Winston Churchill, héros de la campagne électorale

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  434  mots
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Du sang, des larmes et de la sueur pour éviter le pire... Ce principe "churchillien" sera au cœur de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Le président de la république a trouvé son credo pour tenter de se succéder à lui-même à l'Elysée au printemps 2012 : apparaître aux yeux des Français comme un rigoureux père protecteur, capable de leur tenir un langage de vérité sur l'état des finances publiques. Une sorte de réincarnation de Georges Clemenceau ou de Winston Churchill, avec son fameux "du sang et des larmes". Une façon aussi de marginaliser le candidat socialiste, François Hollande, qui s'est lui-même qualifié de président "normal".

Or, la majorité présidentielle n'aura de cesse de le marteler dans les mois à venir, la période actuelle n'a rien de "normale". La crise financière et économique obligerait à rompre avec tout ce qui a été pratiqué depuis trente ans : les déficits publics filent et on vit à crédit. Les hussards du sarkozysme vont donc tenter de convaincre les Français qu'avec sa réforme fiscale et son souhait d'augmenter les impôts "des plus riches", François Hollande reste cantonné aux vieilles potions et n'a rien compris aux défis actuels et futurs.

La France ne souffrirait pas d'un manque de recettes mais bien davantage d'un surplus de dépenses. A l'inverse, bien entendu, Nicolas Sarkozy, avec son discours rigoureux sur la nécessaire limitation des dépenses - de protection sociale notamment - et le risque de perte du "triple A", se posera en rempart contre la descente de la France en deuxième division.

La majorité en place ne va donc pas hésiter à distiller de façon récurrente une crainte chez les Français avec une simple et fausse interrogation : "voulez-vous que la France finisse comme la Grèce ?". La réponse s'imposant d'elle même, il faudra donc bien accepter des sacrifices pour préserver le principal, améliorer la compétitivité et diminuer le coût du travail. Bref, tendre vers le nouvel horizon sarkozyste, à savoir l'Allemagne, "un système qui marche", a dit le président.

Il reste donc a François Hollande et aux socialistes à mettre au point un contre discours. La rigueur, certes, mais au service d'un projet de société. Et aussi démontrer que la majorité en place joue au pompier pyromane en criant haro sur les dépenses alors qu'elle a accordé quelque 75 milliards de "cadeaux fiscaux" depuis 2007. Dans ce contexte, Xavier Bertrand a raison : le thème de la justice (sociale, fiscale, économique) sera au centre des débats de la campagne, car les Français n'accepteront pas la rigueur s'ils la jugent frappée d'injustice.