Irlande : premier gouvernement à chuter à cause de la crise de l'euro

Par Eric Albert, à Londres  |   |  401  mots
Enda Kenny, nouveau premier ministre irlandais
Les Irlandais ont rejeté en bloc lors des élections de vendredi le gouvernement qui a signé le plan de sauvetage avec l'Union Européenne et le FMI. Enda Kenny, le nouveau premier ministre, fait de sa renégociation sa priorité.

La débandade est complète pour le gouvernement irlandais. Le Fianna Fáil, au pouvoir depuis quatorze ans et qui domine la politique irlandaise depuis 80 ans, a été violemment rejeté lors des élections de vendredi, dont les résultats complets ne seront disponibles que dimanche soir. Après avoir réalisé 42% des voix lors des élections de 2007, il n'a réuni que 15% des voix, tombant pour la première fois de son histoire au troisième rang. C'est le premier gouvernement à tomber à cause de la crise de l'euro.

Le principal vainqueur est le parti d'opposition de centre-droit, qui a obtenu 36% des voix. Il n'obtiendra cependant peut-être pas la majorité absolue au parlement, avec environ 80 sièges sur 166 (la majorité est de 83 sièges). Une coalition avec le parti travailliste, qui a réuni 20% des voix, pourrait être mise en place, ou potentiellement une coalition avec quelques députés indépendants. Enda Kenny, le leader du Fine Gael, est certain de devenir premier ministre. Il remplace Brian Cowen, le très impopulaire premier ministre, en place depuis trois ans, qui ne se représentait pas à cette élection.

Plus qu'une victoire de l'opposition, ce vote est avant tout un rejet de l'ordre établi par les Irlandais. Le Fianna Fáil est le symbole du « Tigre Celtique » et des années d'expansion économique. Depuis trois ans, c'est aussi lui qui tente de faire face à la faillite des banques : il a introduit quatre plans de rigueur en trois (baisse des salaires des fonctionnaires de 15%, hausse des impôts directs, réductions des allocations sociales...) et surtout a négocié en novembre le plan de secours du FMI et de l'Union Européenne.

Enda Kenny devrait maintenant mettre en place un gouvernement ayant comme principal mandat de renégocier les conditions du plan de sauvetage. « Je cherche coopération et soutien dans toute l'Europe », expliquait-il samedi soir. Il veut en particulier réduire le taux d'intérêt de 5,8% qui pèse sur le plan de sauvetage. Il veut aussi négocier un accord paneuropéen pour faire porter aux détenteurs des obligations « seniors » des banques une partie des pertes.

Les négociations s'annoncent tendues, notamment avec l'Allemagne, qui refuse d'en entendre parler. Enda Kenny devra aller très vite : deux sommets européens sur le sujet se déroulent dans le mois, le premier le 11 mars et le second le 25 mars.