Le cataclysme du 15 septembre 2008 n'en finit pas d'égrener, au fil des mois, ses effets dévastateurs. Et tous ceux qui pensaient que l'effondrement de la banque Lehman Brothers n'était plus qu'un mauvais souvenir en sont pour leurs frais. La Bourse qui, quoi qu'en disent certains, est le parfait baromètre de la santé financière d'un secteur ne s'y trompe pas. Les banques américaines accusent depuis le début de l'année d'exécrables performances. Tendance d'autant plus symptomatique qu'elle intervient dans un mouvement de reprise généralisé des indices nord-américains. Les maîtres du monde ne parviennent manifestement pas à retrouver leur superbe. Il faut dire que ces colosses aux pieds d'argile ne manquent pas d'entraves. Les alliés politiques d'hier se révèlent aujourd'hui de farouches adversaires. Comme en témoignent les dernières décisions du Sénat américain ou du régulateur boursier qui viennent d'infliger à l'ensemble de la filière bancaire de sévères coups de semonce. Comme cette perspective d'imposer des niveaux de fonds propres encore plus drastiques que ceux imaginés dans le cadre de Bâle III. Les bonus disproportionnés et les trains de vie « bling bling » des grands banquiers auraient-ils donné envie à toute une partie de la population d'en découdre avec ces pratiques jugées aujourd'hui anachroniques ? Même la Fed s'en mêle, envisageant d'imposer une nouvelle moisson d'augmentations de capital pour renforcer le matelas des banques. Les Américains, on le sait, n'ont aucun complexe vis-à-vis de l'argent. En revanche, ils ne pardonnent pas facilement à ceux qui ne tiennent pas leurs promesses et s'affranchissent du droit. Certains banquiers n'ont pas hésité à franchir la ligne blanche au nom du profit. Ils devront maintenant montrer longtemps patte blanche avant de récupérer leurs lettres de noblesse.
Banques américaines, colosses fragiles
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