Marine Le Pen dévoile son programme économique

Par latribune.fr  |   |  679  mots
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Dévoilé ce vendredi, le programme économique du FN prévoit sans surprise le retour au franc et l'instauration d'un protectionnisme strict. Mais reprend aussi une proposition du PS : la fusion de l'impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée.

Sur les trois plumes à l'?uvre pour la rédaction du programme économique FN dévoilé ce jeudi, deux ont préférés rester anonymes. L'un d'entre eux s'est contenté de se présenter en utilisant le prénom François. Un autre a été reconnu, il s'agirait d'un membre du parti connu sous le nom de Nicolas Pavillon. Le dernier, Jean-Richard Sulzer est professeur d'économie et élu FN dans le Nord-Pas-de-Calais. 

Marine le Pen a défendu cette discrétion en arguant de l'existence, selon elle, d'un "véritable terrorisme intellectuel" en France, coupable de créer une atmosphère de "chasse aux sorcières" et de "maccarthysme".

Ce programme ne se veut pas exhaustif. La présidente du Front national l'a précisé dans le communiqué accompagnant le document. Il est toutefois présenté comme innovant, même si certaines des propositions sont dans la droite ligne du discours que tient Marine Le Pen depuis qu'elle a remplacé son père à la tête du FN.

Fin de l'Euro
Le programme prévoit par exemple le retour au franc. L'idée n'est pas neuve, elle revient à chaque intervention publique de la présidente du FN. La création de l'euro est présentée comme un échec. Pour le FN, la monnaie européenne a aggravé la crise de 2008. Dans son discours introductif, la candidate à la présidentielle présentait la zone euro comme "la zone économique la plus absurde du monde".

Selon le FN, les Français ont deux solutions : soit la préservation de l'euro qui impliquerait un "saccage social" soit une "sortie progressive", l'option préférée de la candidate qui y voit le moyen "d'oxygéner notre économie". Le retour à la monnaie abandonnée en 2002 se ferait sur la base de l'équation : 1 euro = 1 franc, suivie d'une dévaluation de 20 à 25%. Marine Le Pen ne croit pas que cette sortie de l'euro ne se traduira par un regain d'inflation ou par un creusement de la dette publique. Elle compte même sur un remboursement de 80% de cette dette d'ici 2025 grâce à des emprunts de l'Etat à des taux très bas.

Protectionnisme
Le nationalisme du FN s'exprime aussi à travers le patriotisme économique. Des mesures de protectionnisme sont ainsi prévues comme les quotas et les droits de douane. Elles sont censées, par un effet mécanique non expliqué dans le détail, recréer le pouvoir d'achat et contribuer à "réduire les inégalités territoriales de revenu".

"Révolution fiscale"
Le FN vise clairement les classes moyennes et les PME qui sont cités comme les deux grands "bénéficiaires de la révolution fiscale". Cette dernière propose de rénover et de refondre le système pour créer cinq impôts. Lors de son discours, Marine le Pen a aussi déclaré s'inspirer des travaux de l'économiste proche des socialistes, Thomas Piketty. Elle propose, comme le prévoit le projet présidentiel du PS, une fusion de l'impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée.

Le parti d'extrême droite promet ainsi de revaloriser l'emploi et le pouvoir d'achat par une nouvelle répartition des richesses. Aucune précision n'est apportée sur les moyens à mettre en ?uvre pour concrétiser ce projet, hormis la lutte contre "les ententes et les pratiques abusives" présentées comme de mises dans la grande distribution.  D'autres agents économiques sont visés comme étant la source des inégalités économiques. Le FN pointe notamment du doigt les grands groupes cotés en bourse générant des "super-profits". Concernant le travail, il est question de revenir sur la durée hebdomadaire de travail fixée à 35 heures depuis 2000..

Etatisme et centralisation
Marine Le Pen entend enfin  "renforcer le pouvoir de l'Etat " centralisé tout en faisant en sorte d' "alléger la bureaucratie". Pour cela, elle propose de réguler le secteur bancaire et faire en sorte que "la finance (soit) remise à sa juste place" sans préciser ce qu'elle entend par là.