Christian Noyer a refusé le programme de rachat d'actifs de la BCE

Par Romaric Godin  |   |  456  mots
Christian Noyer n'a pas approuver le programme de rachat d'actifs de la BCE
Le gouverneur de la Banque de France a refusé la centralisation des opérations par la BCE. Mais il s'est de fait aligné avec la Bundesbank pour affaiblir Mario Draghi.

Selon Bloomberg, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer s'est opposé au programme lancé par Mario Draghi de rachats de produits structurés par la BCE. Le Français a ainsi voté au sein du Conseil des gouverneurs avec ses homologues allemands et autrichiens.

Refus de la France de se laisser « désarmer »

Certes, toujours selon l'agence de presse étatsunienne, Christian Noyer a refusé d'approuver ce « QE » (assouplissement quantitatif) à l'européenne, non parce qu'il craignait l'impact de cette création monétaire sur l'économie, mais pour des raisons « administratives. » A la différence de ce qui se faisait jusqu'ici, la BCE a en effet cette fois décidé de centraliser les opérations et de ne pas passer par les services des banques centrales nationales.

Pourquoi la BCE veut agir seule

Christian Noyer a, apparemment fort mal pris cette décision qui, il est vrai, ôte aux banques centrales nationales un levier de commande. Mais l'opération se comprend si l'on songe que la BCE est en permanence sous la menace de la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe. Dans sa dernière décision, ce tribunal a prévenu qu'il pouvait interdire à la Bundesbank de participer au programme OMT. Logiquement, la BCE en tire les conséquences et centralise les nouvelles opérations afin de désarmer Karlsruhe et la Bundesbank.

Alignement sur l'Allemagne ?

Christian Noyer a donc sans doute voulu défendre les prérogatives des banques centrales nationales en marquant son opposition de principe à moindre coût puisqu'il savait que ce vote était sans conséquence sur le résultat final. Sauf que les choses ne sont pas si simples. En s'opposant au rachat d'ABS, le gouverneur de la Banque de France a affaibli encore un peu plus Mario Draghi. En rejoignant les rangs de l'opposition « germanique », Christian Noyer a renforcé cette dernière.

Effets négatifs

Que cette conséquence soit pesée ou non, elle est très dommageable pour un Mario Draghi qui, parallèlement, essaie depuis la fin août, d'arracher de l'action de la part des gouvernements nationaux et qui doit faire face à une hostilité croissante de l'opinion et des juges allemands. Comment porter une stratégie lorsque ses deux premiers « actionnaires », les banques centrales française et allemande s'y opposent ? Par ailleurs, en refusant la centralisation, Christian Noyer accepte de maintenir la BCE sous la menace de Karlsruhe. Il accepte donc, à terme, la menace qui pèse sur l'existence même de l'euro.

Maladresse ponctuelle ?

Au final, l'image qui demeurera de cette décision « administrative » de Christian Noyer sera une maladresse. Reste désormais à savoir si cette décision est un « coup de colère » ou s'il s'agit du signe d'un alignement sur la Bundesbank.