La perte du Sénat provoque une certaine fébrilité dans la majorité

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  481  mots
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Le chef de l'Etat a pris acte de la perte de la présidence du Sénat. "L'élection présidentielle se jouera sur la crise" internationale, estime-t-il.

C'était prévisible, le basculement à gauche du Sénat, dimanche dernier, crée quelques remous au sein de la majorité présidentielle. Le député souverainiste de l'Essonne (ex-UMP), Nicolas Dupont Aignan, a même osé, lundi, ouvertement appeler Nicolas Sarkozy à ne pas se représenter en 2012. Le ministre de la Défense, Alain Juppé, n'a pas hésité, à qualifier la perte du Sénat comme "un échec pour l'UMP"... Jean-François Copé, secrétaire général du mouvement, a dû apprécier. Quant au collectif de la Droite populaire, emmené par le ministre des Transports, Thierry Mariani, et qui regroupe une quarantaine de députés UMP, il est sur le point de se transformer en véritable mouvement structuré au sein du parti présidentiel. Cela tiraille...Même si le Premier ministre, François Fillo,n a balayé ces divers états d'âme et promis qu'il "mettrait toutes ses forces" pour permettre au "président de la république d'être réélu".

A l'Elysée, justement, on fait le dos rond en espérant des jours meilleurs et en se persuadant qu'il n'y a pas de poussée à gauche dans le pays. La présidence s'est contentée de "prendre acte" du changement de majorité au Sénat. Et, signe qu'il convenait maintenant de passer à une autre séquence plus positive, Nicolas Sarkozy a demandé mardi matin, lors du traditionnel petit-déjeuner des responsables de la majorité, de ne pas insister pour la présidence du Sénat. "On perdra dans la dignité la présidence du Sénat". Une façon de signifier à Gérard Larcher (UMP), actuel détenteur du "plateau", de ne pas tenter des débauchages dans les rangs de la gauche pour assurer sa réélection samedi prochain.

Voilà qui dégage singulièrement la route de Jean-Pierre Bel (photo), sénateur PS de l'Ariège, réélu ce mardi par acclamation président du groupe PS du Sénat et officiellement désigné pour postuler à la présidence de la Haute Assemblée. Plus tôt dans la matinée, Catherine Tasca, sénateur PS des Yvelines, avait retiré sa propre candidature dans un souci "d'unité".

Il est clair que Nicolas Sarkozy compte plutôt sur la très difficile situation financière internationale pour se refaire une santé politique. "Ne vous y trompez pas, l'élection présidentielle se jouera sur la crise", a t-il lancé mardi matin. Le président cherche à apparaître comme un bouclier pour les Français dans cette période de tourmente. A cet égard, il semble évident que les six candidats à la primaire socialiste vont tenter de lui contester ce rôle et affûter leurs arguments sur la gestion de la crise, lors du deuxième débat télévisé qui va les opposer mercredi soir sur I Télé.