'Albanie est reconnue depuis 2000 comme une « candidate potentielle » à l'UE. En 2009, un accord de stabilisation et d'association, préalable à toute avancée future a été ratifié. En octobre dernier, la Commission avait déjà proposé, après la tenue dans le calme d'élections législatives reconnues sans fraudes en juin 2013, d'accorder au pays le statut de pays candidat. Mais le Conseil avait alors reporté en décembre, de six mois, sa décision, afin de constater davantage de progrès dans le domaine de la lutte contre la criminalité.

La réforme de l'institution judiciaire a été particulièrement saluée par l'UE. Mais il reste des efforts à faire : « L'Albanie doit se concentrer sur ses priorités, notamment la réforme administrative et judiciaire, la lutte contre la corruption et le crime organisé, ainsi que les droits fondamentaux », indique le Conseil.

Un statut précieux

Ce statut de pays candidat permettra à l'Albanie d'être invitée à la table des discussions de plusieurs institutions et réunions de l'UE. L'intégration européenne sera donc renforcée et c'est un signe qui est souvent apprécié des investisseurs. En revanche, les aides européennes que touchent déjà l'Albanie ne seront pas touchées par ce statut. Mais c'est une victoire pour le premier ministre pro-européen Edi Rama qui a fait de la lutte contre le crime et de la modernisation du pays ses priorités.

Politique de stabilisation

L'Albanie fut pendant plus de quarante ans un des plus fermés d'Europe. Après la chute du régime stalinien d'Enver Hoxha et de ses successeurs, le pays est demeuré en retrait, miné par la corruption, les luttes politiques parfois violentes et le crime organisé. Depuis dix ans, l'Albanie a entrepris avec le soutien du FMI et de la Banque mondiale une politique de stabilisation. La monnaie et l'inflation sont sous contrôle (2,7 % cette année attendus pour les prix par le FMI), les privatisations ont été avancées. Cette stabilisation a soutenu la croissance et les revenus. Le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat selon la banque mondiale est passé de 2621 dollars par habitants en 2005 à 4000 dollars en 2012. Ce niveau demeure faible, pourtant. S'il est supérieur à l'Ukraine (3700 dollars par habitants), il est encore loin de celui de la Bulgarie, le pays le plus pauvre de l'UE (6900 dollars par habitant). Et cette stratégie a été mise à mal par la crise de 2008-2009ourd'hui, la croissance reste assez faible (2,4 % attendu cette année) et, selon la banque mondiale, le PIB par habitant n'avait pas retrouvé en 2012 le niveau de 2008.

Cinq candidats en tout

Avec ce statut de pays candidat, l'Albanie rejoint la Macédoine, reconnue candidate en décembre 2005, le Monténégro, reconnu candidat en décembre 2010, la Serbie, reconnue candidate en mars 2012. Kosovo et Bosnie-Herzégovine n'ont pas encore bénéficié de ce statut, mais sont reconnus candidats potentiels. Si les négociations d'adhésion du Monténégro ont débuté (un premier chapitre est déjà clos), si le Conseil a décidé d'ouvrir des négociations avec la Serbie, la Macédoine, elle, a perdu son avance et les discussions patinent. Il faut également mentionner deux pays qui ont ouvert des négociations d'adhésion actuellement au point mort pour deux raisons différentes : l'Islande qui n'entend pas les poursuivre et la Turquie, pour laquelle plusieurs pays européens se montrent réticents.