L'Italie enregistre un taux de chômage record

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  686  mots
Matteo Renzi peine à produire des résultats concrets de sa politique économique.
Le taux de chômage italien collectionne les mauvaises performances: il ressort au-dessus des attentes des économistes, il s'affiche comme la plus forte progression de l'Union européenne en octobre, il culmine à un niveau historique pour la péninsule.

Le chômage a atteint en octobre un niveau record en Italie, avec plus de 13% de la population active sans emploi, nouveau coup dur pour le gouvernement de Matteo Renzi, qui peine à obtenir des résultats sur le front économique.

Il s'agit du taux de chômage le plus élevé enregistré depuis la création des statistiques mensuelles (en 2004) et trimestrielles (en 1977). Il est en hausse de 0,3 point par rapport à septembre (revu en hausse à 12,9%) et de 1 point sur un an. Il est également nettement supérieur aux attentes des économistes (12,5%).

En données corrigées des variations saisonnières, le nombre de personnes à la recherche d'un emploi en Italie a atteint 3,41 millions en octobre, soit une hausse de 2,7% sur un mois et un bond de près de 10% sur un an.

Le taux de chômage des jeunes a plus que doublé

Plus grave, le taux de chômage des jeunes de moins de 24 ans, déjà un des plus élevés d'Europe, a atteint 43,3%, en hausse de 0,6% par rapport à septembre et de près de 2% sur un an.

Le chômage des jeunes a "subi une croissance rapide et impressionnante, à tel point que le nombre des jeunes sans emploi de moins de 24 ans a plus que doublé en seulement sept ans", a relevé le Codacons, une association de défense des consommateurs.

Ces mauvais chiffres "annulent les dynamiques positives des mois précédents et font émerger un cadre du marché du travail plus en phase avec les indicateurs de l'activité économique", a jugé l'économiste en chef du cabinet de consultants économique Nomisma, Sergio De Nardis.

Plus forte hausse en octobre

Selon Eurostat, l'Italie est le pays de l'Union européenne où le taux de chômage a augmenté le plus fortement en octobre.

"La hausse du chômage (en Europe) est presque exclusivement le résultat d'un bond énorme de 90.000 chômeurs de plus en Italie", a ainsi souligné Christian Schulz, économiste auprès de la banque d'affaires allemande Berenberg.

 Sur la bonne voie

Le secrétaire d'Etat Graziano Delrio, considéré comme le bras droit de Matteo Renzi, a cependant fustigé les "bavardages" sur cette hausse en soulignant l'augmentation des créations d'emploi.

Au 3ème trimestre 2014, le nombre de personnes ayant un emploi a progressé de 0,5% par rapport à la même période en 2013, soit 122.000 postes en plus.

"De toute évidence, cela ne suffit pas, il y a encore beaucoup de travail à faire, mais cela confirme que nous sommes sur la bonne voie (...) Le nombre de personnes en recherche d'emploi augmente mais, en même temps, il y a plus de gens qui trouvent du travail", a-t-il insisté.

Il n'empêche, ces chiffres sont autant de mauvaises nouvelles pour Matteo Renzi, après le recul de la confiance des entreprises en novembre, annoncé jeudi, et la baisse des ventes au détail en septembre, annoncée mardi.

Matteo Renzi en mal de résultats

Arrivé au pouvoir sur la promesse de changer l'Italie et de remettre son économie sur les rails, le jeune chef du gouvernement italien peine toujours à présenter des résultats. L'Italie, tout comme la France et la Belgique, a été rappelée à l'ordre vendredi par la Commission européenne sur son niveau d'endettement.

Elle doit aussi encore convaincre sur son engagement à mener des réformes structurelles, jugées indispensables pour relancer une économie atone depuis maintenant plus de quatre ans.

La réforme du marché du travail en cours d'adoption

Le gouvernement italien a ainsi engagé une réforme du marché du travail, qu'il juge cruciale pour inciter davantage les entreprises à embaucher. La loi a été adoptée cette semaine par la Chambre des députés, mais doit encore l'être en deuxième lecture au Sénat, où la majorité gouvernementale est beaucoup plus fragile.

"L'Italie est considéré comme un pays qui se contente de faire des annonces. Je ne suis pas d'accord, il n'y a pas que des annonces, il y a aussi de grands progrès au Parlement sur les réformes structurelles", a affirmé vendredi le ministre de l'Economie, Pier Carlo Padoan.