Pourquoi la primaire du New Hampshire est plus importante qu'il n'y paraît

Par Jérôme Marin, à New York  |   |  855  mots
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Si les jeux semblent déjà faits, le vote des militants républicains dans cet Etat du nord-est des Etats-Unis pourrait avoir des conséquences capitales pour la suite de la campagne. En attendant un scrutin crucial en Caroline du Sud.

Non, la primaire du New Hampshire n'est pas sans intérêt. Certes, les sondages ne laissent que très peu de doutes sur son issue. Mais les résultats du vote et les écarts entre les différents candidats pourraient être riches en enseignements. Et conditionner la suite de la campagne pour les six prétendants encore en course pour décrocher l'investiture républicaine. Après l'Iowa et avant la Caroline du sud, le New Hampshire jouera bien un rôle central dans ces primaires. En voici les trois principaux enjeux.

1- Large victoire impérative pour Mitt Romney
Dans l'Iowa, Mitt Romney s'est certes imposé. Mais en y regardant de plus près, sa performance n'a rien d'impressionnante. Avec 24,6% des suffrages, l'ancien gouverneur du Massachusetts a fait légèrement moins bien qu'en 2008, lorsqu'il avait largement été battu par le pasteur Mike Huckabee. Quatre ans après, Mitt Romney a toujours le même problème. Pas assez conservateur, pas assez proche des gens, il ne suscite pas un véritable enthousiasme au sein de l'électorat républicain. Il n'est en fait quasiment sauvé que par son statut de seul candidat en mesure de battre Barack Obama en novembre prochain. Un choix par défaut en somme. Mais pour conserver cet avantage, il n'a pas le droit à l'erreur. Et surtout pas dans le New Hampshire, l'Etat dans lequel il réside et où les sondages lui ont toujours été très favorables. Les dernières enquêtes d'opinion le créditent de 20 points d'avance sur tous ses concurrents. Si sa victoire ce mardi ne fait absolument aucun doute, l'écart sera primordial. Un succès par 10 points ou moins pourrait être considéré comme une sacrée contre-performance et redonnerait alors espoir à ses poursuivants, à trois semaines d'une primaire primordiale en Caroline du Sud. Au contraire, un succès aisé renforcerait son "momentum". Et peu d'obstacles ne sembleraient alors pouvoir l'empêcher de décrocher l'investiture républicaine.

2- Rick Santorum doit s'affirmer comme la seule alternative conservatrice
Invité de dernière minute du caucus de l'Iowa, Rick Santorum veut entretenir la flamme. S'il n'a aucune chance de devancer Mitt Romney, une grande partie de son destin présidentiel pourrait bien se jouer dès ce mardi. En 2008, Mike Huckabee, net vainqueur dans l'Iowa, avait trainé comme un boulet son faible score dans le New Hampshire et perdu dans la foulée la primaire de Caroline du Sud, devancé par John McCain. Cette année, Rick Santorum fait face au même problème. Son discours basé sur les valeurs et sur la famille, et centré autour de la classe ouvrière rencontre un écho beaucoup moins important dans cet Etat moins religieux et plus modéré. De fait, il n'a pas vraiment percé dans les intentions de votes, stagnant sous le seuil des 10% malgré tout l'attention qui s'est portée sur lui. Surtout, l'ancien sénateur de Pennsylvanie doit s'imposer comme l'unique alternative conservatrice possible face à Mitt Romney. Car sa seule chance de remporter l'investiture sera de rassembler toutes les voix les plus à droites au sein du parti républicain. Michele Bachmann a déjà quitté la campagne. Mais restent Newt Gingrich et Rick Perry. Rick Santorum doit impérativement les reléguer le plus loin possible et ainsi les éliminer afin d'augmenter ses chances en Caroline du Sud, où une victoire de Mitt Romney mettrait quasiment fin au suspens. 

3- Jon Hunstman joue sa dernière carte
Depuis le début de sa campagne, l'ancien ambassadeur des États-Unis en Chine a tout misé sur la primaire du New Hampshire. Autant dire qu'une grande partie de sa candidature va jouer ce mardi soir. Pendant que ces adversaires se battaient dans l'Iowa, un terrain jugé peu propice à son profil plus modéré, il a concentré tous ses efforts sur cet Etat, le parcourant d'est en ouest, du nord ou sud. Il a multiplié les campagnes de pub et cherché à discréditer Mitt Romney. Sa stratégie est simple: il compte sur un bon score dans le New Hampshire pour émerger comme un candidat incontournable. En somme, réaliser la même surprise que Rick Santorum dans l'Iowa. Problème: Jon Hunstman ne perce toujours pas dans les sondages, à peine crédité de 9% des interventions de votes - beaucoup moins sur le plan national. Et ce n'est pas le soutien obtenu en fin de semaine dernière de la part du "Boston Globe", l'un des quotidiens marqués le plus à gauche du pays, qui est de nature à changer la donne. Le problème est plus profond. Trop posé, pas assez populiste, il n'a jamais trouvé sa place dans cette campagne. A moins d'un miracle, cela ne changera pas. Un mauvais score ce mardi le condamnerait très certainement, d'autant que ni la Caroline du Sud ni la Floride ne lui seront favorables. La probabilité de voir Jon Hunstman jeter l'éponge dès mardi soir n'est donc pas négligeable. Lui qui voulait être le Rick Santorum du New Hampshire connaîtrait, au contraire, le même sort que Michele Bachmann dans l'Iowa.