L'industrie allemande a du mal à se vendre

Par Jonathan Baudoin  |   |  423  mots
L'industrie allemande connait des remous dans ses exportations et craint que ce phénomène s'inscrive dans la durée
Les commandes de l'industrie allemande connaissent une chute record à la mi 2014, et de nombreux signes d'amplification du phénomène sont à craindre outre-Rhin.

Les nuages deviennent de plus en plus gris pour l'industrie allemande, poumon de l'économie outre-Rhin. Après une baisse de 1,6% en mai, les commandes de l'industrie allemande ont chuté de 3,2% en juin, d'après les résultats publiés par l'Office fédéral des statistiques.

Au niveau des types de biens industriels, les évolutions sont disparates. Les biens intermédiaires tirent le haut du pavé (1,6%). Par contre, les biens de consommation et d'investissement sont moins prisés (respectivement -0,4% et -6,4%).

La zone euro plombe l'Allemagne

Au niveau national, la baisse des commandes n'est pas négligeable (-1,9%), mais c'est surtout la commande extérieure qui flanche sérieusement (-4,1%). Plus précisément, les commandes de la zone euro se sont effondrées pour le mois de juin (-10,4%), signe que les mesures de rigueur adoptées par les partenaires européens, les obligeant à réduire la voilure, et que la menace de déflation ne sont plus sans conséquence sur la première économie du continent.

Pour autant, il n'est pas du tout certain que le président François Hollande, exhortant la chancelière Angela Merkel à investir davantage, soit entendu, malgré la menace.

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Crainte d'une morosité accrue

Pour l'instant, les commandes hors-zone euro tiennent bon, malgré les tensions liées à la crise ukrainienne. Mais avec l'adoption de nouvelles sanctions à l'égard de la Russie, certains industriels allemands risquent d'en pâtir, et par conséquent, la situation de l'industrie allemande pourrait empirer.

Par exemple, la Fédération des machines-outils, secteur très exportateur qui a des débouchés commerciaux importants en Russie, a annoncé la semaine dernière un assombrissement de ses perspectives. Ceci peut expliquer les réticences du gouvernement fédéral à vouloir appliquer des sanctions envers le Kremlin.

Si l'industrie allemande continue de voir une chute dans ses commandes, les prévisions de croissance du Produit intérieur brut  (PIB) seraient irrémédiablement revues à la baisse, sauf si les ménages et entreprises allemands continuent à consommer et à investir. Or, pour Stefan Kipar, économiste de la banque BayernLB, "les risques à la baisse ont augmenté."

Toujours est-il qu'une révision à la baisse de la croissance du PIB, dont les résultats du deuxième trimestre sont attendus la semaine prochaine (comme en France où les données du deuxième trimestre seront connues le 14 août), ne serait guère une bonne nouvelle pour la zone euro, dans son ensemble.