La désignation par le Conseil européen de Jean-Claude Juncker comme futur président de la Commission a été vivement commentée et contestée. Mais cela n'a pas empêché le Parlement européen de la confirmer aujourd'hui. Devant les députés, le successeur de José-Manuel Barroso a présenté un plan d'action pour l'Europe particulièrement ambitieux.
300 milliards d'euros d'investissements
La mobilisation de 300 milliards d'euros d'investissement apparaît comme la proposition phare et prioritaire de Jean-Claude Juncker. Ce projet d'envergure permettrait de donner un nouveau souffle à la croissance et à la compétitivité européenne.
Les 300 milliards d'euros proviendraient d'investissements déjà planifiés au sein du programme budgétaire pluriannuel de l'UE (2014-2020) et de fonds de la Banque européenne d'investissements inutilisés et serviraient la politique de relance souhaité par la commission à la Juncker, axée sur "l'Emploi, la Croissance, l'Equité et le Changement démocratique".
Dix domaines d'action
A travers l'achèvement de dix grandes lignes, Juncker s'engage dans la voie d'une revitalisation de l'Europe.
- La croissance, l'emploi et le développement : Le projet de Juncker vise à "renforcer la compétitivité de l'Europe" et à "stimuler l'investissement pour créer des emplois".
- Instaurer un marché unique du numérique : la création de ce marché unique permettrait de générer jusqu'à 250 milliards de croissance supplémentaire en Europe au cours des cinq années de mandat de la Commission Européenne.
- Une "nouvelle Union européenne de l'énergie" à travers, notamment, la diversification des sources d'énergie et la réduction de "la dépendance énergétique de certains Etats-membres vis-à-vis des autres pays".
- L'achèvement du marché intérieur avec le renforcement de sa base industrielle: Juncker préconise ainsi l'accroissement du poids de l'industrie dans le PIB européen en le faisant passer de 16 à 20% d'ici 2020.
- Un approfondissement de l'UEM: Cet approfondissement se ferait sur la base de propositions à la fois legislatives et non-legislatives. Juncker envisage en outre le remplacement de la "troika" (la Commission, la BCE et le FMI) par une structure plus légitime démocratiquement.
- Un rééquilibrage de l'accord de libre-échange avec les États-Unis. Il est néanmoins précisé que ceci ne se fera pas au sacrifice des critères européens en matière de santé, de protection sociale et de protection des données.
- La promotion d'un espace de justice et de droits fondamentaux.
- Une nouvelle politique migratoire: Juncker prône la création d'une politique commune d'asile et la désignation d'un commissaire à la migration pour une meilleure prise en charge de ce domaine au niveau supranational.
- Une vraie voix pour l'Europe à l'échelle internationale. La crise ukrainienne a démontré une nouvelle fois le "déficit d'union" de l'UE en matière de politique extérieure. La désignation d'une forte personnalité politique au poste de Haut Représentant contribuerait à y remédier. Juncker éloigne par ailleurs tout projet d'élargissement futur.
- Vers un changement démocratique à travers une transparence plus accrue au niveau des trois grandes institutions, que sont la Commission, le Conseil européen et le Parlement.