Quand Newt Gingrich s'en prend à CNN, le public se lève

Par Jérôme Marin, à New York  |   |  619  mots
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L'ancien président de la Chambre des représentants s'est de nouveau attaqué aux médias, accusés de soutenir Barack Obama, après les révélations de son ex-femme sur leur vie conjugale.

Newt Gingrich n'en est plus à son coup d'essai. Jeudi soir, en ouverture d'un débat entre les candidats républicains, l'ancien président de la Chambre de représentants a violemment attaqué les médias américains. En cause: une interview de son ex-femme diffusée quelques minutes plus tôt sur ABC. Au cours de cet entretien, elle indique notamment que son ex-mari lui avait proposé un mariage "libre" afin de poursuivre sa relation avec sa maîtresse de l'époque, devenue depuis sa troisième femme.

Ce n'est pas la première fois que la vie conjugale de Newt Gingrich s'expose dans la presse américaine. D'ailleurs, ses adversaires républicains ne manquent jamais une occasion - ils l'ont encore fait jeudi soir - de rappeler les dizaines d'années de mariage avec leur épouse. Gingrich, lui, a divorcé à deux reprises et a entretenu une relation extraconjugale lorsqu'il siégeait encore au Congrès américain. Un handicap auprès de l'électorat conservateur, avec ses valeurs familiales et religieuses.

Jeudi, les révélations de sa deuxième épouse ont été reprises par de nombreux médias. Si bien que John King, l'un des présentateurs vedette de CNN, décide de commencer le débat du soir sur ce sujet. Invité à répondre, Newt Gingrich le fait alors dans son style habituel. "Utiliser mon ex-femme à deux jours de la primaire (en Caroline du Sud) est proche de la chose la méprisable que je puisse imaginer", a-t-il lancé sous les applaudissements du public. Avant d'enfoncer le clou: les médias "veulent attaquer tous les candidats républicains. Je suis fatigué de les voir essayer de protéger Barack Obama".

CNN en a aussi pris pour son grade: "Je suis abasourdi de constater que CNN reprenne de tels ragots et les utilise pour débuter un débat présidentiel". Quand John King essaie de se défendre - et aussi de s'exonérer de ses responsabilités -, le ton monte encore plus. "John, cela a été répété par votre chaîne et vous avez choisi de débuter le débat avec cela. N'essayez pas d'accuser les autres", indique-t-il en pointant du doigt le présentateur de CNN.

Attaquer les médias est toujours une valeur sûre dans le camp républicain pour tenter d'enterrer des histoires embarrassantes. Les arguments sont toujours les mêmes: les journalistes roulent pour les démocrates et pour Barack Obama. Englué dans les histoires de m?urs, Herman Cain avait lui aussi essayé, sans y parvenir - et avait ainsi choisi d'abandonner la course à l'investiture début décembre. Newt Gingrich est plus talentueux et plus agressif dans cet exercice. Et donc forcément plus convaincant. Mais cela alimente aussi son image de "grincheux".

Quoiqu'il en soit, ces trois minutes semblent avoir refermé, au moins temporairement, cet épisode. A la veille de la primaire en Caroline du Sud, les derniers sondages font de Newt Gingrich le favori de ce vote, devant Mitt Romney. 

Mais au-delà, la question de l'influence de la vie privée de Newt Gingrich sur la campagne reste entière. Très malicieusement, Rick Santorum a soulevé ce point, expliquant que le parti républicain ne pouvait pas se permettre de choisir un candidat qui doit se soucier des prochaines révélations de la presse. Les partisans de Newt Gingrich, eux, veulent croire à la "rédemption", un argument notamment avancé par Rick Perry pour justifier son soutien à l'ancien président de la Chambre.

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