Commission Juncker : l'ex-Première ministre slovène va-t-elle servir de fusible ?

Par Nabil Bourassi  |   |  515  mots
Alenka Bratusek, ancienne Première ministre Slovène, n'a pas convaincu les Euro-députés de l'intérêt de sa candidature au poste de Commissaire européenne chargée de l'union énergétique, et de vice-présidente de la Commission.
Après une prestation jugée médiocre, Alenka Bratusek pourrait être exclue de la Commission Juncker. Les conditions de sa nomination et sa méconnaissance des dossiers énergétiques l'auraient disqualifié aux yeux des euro-députés.

La Commission Juncker doit encore être ajustée. Après la prestation jugée laborieuse de l'espagnol Miguel Arias Cañete (pour le climat et l'énergie), c'est l'oral de sa commissaire de tutelle, la Slovène Alenka Bratusek, qui n'a pas convaincu. À tel point que des rumeurs de presse, démenties depuis par la Commission, la donnaient  partante de son propre chef.

L'ex-Première ministre slovène était destinée au portefeuille de l'Union énergétique, et devenait vice-présidente en charge des commissaires de l'énergie et climat (Cañete), de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.

Réponses vagues, et chant communiste...

Alenka Bratusek est arrivée lundi 6 octobre devant la Commission parlementaire de l'industrie, la recherche et l'énergie sur fond de polémique quant à sa nomination. Elle s'était auto-désignée au crépuscule de son mandat de Première ministre qui s'est achevé cet été après son revers aux élections de juillet. Elle s'est défendue en arguant qu'elle avait proposé trois personnes dont elle-même.

Les eurodéputés ont également interrogé Alenka Bratusek sur une vidéo où elle chante "Evviva il comunismo e la libertà" ("Et vive le communisme et la liberté"), hymne très populaire à l'époque du régime communiste. Là encore, elle s'est défendue en assumant une chanson qu'elle considère surtout comme anti-fasciste. Mais c'est sur le fond que l'ancienne Première ministre a fait défaut, ne semblant pas maîtriser ses dossiers et se contentant de réponses vagues.

Si les eurodéputés ne peuvent pas éconduire un commissaire, ils peuvent toutefois rejeter la Commission en bloc. Ils peuvent également se contenter de contester le portefeuille attribué sans rejeter la personnalité même du commissaire. Jean-Claude Juncker est donc contraint de prendre en compte leurs réserves visant un ou plusieurs commissaires.

Des tractations difficiles

C'est dans ce contexte que les tractations entre le Parlement européen et l'équipe de Jean-Claude Juncker ont commencé. Il s'agit de décider du sort de plusieurs commissaires jugés problématiques dont Miguel Cañete accusé de conflit d'intérêt en raison de son parcours professionnel dans le secteur pétrolier.

Il y a également le cas de Tibor Navracsics dont la candidature pour le poste de commissaire à l'éducation, la culture et la citoyenneté a été rejetée. Il pourrait se voir priver du portefeuille de la citoyenneté en raison de sa proximité avec Viktor Orban le Premier ministre hongrois eurosceptique assumé, et critiqué pour ses atteintes aux libertés fondamentales. Enfin, il faut également compter sur les réserves concernant Pierre Moscovici, ancien ministre français de l'économie et des finances, qui a dû repasser devant la Commission à travers des questions écrites cette fois.

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Alenka Bratusek pourrait ainsi jouer les fusibles pour entériner la commission Juncker. Elle serait alors remplacée par un autre Slovène de son parti libéral croit savoir le quotidien luxembourgeois L'essentiel.