Renault Espace : Le pionnier du monospace toujours formidable

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1231  mots
Renault
Lancé il y a dix ans, il a à peine vieilli. Restylé à l'avant avec des moteurs plus sobres, l'Espace reste un formidable véhicule familial, spacieux, lumineux, hyper-confortable et très doux à conduire. Un vrai salon roulant, du temps où Renault savait réinventer l'automobile.

L'Espace IV a dix ans ! Dans l'automobile d'aujourd'hui, c'est énorme. Pour faire patienter les rares clients qui lui restent, le pionnier du monospace européen retouche son museau, pour se donner un air de parenté avec les Renault actuelles, et revoit ses diesels pour consommer moins. C'est l'occasion de reprendre le volant d'une voiture exceptionnelle... et qui le reste.

 Luminosité et espace

Les petites retouches esthétiques ne changent pas grand-chose.  Mais, avec ses lignes originales, acérées et aérées, l'Espace IV n'a pas pris une ride. Il continue de ne ressembler à aucun autre véhicule. Bravo. A l'intérieur, la profusion de plastiques durs est moins séduisante et l'ergonomie du système audio - caricaturalement complexe et mal placé - reste critiquable. Mais on demeure toujours pantois devant la merveilleuse sensation d'espace à bord, renforcée par une planche de bord épurée, pas trop intrusive qui dégage de la place, les multiples rangements et... la formidable luminosité renforcée par un toit vitré panoramique. Le véhicule a été conçu en un temps où on multipliait les surfaces vitrées - avant la mode actuelle, idiote et dangereuse, des mini-vitrages « bunker ». La vision à travers l'immense pare-brise (balayés par de grands et efficaces essuis-glaces) et les vitres latérales avant est remarquable.

Intérieur noir

 Dommage que les marketo-designers aient remplacé les teintes claires et douces des débuts par une harmonie uniformément noire et sinistre sur notre modèle d'essai  - là, c'est une vraie régression. Les sièges, naguère revêtus de tissus doux au toucher, sont aussi remplacés, ici, par un tissu rugueux combiné à du cuir ressemblant à du skaï. D'ailleurs, nous ne somme pas sûrs que ce soit finalement du cuir ! Bof. La position de conduite demeure perfectible à cause d'un volant non réglable en profondeur. Et l'accoudoir central gêne les passages de vitesses. Mais on se sent néanmoins installé dans un vrai salon roulant. Une sensation fort agréable, qui se double d'un véritable auditorium, car le système audio est performant.

 Habitabilité généreuse mais modularité dépassée

Si l'accessibilité et l'habitabilité restent exemplaires, la modularité est, elle, dépassée. Les sièges ne s'effacent pas dans le plancher comme sur les véhicules plus modernes. Ils sont dès lors encombrants et rognent sur la place à bord quand on n'en a pas besoin. Certes, ils dégagent un bel espace plat quand on les dépose, mais ils sont lourds, peu maniables. Et il faut pouvoir les stocker. Sinon, c'est un modèle familial toujours aussi intelligent et polyvalent. Signalons au passage que notre véhicule d'essai n'émettait pas de bruit parasite, ce qui est étonnant sur un monospace qui fait toujours caisse de résonance. Preuve d'une fabrication soignée. Là, le véhicule a progressé, tout comme en fiabilité, laquelle était mauvaise, voire désastreuse, pendant les premières années de commercialisation. Aujourd'hui, l'Espace ne présente pas de risque particulier. Ouf.

Confort supérieur

A la conduite, la douceur générale surprend toujours aussi favorablement. Quelle onctuosité ! Le moteur souple et linéaire ne distille jamais d'à coups et se combine parfaitement avec un embrayage précis, une boîte de vitesses fluide. Un moteur de cylindrée suffisante (1.995 cm3) est tellement plus agréable que les mini-moteurs récents (comme le 1,6 dCi 130) qui calent au d

émarrage et exigent des changements de rapports permanents pour maintenir le rythme... au grand dam de l'agrément et sans doute de la longévité ! Mécanique feutrée et... suspensions exemplaires sont ici au programme. L'Espace IV a été conçu du temps où les voitures françaises affichaient un confort nettement supérieur à celui de toutes leurs concurrentes étrangères. Depuis, malheureusement, les constructeurs tricolores ont durci leurs trains roulants pour singer les allemands, qui, dans le même temps, ont, eux, réduit l'inconfort de leurs véhicules ! Un Espace est bien plus moelleux qu'un Scénic ou qu'un Peugeot 5008. Ne parlons même pas des Laguna ! Ralentisseurs, inégalités de la chaussée, sont effacés avec une prévenance qui rend a contrario les autres véhicules bien « tape-culs ». Les suspensions travaillent en outre silencieusement. Appréciable.

Direction douce et trop légère en virage

Le comportement routier n'appelle pas de critique. Mais les pneus « verts » Continental Ecocontact ne sont pas ce qu'il y a de mieux sous la pluie, notamment pour le freinage. La voiture reste quand même stable et sûre, y compris sur des routes inondées avec des conditions météo exécrables - comme lors de notre essai. On critiquera toutefois une direction tellement douce et légère qu'elle en devient inconsistante à haute vitesse et en virage serré. On a du mal à sentir, du coup, les limites réelles de ce véhicule au centre de gravité élevé. Mais, vu le confort procuré, nous acceptons cet inconvénient.

Prix assez coquets

L'Espace, que nous n'avions pas conduit depuis des années, nous a surpris de nouveau par son habitabilité, sa luminosité, son confort, sa douceur générale. Un véhicule qui fait regretter la créativité - parfois brouillonne - du Renault d'antan. L'Espace était un modèle réellement innovant, intelligent, qui, à chaque nouvelle génération, recréait le genre. Dommage que l'ex-Régie se soit recentrée ensuite sur des véhicules banals destinés à ne déplaire à personne, au risque de ne séduire quasiment personne non plus - comme la Laguna actuelle ! Mais pourquoi donc Renault a-t-il laissé vieillir cet Espace, qui représentait son haut de gamme, et dont la nouvelle mouture n'arrivera pas avant 2014 ? En attendant, le « vieil » Espace IV reste encore à notre sens la meilleure Renault au catalogue d'aujourd'hui. C'est en tous cas toujours le meilleur grand monospace familial. Restent deux écueils. Le prix de vente demeure assez élevé, avec une offre de 35.700 à 51.600 euros. Notre Espace 2,0 dCi 150 en version d'entrée de gamme « 25 ans » (drôle d'appellation, le tout premier Espace étant apparu il y a 29 ans !) est à 37.700 euros.  Une somme coquette qui comprend heureusement le GPS et le large toit vitré ouvrant ! Pour 1.200 euros de plus, on a droit à la version rallongée Grand Espace sept places.

Consommations encore un peu élevées

En outre, la consommation n'est pas spécialement économique, surtout en ville, à 9 litres aux cents en moyenne durant notre essai. Les rejets de C02, corrélés à la consommation, se montent à 150 grammes au kilomètre, selon des cycles d'homologation qui ne correspondent en rien à la consommation et la pollution réelles dans la vie quotidienne. Ces calculs d'émissions rendent la voiture passible d'un malus pseudo-écologique. Injuste pour un véhicule familial qui incite à une conduite sereine et apaisée.

Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Renault Espace 2,0 dCi 150 « 25 ans » : 37.700 euros (+200 euros de malus)

Puissance du moteur :  150 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,66 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,78 (haut)

Qualités : originalité, polyvalence, belle sensation d'espace, luminosité exceptionnelle, grande douceur générale, mécanique feutrée, confort remarquable

Défauts : plastiques durs, détails d'ergonomie, direction trop légère, pneus « verts » pas toujours efficaces, modularité dépassée, consommation

Concurrents : Peugeot 807 HDi 163 Active : 37.400 euros ; Ford Galaxy  2,0 TDCi 140 Titanium : 38.200 euros ; VW Sharan TDi 140 Confortline : 38.270 euros

 

Note : 15 sur 20