"La fin de l'euro serait la fin de l'Europe", selon Nicolas Sarkozy

Par latribune.fr  |   |  750  mots
Copyright Reuters
Lors de ses voeux aux Français, le chef de l'Etat a prononcé un plaidoyer en faveur de la monnaie unique et de l'Europe. La France devra donc poursuivre sur la voie des réformes et de la réduction de ses déficits.

Nicolas Sarkozy a promis vendredi, une année 2011 "utile pour les Français", lors de ses voeux de Nouvel An. Le chef de l'Etat s'est engagé à défendre l'euro "de toutes (ses) forces". "Ne croyez pas, mes chers compatriotes, ceux qui proposent que nous en sortions", a-t-il dit au terme d'une année marquée par la plus grave crise de la monnaie unique depuis sa création. "La fin de l'euro serait la fin de l'Europe (...) Je m'opposerai de toutes mes forces à ce retour en arrière qui ferait fi de 60 ans de construction européenne (...). L'Europe est essentielle à notre avenir et à notre identité".

C'est la raison pour laquelle, a insisté le chef de l'Etat, "la France tiendra ses engagements en réduisant ses dépenses publiques et ses déficits, sous peine de voir son indépendance "gravement menacée". Je ne transigerai pas sur cet objectif", a-t-il ajouté en rappelant les difficultés des pays "qui ont voulu vivre au-dessus de leurs moyens". Seules concessions à ceux qui dénoncent la dictature des marchés, Nicolas Sarkozy a rappelé qu'il avait "toujours milité pour la préférence communautaire" et a promis qu'en cette année de présidence française du G8 (le groupe des principaux pays industrialisés) et du G20 (qui réunit les principales puissances économiques de la planète), la France défendrait l'idée d'un monde "plus régulé" et "moins brutal".  

Après avoir reconnu que la crise internationale, commencée en 2008, avait pesé lourd et exacerbé le sentiment d'injustice des Français, il a estimé que l'année 2011 s'annonçait "porteuse d'espérance" avec un retour de la croissance et les premiers fruits des réformes engagées. C'est notamment le cas, selon le président de la République, de celle du système des retraites. Ce dernier, a-t-il poursuivi, est désormais "à l'abri de la faillite inéluctable qui le guettait". La conviction du chef de l'Etat est donc "qu'il faut continuer inlassablement à renforcer nos atouts et à effacer nos points faibles en étant plus compétitifs, en formant mieux nos jeunes, en travaillant mieux".

Nicolas Sarkozy, dont nul ne doute qu'il sera candidat à sa succession en 2012, a ainsi fait valoir que la France ne pouvait pas se payer le luxe d'une "année d'immobilisme pré-électoral"."Nous allons donc continuer à réformer parce que c'est la seule façon de préserver notre modèle et notre identité" et "la seule façon de protéger la France et les Français" - un mot, "protéger", prononcé à cinq reprises... Le chef de l'Etat entend donc lancer en 2011 la création d'une branche de la Sécurité sociale pour aider les personnes âgées dépendantes, ainsi que  l'harmonisation des fiscalités française et allemande pour lutter contre les délocalisations". Il travaillera donc "sans relâche" avec le Premier ministre François Fillon, en qui il a redit avoir toute confiance, au service d'un retour de la prospérité française et de la création d'emplois.

Dans un tout autre registre, le chef de l'Etat a abordé les thèmes de la sécurité et de l'identité nationale. Il a réitéré son désir de mettre en place des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels pour renforcer la lutte contre la délinquance. "Ainsi, c'est le peuple qui pourra donner son avis sur la sévérité de la réponse à apporter à des comportements qui provoquent l'exaspération du pays". Enfin, il a promis de défendre les principes républicains que sont la laïcité et le refus du communautarisme. La loi interdisant le port du voile intégral sera ainsi appliquée "dans l'esprit comme dans la lettre".

Majorité et opposition ont réagi de façon convenue à cette intervention de Nicolas Sarkozy. L'UMP, par la voix de Dominique Paillé, a salué "la lucidité du chef de l'Etat, son courage et son volontarisme". Le PS, par celle de Benoît Hamon, a fustigé un président manquant de "respect" à l'égard des Français. «Manque de respect pour leurs aspirations quand sept Français sur dix se sont opposés en vain quatre mois durant à la réforme des retraites», «manque de respect pour leur intelligence, quand le gouvernement s'est entêté à défendre une politique où se sont mélangés intérêt privé et intérêt général (...), manque de respect pour leurs efforts"...