Les Allemands rejettent la demande grecque : "Le courrier ne remplit pas les critères"

Par latribune.fr (avec AFP et Reuters)  |   |  826  mots
L'Eurogroupe avait donné lundi 16 février jusqu'à la fin de la semaine à la Grèce pour réclamer une prolongation du programme d'aide existant.
Ce jeudi, la Grèce a demandé officiellement aux pays de la zone euro une prolongation de six mois du prêt qui lui est déjà accordé. L'Eurogroupe a indiqué qu'il étudierait la demande grecque vendredi. Si la Commission européenne y voit un signal positif, l'Allemagne la rejette en bloc.

Publié le 19/02/2015 à 12:54. Mis à jour le 19/02/2015 à 16:28.

C'est officiel: Bruxelles a reçu une lettre des autorités grecques demandant "une extension de six mois" de son prêt, a annoncé le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, sur Twitter, jeudi 19 février.

L'Eurogroupe se réunira vendredi 20 février à 15 heures (14 heures GMT) pour examiner la requête grecque, a également annoncé jeudi matin Jeroen Dijsselbloem sur le réseau social.

"L'Eurogroupe n'aura demain que deux choix: accepter ou rejeter la demande grecque [...] On verra alors clairement qui veut une solution et qui n'en veut pas", a déclaré un haut fonctionnaire du gouvernement grec.

Athènes promet d'honorer la totalité de sa dette

Outre la demande d'extension du prêt, la lettre signée du ministre des Finances Yanis Varoufakis évoque les points suivants:

  • Respect des obligations financières

Athènes s'engage "à honorer ses obligations financières vis-à-vis de ses créanciers et à coopérer avec ses partenaires européens".

  • "Supervision" du trio UE, BCE et FMI

Le ministre de l'Economie grec exprime la détermination de son pays à "coopérer étroitement avec les institutions européennes et le FMI" dont il accepte "la supervision" pendant "les six mois de la période d'extension de l'accord".

  • Stabilité budgétaire, souplesse d'exécution

Athènes s'engage à garantir "la stabilité financière et budgétaire" du pays, tout en introduisant une "flexibilité" permettant "des réformes substantielles" afin de "rétablir le niveau de vie des millions de citoyens grecs" via une croissance viable et prendre en compte les répercussions de la crise.

La lettre ne fixe pas d'objectif précis en terme d'excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) à atteindre. Le pays, selon le programme précédent, s'était engagé à réaliser 3% du PIB en 2015 et 4,5% en 2016. Durant les deux dernières semaines de négociation, Athènes avait demandé à ses partenaires d'en rester à 1,5% afin de se dégager des marges de manœuvre pour encourager la croissance.

  • Restructuration de la dette

Le gouvernement grec demande l'ouverture de "discussions" pour l'élaboration d'un "nouvel accord" portant sur "la croissance et le redressement" à l'issue des six mois. Dans ce cadre, il souhaite la "mise en oeuvre de la décision prise lors du sommet européen de novembre 2012" qui prévoit une discussion sur la restructuration de la dette grecque, qui atteint 175% du PIB, et dont Syriza veut se délester.

Athènes"ouvre la voie à un compromis", selon la Commission européenne

La Commission européenne a estimé que la lettre envoyait un signal positif. Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, "a eu des contacts nombreux toute cette nuit et il a vu des signaux positifs ce matin dans la lettre, qui ouvre la voie à un compromis raisonnable dans l'intérêt de la stabilité", a indiqué lors d'un point de presse son porte-parole Margaritis Schinas.

Berlin rejette la demande d'Athènes

Du côté du ministère des Finances allemand, c'est un tout autre son de cloche. Ce dernier a rejeté la demande déposée par la Grèce d'extension de l'aide de ses partenaires européens, estimant qu'elle ne représentait "pas une solution substantielle".

"En vérité, elle vise à obtenir un financement-relais, sans remplir les exigences du programme. Le courrier ne remplit pas les critères définis lundi par l'Eurogroupe", a également déclaré Martin Jäger, porte-parole de Wolfgang Schäuble, ministre des Finances, dans un bref communiqué.

Un "Grexit" n'aurait pas de conséquences financières si importantes pour les autres pays de la zone euro, selon S&P

Une sortie de la zone euro par la Grèce provoquerait "avec quasi-certitude" un défaut de paiement d'Athènes, a par ailleurs assuré jeudi l'agence de notation Standard & Poor's.  Mais les éventuelles conséquences financières sur les autres membres de la zone euro ne seraient de toute façon pas aussi importantes que ce que les observateurs redoutaient en 2012, quand avait également été évoqué l'hypothèse d'un départ de la Grèce.

Depuis 2012, "les responsables ont créé le Mécanisme européen de stabilité, qui peut soutenir financièrement les Etats de la zone euro mis sous pression par les marchés après un hypothétique 'Grexit'", fait valoir S&P. L'amélioration des comptes du Portugal et de l'Irlande encourage d'ailleurs selon l'agence les gouvernements européens à continuer à fournir un soutien financier en cas de besoin.

Par ailleurs, "Les liens des marchés financiers à la Grèce se sont suffisamment réduits pour rendre improbables une telle contagion", ajoute-t-elle en faisant référence aux données de la Banque des règlements internationaux: selon ces chiffres, l'exposition des banques mondiales aux institutions financières grecques s'est réduite de 250 milliards de dollars il y a cinq ans, à 126 milliards de dollars fin 2011 et 77 milliards en septembre 2014.

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