"Big bang" des banques britanniques

Par Eric Albert, à Londres  |   |  479  mots
George Osborne, le chancelier britannique, ne rigole plus avec les banques. Copyright Reuters
Réforme majeure pour les banques britanniques : le chancelier de l'Echiquier va annoncer ce mercredi soir qu'il va imposer une séparation partielle entre banque d'investissement et banque de détail.

George Osborne aura osé. Le chancelier de l'Echiquier britannique, très silencieux depuis quelques temps, va annoncer ce mercredi soir une réforme profonde des banques. Acceptant intégralement les recommandations de la commission bancaire - qu'il avait lui-même créée - il va demander à ce que les banques séparent mieux leurs activités de détail de leurs activités d'investissement.

Pas question de revenir à un Glass-Steagall Act à l'américaine, où les banques seraient entièrement séparées. Mais la banque de détail va devoir être "protégée" de ses activités "casino". Concrètement, les banques de détail devront être capitalisées à part. Cela doit leur permettre de faire face à un grave choc financier du côté des banques d'investissement, sans mettre en danger les dépôts des particuliers et des entreprises. Le niveau de capitalisation envisagé serait de 10% des actifs (sur une base pondérée par le risque, les fameux "risk weighted assets" en anglais).

De plus, l'activité de banque de détail devra être clairement séparée de celle de banque d'investissement. Là encore, l'objectif est d'éviter la contagion en cas de crise financière.

Ces réformes seront présentées ce mercredi soir lors du dîner de gala annuel de Mansion House, la résidence du Lord-Maire de la City. L'assistance, composée du gratin de la City, risque de ne guère apprécier. Pour les banques britanniques, ces changements ont deux impacts, qu'elles estiment négatifs: d'une part, cela va les forcer à immobiliser plus de capital pour protéger la banque de détail, et donc à réduire d'autant leur rentabilité; d'autre part, la séparation effective des activités de détail et d'investissement va être très compliquée. En particulier, les grands établissements font savoir que le travail qu'ils effectuent pour les multinationales -par exemple la gestion de la liquidité, ou les émissions obligataires- nécessitent une présence sur les marchés des capitaux.

Néanmoins, George Osborne a décidé de ne pas tenir compte de ces arguments. L'explication est en partie technique: le chancelier britannique estime que ces réformes ne sont pas si différentes que cela de ce qu'il se passe dans le reste du monde. Mais elle est aussi politique: cela lui permet de donner l'impression de se montrer dur contre la City, lui qui est soupçonné d'être un idéologue ultra-libéral, ami des financiers. Cela retire ainsi des arguments à son grand rival et ministre de l'industrie, Vince Cable: ce libéral-démocrate s'est toujours montré très dur contre les banques et menait campagne sur le sujet de la séparation des banques. Il ne peut désormais plus qu'accepter la décision de George Osborne, en faisant semblant d'applaudir (et en avalant discrètement son chapeau).