Voici ce qu'a proposé la Grèce à l'Eurogroupe

Le gouvernement grec a révélé ce qu'avaient été ses propositions à l'Eurogroupe du 11 février et qui fondera sans doute ses propositions de ce mercredi.
La Grèce a proposé des réformes à ses partenaires européens

Que veut exactement Athènes ? Le ministre fédéral allemand des Finances a multiplié les déclarations selon lesquelles la Grèce ne savait pas ce qu'elle voulait. Mais le site Internet grec Capital.gr, repris par le site anglophone Macropolis, a révélé les propositions du ministre hellénique des Finances Yanis Varoufakis lors de l'Eurogroupe du 11 février. Et une autre vision se fait alors jour.

Une nouvelle relation de la Grèce avec ses partenaires

Selon ces informations, la vision du gouvernement grec est de passer à une coopération "fondée sur la confiance et le respect mutuels". Athènes ne veut plus entendre parler de la troïka, mais propose que la Commission européenne soit au centre de cette coopération. Les Grecs entendent beaucoup également s'appuyer sur le FMI, notamment dans la réflexion sur la dette publique. Athènes demande une extension de la date d'échéance de l'aide au pays, fixée au 28 février, afin d'entamer une "vraie négociation de bonne foi pour forger un nouveau contrat entre nous".

D'où l'idée d'un programme "pont" qui, précise Yanis Varoufakis, "ne doit pas être considérée comme une reconnaissance de la logique du programme précédent ni comme une partie de cette dernière". Ce programme doit permettre à la Grèce de rembourser les échéances du FMI et, surtout de la BCE (6,7 milliards d'euros de bons arrivant à échéance en juillet et août).

L'engagement budgétaire

Athènes s'engage très fortement à "maintenir des finances publiques saines" et propose un objectif d'excédent budgétaire de 1,5 % du PIB, soit celui obtenu en 2014 par le pays, au lieu des objectifs fixés dans le mémorandum de 3 % du PIB en 2015 et de 4,5 % du PIB en 2016. Selon la partie grecque, "cet objectif est suffisant - dans le cadre de prévisions très raisonnables - pour réduire la trajectoire du ratio d'endettement du pays".

Sur la dette, la Grèce s'engage à faire des "propositions concrètes" pour réduire le fardeau de la dette de façon efficace avec des "instruments innovants".  Elle propose la création d'un groupe de travail sur le sujet au sein de l'Eurogroupe.

Les réformes

Sur les réformes, le gouvernement Tsipras prend des engagements forts concernant "la levée de l'impôt, la gestion des finances publiques, la réforme de l'administration publique, l'amélioration du climat des affaires, le cadastre, la réforme du système judiciaire et la lutte contre les rentes".

Il s'engage aussi à combattre la corruption et l'évasion fiscale. Et demande même la collaboration des autres pays de la zone euro sur la question, "parce que cela renforcera la confiance entre la Grèce et ses partenaires".

Les privatisations

Concernant les privatisations, Yanis Varoufakis ne les rejette pas d'emblée, mais veut une approche "non dogmatique". Il affirme que la privatisation de l'autorité portuaire du Pirée n'a pas été annulée.

L'idée avancée est celle d'une "évaluation projet par projet et fondée sur les mérites propres à chaque opération". Athènes s'engage à encourager l'investissement étranger "dans le respect des relations du travail et de l'environnement". Sur la vente des propriétés de l'État, le nouveau gouvernement veut abandonner les ventes rapides et mettre en place une banque utilisant ces terrains comme actifs pour prêter aux PME.

Des propositions raisonnables

Que retenir de ces demandes ? D'abord, la volonté d'Athènes de réformer le pays en profondeur sans le mettre à genoux économiquement. Une proposition qui, en théorie, devrait retenir l'attention de tout créancier intéressé au retour de son capital. Surtout lorsque son débiteur est à genoux.

Ensuite, la volonté de gérer la question du financement sur d'autres bases que celles instaurées par la troïka : la confiance plutôt que l'injonction. Mais Athènes fait de larges concessions à ses partenaires : sur les réformes, sur les privatisations et sur la politique budgétaire.

Il s'agit donc de vraies propositions, contrairement à ce que Wolfgang Schäuble a prétendu. Yanis Varoufakis n'est pas arrivé les mains vides, comme on l'a affirmé. L'absence de chiffrage s'explique: la Grèce ne demande pas l'aumône pour ses dépenses courantes, mais un financement européen pour rembourser la BCE.

Dans cette affaire, la Grèce n'est qu'un "tuyau" entre les États membres de la BCE et eux-mêmes. C'est à eux d'estimer s'ils veulent continuer cette logique étrange ou trouver des solutions plus constructives.

Un refus idéologique

Le refus de l'Eurogroupe apparaît donc principalement comme politique. Il s'agit avant tout de ne pas admettre les erreurs commises dans le passé.

D'un point de vue allemand, ce serait reculer sur le but affiché par Wolfgang Schäuble depuis des années : diffuser la "culture de stabilité" dans la zone euro. Si l'on devait reconnaître que la consolidation budgétaire rapide et violente était un mauvais choix et qu'il convient de prendre des mesures de correction, comme le propose Athènes, alors ce serait une défaite pour la "culture de la stabilité" au niveau européen.

A cela s'ajoute le juridisme étroit de la vision du nord du continent, quelles qu'en soient les conséquences : il faut respecter le mémorandum signé en 2012 à tout prix. Ceci montre le point auquel est arrivée la zone euro : même des propositions raisonnables, modérées, ne peuvent plus être acceptées. Plus que sur les mots, le blocage est donc surtout idéologique.

Commentaires 42
à écrit le 19/02/2015 à 11:09
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Oui l'Europe commet une grosse erreur : refuser la proposition d'une gestion économique saine est purement dogmatique, "mieux vaut continuer à s'enfoncer dans l'erreur plutôt que de reconnaitre ses torts passés...." Mais, sur la forme, peut-on aussi ...

à écrit le 19/02/2015 à 3:32
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Personne ne pretera le moindre centime d'euro à la Grèce si on ne peut pas controler ce qui est fait de cet argent et si des réformes ne sont pas enclenchées Si c'est pour que cet argent aille dans l'économie au noir et dans la corruption endémique ...

à écrit le 19/02/2015 à 2:39
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Ce que propose la Graisse ce sont de vagues promesses en échange de toujours plus de pognon de la part de leur créanciers. Croire que les moeurs grecques vont changer du jour au lendemain grâce aux démagos de Syriza est une erreur d'analyse...

à écrit le 19/02/2015 à 0:58
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Qui a vu un banquier, prêt à accorder un crédit collatéralisé, se contenter des promesses d'un débiteur qui évidemment ne peut pas donner les gages demandés? Clairement ce crédit sera refusé. Mais M. Godin appèle ce refus du "juridisme". Drôle de mon...

à écrit le 18/02/2015 à 21:11
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Ca semple assez réaliste Si en face ils mettent pas des tonnes de cadeaux fiscaux sans contreparties La parole grecque vaut telle 1 euro ??

à écrit le 18/02/2015 à 20:48
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Relisez ! Il n'y a rien de précis dans les engagements du gouvernement grec. Par exemple "la levée de l'impôt, la gestion des finances publiques, la réforme de l'administration publique, l'amélioration du climat des affaires, le cadastre, la réforme ...

à écrit le 18/02/2015 à 19:18
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ils ont propose de recevoir encore plus d'argent, tout en expliquant qu'ils n'ont pas du tout l'intention de rembourser, vu qu'ils ont une exception culturelle ( tiens, ca me rappelle un autre pays presque tout aussi arrogant, mais je ne me souviens...

le 18/02/2015 à 19:29
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Mensonge, ce n'est pas ce qu'ils disent.

à écrit le 18/02/2015 à 19:02
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Le problème de Tsipras c'est qu'il a promis monts et merveilles au peuple grecque financés avec de l'argent... qu'il n'a pas. En gros il demande aux autres contribubuables européens de payer ses délires démagos!

le 18/02/2015 à 19:08
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pour promettre des monts et merveilles avec de la dette on est pas mal non plus. y'a qu'à voir comment se porte le régime arrco et agir!!! belle leçon de gestion!!

le 18/02/2015 à 19:30
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Mensonge, les promesses sont notamment financées par les réformes structurelles et la lutte contre l'évasion fiscale.

le 18/02/2015 à 19:49
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C'est pour ça qu'il faut qu'ils impriment leurs propres billets.

le 19/02/2015 à 10:45
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Heu le régime Arrco-Agirc n'a pas le droit de s'endetter, c'est dans ses statuts ! Il finance son déficit actuel avec les réserves qu'il a su accumuler les années-décennies précédentes !

à écrit le 18/02/2015 à 18:23
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La clef du problème c'est la confiance, que les différents gouvernements grecs ont laminés au point que tout ce qui sort d'une bouche grecque n'est pas crédible. Ils ont trop menti, ils ont créé la situation ou celui qui leur fera confiance a surtout...

le 18/02/2015 à 19:05
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c'est vrai que allemands et français ne mentent pas: le truandage (comme vous l’appelez) des comptes grecs c'est fait avec la benediction de l'europe et l'aide de goldman sachs!

le 18/02/2015 à 19:35
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Heureusement en France tout va bien... Tapi, Sarkozy et Chirac sont Grecs?

le 18/02/2015 à 22:15
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@ c'est vraiment trop facile : Goldman Sachs a été mandaté par le gouvernement grec. Truandage avec la "bénédiction" de l'Europe, vous plaisantez ? Il y'a 5 ou 6 ans si l' "Europe", autrement dit un autre pays européen, ou la Commission européenne,...

le 18/02/2015 à 23:32
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Bah, tiens! Qui vole, ment et organise des arnaques dans cette vieille Europe? Parlons des allemands, qui ont reconstruit leur pays grâce à deux énormes suppressions des dettes ainsi qu'à celles qu'ils ne remboursent toujours pas à plusieurs pays eu...

à écrit le 18/02/2015 à 17:36
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Normalement, quand on signe un accord, on est tenu: les engagements de la Grèce signés par le gouvernement précédent obligent celui de M.Tsipras. Les allemands sont très attachés à ce principe de "Pacta sunt servandi". Mais de nos jours, pour beaucou...

à écrit le 18/02/2015 à 16:48
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Merci pour cet article sur la vérité des propositions grecques... Ce gouvernement n'est donc pas contre les privatisations par principe et réfléchit à ce que le produit de ces privatisations réfléchies abonde un organisme bancaire qui accorderait de...

le 18/02/2015 à 22:23
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C'est un prétexte pour bloquer les privatisations. Il n'y aurait que "Sur la vente des propriétés de l'État" qu'un tel fond pourrait être crée ? Cet "argument" peut être utilisé sur toutes les mesures qui pourraient amener des recettes, l'affecter à ...

à écrit le 18/02/2015 à 16:28
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Selon ces informations, la vision du gouvernement grec est de passer à une coopération "fondée sur la confiance et le respect mutuels". Jusqu'à récemment c'était quoi, toute la coopération était fondée sur l'arnaque ? Les grecs ont spolié les in...

le 18/02/2015 à 19:15
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mais les investisseurs privés peuvent aller se faire cuire un oeuf ils ont parié à un jeu dangereux et ils ont perdu!!!point barre!! la spoliation est un vol et ne se fait pas avec le consentement de celui qui est spolié!! va falloir ressortir le pet...

à écrit le 18/02/2015 à 16:09
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UN des journalistes à lire aujourd'hui parmi tous les journalistes et qui défend des idées. IL n'est pas à la botte du gouvernement (ou au moins nous ne nous en rendons pas compte). Sur la Grèce ce qui est dit est clair et c'est une grande partie de...

le 19/02/2015 à 11:19
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Alléger la fiscalité c'est facile à dire, sauf que sans diminution des dépenses on creuse le déficit. Il faut donc réduire les dépenses. Oui mais lesquelles? Chaque dépense est une recette ou un service pour chacun d'entre nous. Et individuellement,...

à écrit le 18/02/2015 à 15:58
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Merci pour cet article, ça change de la désinformation quotidienne que l'on peut lire au sujet de la Grèce.

à écrit le 18/02/2015 à 15:17
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il faut les Grecques passent sous les fours caudines mais ils sont tellement rigides alors cà ne sera jamais marché. La fierté des bandits quoi

le 18/02/2015 à 18:35
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Surtout qu'il faut se mettre a plat ventre...pour passer sous un four..

à écrit le 18/02/2015 à 15:15
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"... le 10 janvier 2000, Schäuble avait reconnu avoir touché en 1994 pour le compte de la CDU un pot-de-vin de plus de 100 000 DM de la part du trafiquant d'armes Karlheinz Schreiber ... '' (source Wikipédia, l'affaire des caisses noires de la CDU) ....

le 18/02/2015 à 15:49
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CDU de la même trempe que l'UMP feu RPR

à écrit le 18/02/2015 à 15:03
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En résumé, les Grecs demandes de l'argent tout de suite et promettent des réformes pour plus tard, comme d''habitude.

le 18/02/2015 à 19:10
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parce que nous on fait quoi???

à écrit le 18/02/2015 à 14:55
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nous allons savoir rapidement la tournure que vont prendre les évènements: la BCE doit prendre des décisions sur les liquidités d'urgence accordées aux banques (grecques). Ces décisions apparemment se prennent à la majorité des 2/3 des gouverneurs. O...

à écrit le 18/02/2015 à 14:52
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Merci encore à Romaric Godin pour la clarté et la qualité de ses analyses sur l'épreuve de force qui se déroule entre la Grèce et l'Eurogroupe.Les propositions faites par le gouvernement Tsipras sont importantes et les seules réalistes.Je crains for...

le 18/02/2015 à 16:25
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L'Eurogroupe attend une réponse du gouv.grec sur la question suivante:voulez-vous continuer le programme d'aide en place ou non?Le reste,c'est du pipeau.

à écrit le 18/02/2015 à 13:55
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Il faut être clair: soit on ne les aide pas et on n'a rien à leur dire s'ils dont faillite et défaut, après tout il suffit de regarder un peu l'histoire pour se rappeler que de nombreux pays parmi les donneurs de leçon ont eux-mêmes fait faillite, et...

à écrit le 18/02/2015 à 12:48
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encore un journaliste gauchisant pour qui des promesses dans les nuages constituent un programme....20 ans de gestion grecque et de famsification des comptes n'ont pas suffit à éclairer sa lanterne

le 18/02/2015 à 13:15
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encore un commentateur analphabète et timoré qui mélange anciens dirigeants corrompus et nouvelle équipe jamais testée. Hommes politiques d'hier inféodés a la banque goldman sachs, et d'aujourd'hui qui tentent de mettre de l'ordre et de la justice ...

le 18/02/2015 à 13:37
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En meme temps....c'est un peu à ca que doit servir la négociation entre la grèce et l'eurogroupe, non? trouver des moyens de superviser l'action du gouvernement tsipras dans un cadre plus réaliste économiquement et plus humain que celui qui existe ac...

le 18/02/2015 à 14:13
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ils disent niet à leurs préteurs actuels et vous pensez réellement que cette fois-ci ils vont tenir leurs promesses? vous êtes un doux rêveur.

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