Le congé maternité européen en passe d'être abandonné ?

Par latribune.fr  |   |  463  mots
Le projet de directive que la Commission pourrait jeter aux oubliettes était déjà bloqué depuis quatre ans. Il n'avait pas dépassé le stade de l'adoption en première lecture au Parlement européen. (Photo: Reuters)
Bruxelles envisage de supprimer des textes en cours de validation un projet de directive imposant aux pays membres un congé maternité de 20 semaines (et un congé paternité de 2 semaines). Des défenseurs des droits des femmes attribuent à la montée de l'extrême-droite ce qu'ils considèrent comme un recul.

La France le fait, les Etats-Unis y réfléchissent. L'Union européenne, elle, pourrait bien abandonner complètement l'idée de garantir un congé maternité. Le projet de directive qui aurait imposé dans tous les pays membres un congé maternité payé de 20 semaines (au total il dure 16 semaines en France et 26 à partir du troisième enfant) était déjà bloqué depuis quatre ans. Il n'avait pas dépassé le stade de l'adoption en première lecture au Parlement européen. Il pourrait être définitivement jeté aux oubliettes.

Simplifier la législation européenne

Ce qui a provoqué l'ire des organisations de défense des droits des femmes et des défenseurs de la parité tient dans un communiqué publié le 18 juin. Voici le paragraphe qui a mis le feu aux poudres: 

"La Commission considère comme une bonne pratique de gestion législative le fait de retirer des propositions bloquées en phase législative afin de permettre un nouveau départ ou de trouver d'autres moyens d'atteindre l'objectif législatif visé. Un examen minutieux de toutes les propositions en attente d'adoption par le législateur a permis d'identifier d'autres propositions qui sont dépassées ou n'ont pas le soutien du législateur et dont le retrait devrait donc être proposé. Il s'agit notamment de propositions concernant (...) les travailleuses enceintes."

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Un renvoi précise qu'il s'agit bien du congé maternité, celui-ci étant donc cité parmi ces projets en "pause" dont la Commission pourrait se passer dans le cadre du programme de simplification de la législation européenne (programme REFIT). 

Un effet des victoires de l'extrême-droite aux européennes?

Le Lobby européen des femmes (LEF) s'en est ému qui a envoyé une lettre datée du 4 juillet adressée à Jean-Claude Juncker, récemment désigné pour présider la Commission. Joanna Maycock, la secrétaire générale du LEF, y voit un effet de la montée en force des partis d'extrême-droite. Elle écrit ainsi : 

"La montée des forces conservatrices et religieuses et d'acteurs politiques d'extrême droite ont un impact négatif sur les droits des femmes et remettent en question la notion même de droits (...) qui sont l'aboutissement d'âpres luttes par les générations précédentes de femmes et d'hommes."

Les pères également pénalisés

Les défenseurs de cette directive pointent en outre le fait qu'elle ne s'adressait pas qu'aux femmes puisque des dispositions concernaient également les pères qui, d'après le projet, bénéficieraient de deux semaines de congés payés. 

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