La nouvelle leçon de stratégie du "Professeur" Juncker

On peut aimer ou non Jean-Claude Juncker, mais il faut lui reconnaître une qualité: il assume.
Florence Autret

Au moment de présenter son équipe mercredi 10 septembre, il a osé lâcher que Frans Timmermans, le vice-président néerlandais de la Commission, serait sa doublure lorsqu'il serait lui-même « physiquement ou mentalement absent ». Une allusion à peine cachée à son penchant pour l'alcool, qui a jeté un trouble et fait fuser les rires dans la salle de presse.

Quel meilleur moyen de faire taire les médisants que d'assumer ses faiblesses ? Dans le passé, il avait déjà reconnu que le mensonge était parfois nécessaire en politique, que la diplomatie efficace exigeait le secret. La semaine dernière, un confrère lui a posé la question que tout le monde avait sur les lèvres : fallait-il voir une stratégie délibérée dans la nomination de commissaires « à contre-emploi » ?

Un Britannique, Lord Hill, aux services financiers, alors que Londres a bruyamment pesté dans le passé contre l'entreprise de réglementation menée par le commissaire Michel Barnier.

Moscovici flanqué de deux gendarmes

Un Français, Pierre Moscovici, aux affaires économiques, alors que les finances publiques françaises sombrent dans le rouge, une Roumaine, Corina Cretu, à la politique régionale, alors que Bucarest est régulièrement épinglée pour sa mauvaise utilisation des fonds européens. Un Grec, Dimitris Avramopoulos, à l'immigration, alors la gestion du flux de migrants par Athènes est un cauchemar. Ou un Chypriote, Christos Styliandès, à la gestion de crise et à l'aide humanitaire.

En son temps, François Mitterrand avait créé un effet comique sans précédent, en nommant dans le premier gouvernement Mauroy Creysson à l'Agriculture, Defferre à la Défense, Le Pensec à la Mer et Delors aux Finances... le Luxembourgeois joue plutôt sur le mode ironique. Plutôt que de contre-emploi, il faudrait parler dans ce cas d'une volonté délibérée de mêler le national et l'européen, et de prendre l'opinion à témoin de la loyauté des nouveaux commissaires. Imaginez plutôt le traitement qui sera réservé à Lord Hill s'il hésite à défendre le plafonnement des bonus voté cette année par le Parlement et attaqué par son pays devant la Cour de Justice ! Le Britannique se prépare à de grands moments de solitude.

La subtile géométrie inventée par Juncker ne s'arrête pas là. En créant des postes de vice-présidents chargés de coordonner des « équipes de projet », le Luxembourgeois a disposé dans son système des cordes de rappel politique qui vont lui éviter d'avoir lui-même à rappeler à l'ordre tel ou tel commissaire. Le cas de Pierre Moscovici est éclairant.

Le commissaire français travaillera avec deux vice-présidents : le Finlandais Jyriki Katainen et le Letton Valdis Dombrovskis.

« Aléa moral »

En charge de l'emploi, de la croissance et de la compétitivité, Katainen, qui a été ministre des Finances puis Premier ministre entre 2007 et 2014, s'est avéré l'un des défenseurs les plus durs de l'orthodoxie budgétaire et l'un des plus prompts à souligner l'« aléa moral » qui résultait de la création d'un fonds de sauvetage des États de la zone euro. Le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas une colombe.

De l'autre côté, Dombrovskis, responsable de l'euro et du dialogue social, a infligé, en tant que Premier ministre, une cure d'austérité sans pitié à son pays. Les portefeuilles de ces deux vice-présidents ne se recoupaient-ils pas ? ont interrogé les experts. Comment, en effet, réparer la zone euro - le boulot du Letton - sans travailler sur la compétitivité - celui du Finlandais ? La vérité est qu'ils se recoupent et que leur zone d'intersection porte un nom : Moscovici, lequel se voit en pratique flanqué de deux gendarmes.

Mais - chut ! - il ne faut pas le dire.

Florence Autret

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Commentaires 7
à écrit le 01/10/2014 à 12:26
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Bref les Commissaires ont été désignés pour servir des intérêts qui n'ont rien à voir avec l'intérêt général. Esperons que le Parlement aura à coeur de défendre cet intérêt général des européens.

à écrit le 01/10/2014 à 8:58
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Il assume que l'on peut faire n'importe quoi quand il s'agit de suivre une idéologie, c'est digne d'un dictateur!

à écrit le 30/09/2014 à 21:05
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"On peut aimer ou non Jean-Claude Juncker, mais il faut lui reconnaître une qualité: il assume." Donc, il n'est pas Français. ;-)

à écrit le 30/09/2014 à 19:11
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Je pense que ce gars a une haleine de phoque eut égard à ce qu'il se met dans le cornet et a sa peau ravagée...

le 01/10/2014 à 6:17
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Il fume beaucoup, mais il est pas si mal pour un mec de 60 ans,vous verrez à son âge

le 01/10/2014 à 20:10
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@Bernard J'ai 60 ans, vient voir ma peau, j'ai pas la vérole cutanée comme ce gars!

à écrit le 30/09/2014 à 18:17
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Florence Autret (journaliste avec une carte UMP )se trompe son surnom n'est pas Professeur mais Wanker oui Jean Claude le Wanker!

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