Peugeot 4008 : un 4x4 français... «made in Japan»

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1235  mots
Peugeot / DR
Ce tous chemins compact ressemble à une vraie Peugeot. Seulement voilà: un avant et une poupe soigneusement redessinés n'empêchent pas le 4008 d'être un pur produit japonais, en l'occurrence un... Mitsubishi ASX, conçu et assemblé dans l'archipel. Ce 4x4 faussement tricolore est plutôt réussi. Mais il est assez cher, car produit en yens !

Aux termes des accords de coopération, Mitsubishi, spécialiste nippon du tout-terrain, fournit le groupe PSA en 4x4. Après le grand 4007 -dérivé du Mitsubishi Outlander-, voici le 4008 -issu du Mitsubishi ASX. Contrairement à ce que son nom laisse supposer, le nouveau 4008 est plus petit que le... 4007. Retouché à l'avant et à l'arrière, le 4008 passe facilement pour un pur produit Peugeot. Bravo pour l'air de famille. Pourtant, ce tous chemins compact partage la presque totalité de ses composants avec l'ASX et le C4 Aircross, le frère de Citroën. Voilà donc en fait un vrai véhicule japonais, conçu et assemblé dans l'archipel.

Version raccourcie du 4007

Arrivé deux ans après l'ASX, ce 4008 -comme le Citroën C4 Aircross- reprend la même plate-forme que le 4007 -alias Mitsubishi Outlander. Il est seulement raboté aux niveaux des porte-à-faux avant et arrière. Il ne mesure du coup que 4,34 mètres de long. Moins qu'un 3008! Avec ses lignes équilibrées, assez cossues, le 4008 nous paraît réussi esthétiquement. Si Peugeot a mis de l'argent pour revoir l'extérieur de l'ASX, il n'en a pas dépensé beaucoup pour retoucher l'intérieur, intégralement identique à celui du Mitsubishi, à la façade audio-GPS et au volant près. Ce n'est d'ailleurs pas une critique. Nous retrouvons donc une planche de bord nette, sans fioriture, solidement assemblée à la japonaise, avec des plastiques costauds mais pas très flatteurs. La position de conduite est facile à trouver avec des commandes à portée de mains. L'accoudoir central est réglable en longueur (youpi !) mais pas en hauteur (dommage !). Les sièges sont bien dessinés. Nous n'aimons pas le tissu rêche, mais apprécions en revanche le cuir (en option sur notre véhicule d'essai). Le plus gros reproche concerne cette... noirceur uniforme de l'habitacle. On aurait apprécié un peu de gaieté. L'habitabilité, héritée du 4007, est satisfaisante, au détriment d'un coffre réduit. C'est lui qui fait les frais de la réduction des dimensions. Et, la banquette arrière n'étant pas coulissante, impossible d'agrandir ledit coffre ! Accessibilité (à l'avant) et visibilité sont avantageuses, comme sur toutes les voitures aux lignes géométriques. A l'arrière, l'accès est en revanche plus malaisé.

Un diesel satisfaisant

Peugeot offre le choix entre deux diesels : un 1,6 HDi de 115 chevaux d'origine française et un 1,8 de 150 chevaux puisé chez Mitsubishi. Notre modèle d'essai était doté de ce dernier. Une excellente mécanique, souple et volontaire, mais qui doit composer avec un poids assez élevé. Attention à bien accélérer au démarrage, sinon... on cale. Et ce, d'autant que l'embrayage est un (tout petit) peu sec. Mais, on s'y habitue. Notons un levier de vitesses également un tantinet rugueux, qui accroche parfois au passage des rapports. Le système de « Stop and Start » (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge) japonais fonctionne bien, même si on s'en lasse à la longue. Comme toujours avec ces systèmes. Cette mécanique globalement plaisante, combinée aux quatre roues motrices, nous a fait consommer 6,5 litres aux cents sur route et 8,5 litres en ville. Normal pour un tel véhicule.

Châssis amélioré

Les ingénieurs de PSA ont retravaillé les liaisons au sol. Et le résultat est au final meilleur qu'à bord de l'ASX. La voiture est saine, équilibrée. Peugeot offre d'emblée les quatre roues motrices. La simple version 4x2, disponible chez Mitsubishi et Citroën, n'existe pas ici. Un plus pour la motricité, bien meilleure que sur la version 4x2 essayée au printemps chez Citroën. Rien à redire. C'est efficace. Les suspensions, souples, favorisent le confort. Et on ne retrouve pas ici les trépidations de l'ASX ! Question confort, c'est donc plutôt correct. Mais, Peugeot ne proposant son 4008 qu'en finition haut de gamme incluant les grandes roues de 18 pouces, le toucher de route est raffermi. Les ralentisseurs sont du coup assez sèchement ressentis. Agaçant. Nous serons toutefois surtout sévères pour la mauvaise insonorisation. Les suspensions travaillent malheureusement de façon sonore. Les bruits de roulement sont aussi présents. Et on note quelques grincements de mobilier intérieur.


4x4 pour la neige

Notre 4008 4x4, équipé de pneus mixtes, affronte le hors bitume. Ce n'est évidemment pas un 4x4 pur et dur. Pour ça, il faut aller chercher le... Mitsubishi Pajero. Mais, pour un modèle tous chemins, le véhicule se montre polyvalent. Gare cependant à la garde au sol, qui n'est pas si haute que ça ! Les quatre roues motrices seront aussi les bienvenues dans les régions à climat rude, avec de fréquentes chutes de neige.On les appréciera cet hiver.

Proposition honnête

Arrivé tardivement sur le marché, le 4008, plus raffiné que l'ASX de Mitsubishi, est une proposition honnête. Tout comme le Citroën C4 Aircross. On aura l'avantage d'une conception et d'une production japonaises, réputées pour la fiabilité. Et, en même temps, on profitera de l'étendue du réseau après-vente Peugeot, bien plus dense en France que celui d'un constructeur japonais. Ceci dit, avis aux « patriotes » : ce Peugeot doté d'un moteur nippon n'a quasiment rien de français. L'apport du « made in France » est extrêmement limité. En conséquence, les tarifs s'envolent. Produit au Japon, le 4008 pâtit de la forte hausse de la devise nippone, le yen, mais aussi des coûts logistiques pour ramener le véhicule du lointain archipel. En plus, il faut ici rémunérer à la fois Mitsubishi, qui a développé le véhicule et le fabrique, ainsi que Peugeot qui le distribue. Les deux marges s'accumulent. Bref, le véhicule est cher dans sa catégorie. C'est son principal défaut. Et ne comptez pas vous rattraper sur les pièces détachées, qui reflètent aussi le « made in Japan ». Comme, en plus, Peugeot, se borne à commercialiser une seule version très équipée (accès et démarrage mains libres, aide au démarrage en côte, climatisation automatique, GPS et caméra de recul, projecteurs au xénon d'ailleurs peu efficaces...), les tarifs sont de... 33.700 euros pour la version 115 chevaux et 35.700 pour celle équipée de la mécanique de 150. Dans ce dernier cas, il faut ajouter 200 euros de malus, en attendant que celui-ci ne grimpe en 2013, le gouvernement français ayant décidé de surtaxer les automobilistes ! Les options sont assez onéreuses, comme l'intérieur cuir à 1.900 euros. Le toit vitré panoramique, qui éclaircit l'habitacle, est à 850, la peinture métallisée à 640. Le joli blanc nacré de notre version de test est carrément à 790. Signalons qu'un Mitsubishi ASX Instyle 4x4 est à 32.200, soit 3.500 euros de moins que le 4008 avec la même mécanique ! Le tarif sera, et de loin, le principal frein à la diffusion d'un modèle par ailleurs assez homogène et convaincant.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Peugeot 4008 1,8 HDi : 35.700 euros (+ 200 euros de malus)

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,34 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,63 (haut)

Qualités : moteur diesel agréable et assez sobre, châssis sain, réputation de robustesse du « made in Japan », habitabilité, ligne plaisante

Défauts : prix trop élevé, intérieur triste, coffre limité, boîte accrocheuse, bruits de roulement

Concurrents : Toyota Rav 4 D-4D 150 4WD Limited Edition : 31.600 euros ; Mitsubishi ASX 1,8 DI Instyle 4x4: 32.200 euros ; VW Tiguan TDi 140 Sportline 4 Motion : 34.300 euros

Note : 14 sur 20