La déflation mine la croissance

Les dernières annonces du gouvernement sont claires : si une faible croissance pèse sur les rentrées fiscales, une faible inflation a des conséquences budgétaires négatives sur les recettes comme sur la dette. François Hollande a évoqué le "risque déflationniste", déjà évoqué par Manuel Valls vendredi dernier, inquiet par un "risque de déflation réel". Olivier Passet explique ici en quoi notre faible régime d'inflation est problématique pour la croissance.
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Il y a d'abord ceux qui dénient la gravité du problème. Après tout nous ne sommes pas en déflation, puisque il reste un mince filet de progression des prix que l'on se réfère à l'indice des prix à la consommation ou à l'inflation sous-jacente, qui isole la part la moins instable de l'inflation.

Autrement dit nos économies ne sont pas entrées dans le grand trou noir de la déflation, au sens strict du terme,  celui qui entraine l'ensemble des prix et des salaires à la baisse et conduit les agents à reporter à demain leurs achat d'aujourd'hui. Un cercle vicieux qui aspire inexorablement l'économie réelle vers le bas.

Bien sûr nous n'en sommes pas là. Mais le régime de très faible inflation que traverse l'économie française ne doit pas être minimisé pour autant :

  • D'abord, parce qu'une moyenne très faible,  recouvre inévitablement des situations de baisse de prix sur certains segments et notamment sur celui des produits manufacturés où la baisse atteint -0,7% sur un an.
  • Ensuite parce que les prix à la consommation ne sont que la partie émergée de la pyramide des prix. Lorsque l'on descend un peu plus profond dans cette pyramide, les choses se dégradent. Les déflateurs de la valeur ajoutée nous donnent notamment une idée de l'évolution des prix des biens et services produits, sur le territoire, ou dit autrement de la valeur créée sur le territoire. Ils montrent notamment que pour toute un série de secteurs, la baisse des prix est déjà une réalité : pour les activités manufacturières, l'ensemble des secteurs liés à l'information ou le commerce notamment.

Par ailleurs, même nous sommes plus proche d'un régime d'inflation-zéro que d'une déflation proprement dit, cette situation est pénalisante pour l'activité :

  • Premièrement, parce que l'absence d'inflation génère des rigidités. Une entreprise en mal de compétitivité notamment, n'a que très peu de levier pour se remettre dans les rails. La modération salariale suffirait à restaurer sa compétitivité dans un contexte d'inflation. En inflation-zéro, il lui faut obtenir une baisse absolue des salaires et de ses coûts d'approvisionnement... un objectif souvent inatteignable. Et ce que je dis là est généralisable à l'ensemble d'une économie. La seule issue sera pour elle de comprimer ses marges et de différer ses projets d'investissements.
  • Deuxièmement parce qu'un régime de faible inflation et de faible taux d'intérêt est favorable à la valorisation du prix des actifs. Les opportunités de leviers tendent à reporter l'inflation sur les marchés d'actif.
  • Troisièmement, dans ce contexte de taux très faibles et de forte potentialité de hausse du prix des actifs, il est beaucoup plus intéressant pour les entreprises bien portantes de se développer par croissance externe et par LBO. Et la croissance externe par rachat d'actif revient à consolider des secteurs, mais son impact en termes de croissance est très incertain.

Il ne faut pas s'y tromper. Le mouvement de reprise s'enraye aujourd'hui en France. Et la déflation larvée qui contamine l'Europe est bien la cause majeure de ce nouveau coup de mou de l'activité.

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Commentaires 29
à écrit le 08/08/2014 à 2:11
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ridicule et comme titre et comme analyse. On se demande si c'est sur commande ou si vous croyez vraiment ce que vous dites. Commencez par regarder les prix, pas les indices foireux imposés pour des raisons ad hoc. Concentrez vous sur le paradigme a...

à écrit le 07/08/2014 à 15:19
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Mais baisse des prix veut dire tout simplement augmentation immediate du pouvoir d'achat des plus demunis. Sans avoir besoin d'augmentation de salaire. En plus la baisse des prix de tous les actifs est toujours benefique. Il n'y a plus besoin de s'en...

à écrit le 07/08/2014 à 12:59
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Ce n'est pas que de la Déflation dont il s'agit mais de la Défiance, c'est plus grave

à écrit le 06/08/2014 à 16:02
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Ce qu'on oublie ici, et le gouvernement en premier, c'est que l'inflation est un impôt, et en particulier un impôt sur les pauvres qui n'ont pas de biens réels. Bien entendu, il faut reporter l'impôt ailleurs. La vraie solution, c'est de commencer pa...

à écrit le 06/08/2014 à 10:01
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et ils ont trouvé ça, tous seuls? ! pfffff t !! mais, pauvres de nous !

à écrit le 06/08/2014 à 8:12
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Je me demande si on ne se trompe pas de terme. Je n'ai pas l'impression que les prix baissent...Ne seraient -on pas plutôt en stagflation?

à écrit le 06/08/2014 à 0:38
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"La déflation mine la croissance" et le gouvernement de nuls mine le Moral des Français!

le 06/08/2014 à 8:04
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les pleurnichards minent le moral. vous êtes tellement nombreux.

à écrit le 05/08/2014 à 23:30
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La zone euro est nulle, c'est non ZMO, alors on déporte 400000 espagnols vers l'Allemagne et on exfiltre les français? Encore du vampire inflationniste qui veut faire monter les prix! C'est contre le pouvoir d'achat comme les dévaluations! Il fallait...

à écrit le 05/08/2014 à 22:49
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Poutine ordonne d’élaborer des sanctions contre les Occidentaux

à écrit le 05/08/2014 à 22:40
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Kazbo résume mieux la situation que tous nos économistes . De plus on ne peut pas vouloir la croissance et un retour à l' home de cavernes ...

à écrit le 05/08/2014 à 18:43
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Aujourd´hui, la variable d´ajustement n´est pas l´inflation, qui ne resout pas le probleme d´insuffisance de creation de richesse en regard de la richesse consommee. Non la variable d´ajustement sont les charges qui pesent sur les salaires et donc c...

le 05/08/2014 à 23:15
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mais si nos entreprises/les français ne sont pas vraiment des conquérants/développeurs dans l'âme contrairement aux allemands, et ceci depuis avant l'expansion de l'Etat, comme le signalait Enjeux Les Echos de juin en page 94. une baisse de charges v...

à écrit le 05/08/2014 à 17:34
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tiens... mais où est passé le commentaire de "Marcel, le bon sens en action" ? C'était justement le seul à pointer les vrais problèmes et vous le supprimez ?... pour rappel : il n'y a aucune déflation en france vu comment les prix de l'alimentaire e...

le 06/08/2014 à 10:03
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l'euro est une "M...DE" pas possible ! ils ne le verront jamais !! TROP BON POUR EUX !!!!!!!

à écrit le 05/08/2014 à 16:08
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Du moment que je paie moins cher le reste je m'en fout complètement.

le 05/08/2014 à 17:40
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Les taxes et impôts ne seront pas moins chers ...

à écrit le 05/08/2014 à 14:50
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La déflation a bon dos. Il s'agit en réalité de l'échec total de la politique socialiste. Voilà à quoi mènent la démagogie et l'incompétence.

à écrit le 05/08/2014 à 14:46
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La déflation a bon dos. Il s'agit en réalité de l'échec total de la politique socialiste. Voilà à quoi mènent la démagogie et l'incompétence.

le 05/08/2014 à 17:41
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+ 10000 !

à écrit le 05/08/2014 à 14:40
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il n'y a pas eu de déflation pendant les des dernières soldes ! les commerçants ont bien limité la casse et n'ont pas fait plus de 50 pour cent de rabais ! j'ai connu 70 pour cent !!!

à écrit le 05/08/2014 à 13:46
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Messieurs les journalistes, il vous faut changer ce titre illico prestige : L'INCOMPÉTENCE DE NOS GOUVERNANTS ET FONCTIONNAIRES MINE LA CROISSANCE

le 05/08/2014 à 16:43
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Commentaire digne des bavardages d'une cours de récré de maternelle. Et encore je suis sévére avec les enfants.

le 05/08/2014 à 17:48
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Vous avez raison, ça vole haut. Mais c'est pas la faute des commentateurs. J'ai fait un commentaire explicatif sur l'indigence et l'ineptie de ces déclarations sur la déflation quand on examine les hausses vertigineuses de l'alimentaire et de l'énerg...

le 06/08/2014 à 13:54
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Y'en a au moins un qui a compris...et un qui confond le raccourci et le bavardage. Je vais juste en rajouter une couche: tres fort, les economiste, qui savent qui de l'oeuf ou de la poule a commencé. bravo! Coupable: la déflation. Qu'on la pênde hau...

à écrit le 05/08/2014 à 13:42
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Et si c était la réduction des salaires et l augmentation permanente des taxes en tout genre qui plombaient l'economie. Il y a une la période ou les salaires stagnaient mais ou les ménages empruntaient por consomer, c est finit. Vous voulez relancer ...

à écrit le 02/07/2014 à 22:33
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La déflation frappe d'abord les secteurs de technologie, du coup ils sont incapables de jouer leur rôle de locomotive de l'économie. Les pronostiques optimistes de la BCE ne redresseront pas la situation. Vu les QE étrangers, dans la situation actuel...

à écrit le 02/07/2014 à 22:18
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Payer tant de personnes qui "pense" augmente l'inflation!

à écrit le 02/07/2014 à 14:24
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Limpide. Comment faire admettre sur le plan politique toutes ces réalités concrètes aux banques et à la BCE ? Il faut faire vite. La déflation est déjà dans les comportements de beaucoup d'acteurs économiques : ils raisonnent "à l'envers"...

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