Fillon dénonce la polémique sur la taxe carbone et sur ses relations avec Sarkozy

Par source Reuters  |   |  757  mots
Clôturant le campus d'été de l'UMP à Seignosse (Landes), François Fillon a balayé des "rumeurs" et des "spéculations", une "agitation médiatique (...) dérisoire" alors que de nombreux médias ont perçu dans la confusion de ces derniers jours sur la taxe carbone la preuve d'un nouveau désaveu de "l'hyperprésident" Nicolas Sarkozy envers son "collaborateur".

François Fillon a voulu clore dimanche un nouvel avatar de ses relations contrariées avec Nicolas Sarkozy en assurant qu'aucun désaccord ne l'opposait au chef de l'Etat sur la taxe carbone, casse-tête vert qui met à mal autant la cohésion de la majorité que celle de l'opposition.
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a annoncé sur Europe 1 que le président de la République annoncerait jeudi prochain son arbitrage sur la "contribution climat-énergie" dont la facture reste incertaine même si le Premier ministre a avancé le montant de 14 euros par tonne de CO2.
Un chiffrage prématuré si l'on en croit la chef de file des Verts, Cécile Duflot, qui a assuré jeudi à l'issue d'un entretien avec Nicolas Sarkozy que celui-ci ne s'était toujours pas prononcé.
Clôturant le campus d'été de l'UMP à Seignosse (Landes), François Fillon a balayé des "rumeurs" et des "spéculations", une "agitation médiatique (...) dérisoire" alors que de nombreux médias ont perçu dans la confusion de ces derniers jours la preuve d'un nouveau désaveu de "l'hyperprésident" Nicolas Sarkozy envers son "collaborateur".
"Ceux qui confondent le prix de la tonne de carbone avec un baromètre des relations entre le président et le Premier ministre en seront pour leurs frais", a lancé le chef du gouvernement.
François Fillon a réaffirmé implicitement sa proposition d'une taxe carbone initiale à 14 euros par tonne de CO2, sur la base du prix du marché, proposition formulée dans une interview au Figaro Magazine diffusée mercredi dernier.
Il a ainsi déclaré que l'Etat français ne pourrait "s'écarter au démarrage du prix de la tonne de CO2 sur le marché aujourd'hui".
Membres du gouvernement et dirigeants de la majorité se sont employés durant le week-end à dissiper l'impression de confusion qui paraît présider à la mise en oeuvre de cette nouvelle fiscalité verte critiquée par l'opposition socialiste.
Christine Lagarde a nié le moindre "couac" entre le chef de l'Etat et son Premier ministre.
"PAS L'OMBRE D'UN COUAC"
"J'ai participé avec mes collègues (Jean-Louis) Borloo, (Eric) Woerth et Chantal Jouanno à la réunion autour du président et du Premier ministre (vendredi), il n'y avait pas l'ombre d'un couac", a-t-elle assuré dans le cadre du "Grand Rendez-Vous" d'Europe 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France.
"On est en train de finaliser des arbitrages", a-t-elle dit, précisant qu'une ultime réunion se déroulerait mercredi soir et que les arbitrages définitifs seraient communiqués jeudi.
"On a un président de la République qui est en dynamique, en initiative, en force et un Premier ministre qui dirige son équipe, qui organise le travail, qui répartit les compétences" a-t-elle plaidé, saluant en François Fillon "un formidable chef d'équipe".
"Il est dans la discrétion, il fait le travail, il n'est pas toujours en train de chercher de la visibilité", a-t-elle dit.
Invité du "Grand Jury" RTL-Le Figaro-LCI, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a comparé la situation à une "tempête dans un verre de carbone" et assuré que "le Premier ministre n'a pas parlé trop vite" s'agissant des modalités de la taxe.
Pour Rama Yade, la taxe carbone n'est pas "un facteur de clivage" entre Nicolas Sarkozy et François Fillon. "Le Premier ministre a fait des propositions, il n'y a rien de répréhensible à cela", a dit la secrétaire d'Etat aux Sports sur Canal+.
François Fillon l'a réaffirmé dimanche, la taxe carbone, destinée à promouvoir les technologies propres, sera compensée intégralement sans hausse des prélèvements obligatoires. "Une opération blanche", déclare le ministre du Budget, Eric Woerth, dans Le Parisien Dimanche.
Pour les entreprises, la taxe, qui sera progressive, devrait être compensée par la suppression de la part de la taxe professionnelle sur les investissements. Pour les ménages, une baisse des cotisations sociales est évoquée, avec des mesures spécifiques d'accompagnement pour les plus démunis.
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, a confirmé dimanche à Seignosse que les critères sociaux et géographiques - les personnes résidant en territoire rural seront plus pénalisées - seraient pris en compte.
Elle a souligné que le montant de la taxe, qui s'appliquera aux énergies fossiles (essence, fioul, charbon, gaz), ne pourrait être "déconnecté du prix du marché".
Signe que l'Elysée et Matignon pourraient finalement se retrouver sur ce terrain après l'imbroglio des derniers jours.