La réélection de Barack Obama menacée par les prix à la pompe ?

Par Jérôme Marin, à New York  |   |  625  mots
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Malgré l'amélioration de l'économie, la cote de popularité du président américain est tombée à sous plus bas niveau historique. 65% des Américains désapprouvent sa gestion des prix du carburant.

La chute est tout aussi inattendue que brutale. Alors que l'économie et l'emploi, les deux principales préoccupations des Américains, s'améliorent, la cote de popularité de Barack Obama vient de tomber à son plus bas niveau historique. Seulement 41% des sondés approuvent l'action du président américain, selon une enquête réalisée la semaine dernière par le New York Times et CBS. C'est 9 points de moins qu'en février, lorsqu'elle avait touché la barre des 50% pour la première fois depuis l'assassinat de Ben Laden en mai 2011

Ce sévère repli s'explique principalement par la hausse des prix du carburant à la pompe, qui se rapprochent lentement mais sûrement de la barre symbolique des 4 dollars le gallon (3,78 litres). Et ils pourraient même dépasser, cet été, le record de 4,11 dollars touchés en juillet 2008. 65% des Américains estiment que l'administration Obama ne gère pas correctement cette question, selon un sondage du Washington Post et d'ABC. "La chute d'Obama est particulièrement prononcée chez les foyers à bas revenus, qui ressentent plus que les autres la hausse des prix du carburant", souligne le New York Times.

Au-delà de la simple hausse des prix, il faut également souligner le rôle des candidats à l'investiture républicaine. Et notamment celui de Newt Gingrich. En bon tacticien, l'ancien président de la Chambre s'est rapidement saisi de cette question. Avec une promesse choc: un gallon à 2,50 dollars. Pour y parvenir, il préconise (comme les autres républicains) une politique énergétique ambitieuse, passant par une accélération des forages (le fameux "Drill, baby, drill"), par un assouplissement des règlementaires environnementales et par la construction rapide du pipeline Keystone XL, aujourd'hui bloquée par l'administration Obama.

Newt Gingrich va encore plus loin et accuse Barack Obama de vouloir "secrètement" un gallon à 9 ou à 10 dollars afin de promouvoir le développement des énergies vertes. "David Chu (le secrétaire à l'Energie d'Obama) pense que les Américains devraient payer le même prix que les Européens", rappelle-t-il. Si Barack Obama a assuré le contraire au cours de sa dernière conférence presse, organisée la semaine dernière à Washington, ces attaques semblent en tout cas porter leurs fruits. Newt Gingrich pourrait s'imposer ce mardi soir dans l'Alabama et le Mississippi, et ainsi totalement se relancer dans la course à l'investiture.

Barack Obama se retrouve, lui, à nouveau dans une situation délicate. Certes, il reste huit mois avant les élections de novembre, mais la hausse des prix à la pompe menace ses espoirs de réélection facile. Jusque-là, tous les voyants semblaient en effet être au vert. Menacée de rechute au premier semestre 2011, l'économie américaine connaît désormais une reprise plutôt solide, avec une croissance de 3% du quatrième trimestre 2011. Même s'il reste à un niveau encore élevé (8,3%), le taux de chômage a nettement reculé ces derniers mois, compliquant la tâche des adversaires de l'administration démocrate.

Déplacées sur les sujets de société (comme la religion et la contraception), les attaques des républicains se sont même retournées contre eux par leur caractère excessif et réactionnaire. Quant à ces interminables primaires républicaines, elles commencent à créer un sentiment de lassitude, tout en continuant de discréditer des candidats lancés dans une surenchère de publicités négatives et de coup bas. Selon le sondage New York Times/CBS, Barack Obama conserve ainsi une petite longueur d'avance sur Mitt Romney et Rick Santorum en vue de la présidentielle.

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