Citroën C5 : Une super-routière française au confort royal

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1414  mots
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Confort remarquable, tenue de route archi-sécurisante qui la destine à affronter les pires conditions météo, la C5 demeure une formidable routière. Dommage que le super-malus gouvernemental pénalise une si bonne voiture « made in France » !

Contrairement à une Renault Laguna III, la C5 apparaît valorisante et cossue. Elle s'est bien installée dans le paysage automobile français depuis cinq ans. Le récent restylage demeure léger et ne change pas grand-chose. Alors, que vaut en 2013 cette grande routière française, produite à Rennes ? A-t-elle vieilli ? Nous (re) voici donc au volant d'une C5 diesel 2,2 de 200 chevaux, avec au programme météo grand vent, pluie et neige mêlées. De quoi éprouver les légendaires qualités de tenue de route et de confort Citroën !

Bilan mécanique satisfaisant

Couplé de série à une excellente boîte automatique à six rapports, le diesel de 2,2 litres de cylindrée développant 200 chevaux a de facto remplacé le superbe V6 HDi de 240 chevaux, sacrifié sur l'autel de la lutte contre le C02. On y perd en noblesse, en onctuosité et en agrément sonore. Rappelons que le V6 développé naguère avec Ford est toujours utilisée par... Jaguar ! Mais bon, ce brave 2,2 à quatre cylindres se montre tout de même agréable, souple, suffisamment puissant. Il est bien secondé par une transmission auto fluide, réactive en position « S » (Sport) - mais parfois un peu brutale. Un petit coup de frein en entrée de virage, et hop, la boîte rétrograde d'elle-même. Certes, on n'a pas la rapidité de réaction d'une boîte à double embrayage comme chez Volkswagen ou Ford. Mais, ce n'est franchement pas mal. Dommage, côté consommation, c'est moins bien, à cause notamment de cette boîte auto de type ancien. Nous avons consommé en moyenne, sur notre parcours d'essai, 9,5 litres aux cents, avec il est vrai beaucoup de ville. C'est plus que sur une BMW de même puissance. Du coup, la voiture rejette 155 grammes de CO2 au kilomètre (159 pour le break Tourer), les émissions étant corrélées aux consommations. Et le dernier super-malus gouvernemental handicape gravement ce modèle, obligé de s'acquitter d'une taxe (rédhibitoire) de 1.000 euros sur la berline et carrément de 1.500 sur le break Tourer !... Voilà comment, au nom de l'écologie, on plombe un des plus beaux fleurons du « made in France » !

Un tapis roulant

Le confort de la C5 demeure toujours aussi bluffant... Un vrai tapis roulant. Avec sa suspension hydropneumatique, lointaine héritière de la DS de 1955, la C5 refait la route, comme le proclamait il y a près de trente ans une publicité pour la Citroën GSA. Il y a toutefois quelques exceptions. A petite vitesse, les brutales inégalités de la chaussée sont un peu fermement ressenties quand même, à cause en particulier des inénarrables grandes roues de 18 pouces avec pneus taille basse, de série avec ce moteur. Pas bien malin. Mais, globalement, le confort reste royal, surtout à partir d'une certaine vitesse (50 à l'heure). Et, comme les sièges sont aussi fort doux, nous sommes très, très satisfaits sur ce point crucial. Les Citroën demeurent donc fidèles à leur réputation. Mais une monte pneumatique moins caricaturale ferait du meilleur boulot de filtrage.

Comportement routier sécurisant

La C5 offre moins de vivacité que la Peugeot 508. Les deux modèles du groupe PSA, qui reposent sur la même plate-forme, ont été typés différemment. La C5 est en effet plus pataude et lourde en virage, avec une direction un peu collante, faute d'un rappel suffisant au point milieu. Elle n'aime pas être brutalisée. Mais, en contrepartie, le comportement routier est ultra-sécurisant... Ca adhère à la route avec une obstination incroyable, comme si rien ne pouvait l'en faire dévier, pluie, vent, neige. Le châssis ne bronche pas. Cette grande routière illustre le remarquable savoir-faire du groupe PSA en matière de trains roulants. En revanche, nous continuons de ne pas aimer le rayon de braquage beaucoup trop grand, qui rend la voiture encombrante dans les man?uvres.

Intérieur cossu

L'inspiration Audi de la carrosserie se retrouve à l'intérieur, avec une planche de bord soignée, notamment la partie haute recouverte de matériau moussé. Plastiques et assemblages sont a priori flatteurs. Mais le plastoc « piano » de la console centrale fait un peu léger et clinquant. Quelques matériaux moins soignés de-ci de-là détonnent et donnent du coup une impression de moindre homogénéité qu'à bord d'une Volkswagen. Et ce, alors que certains autres plastiques sont au contraire plus cossus. Le cuir des sièges (en option) présente bien, mais pas le mélange cuir-tissu de la version de série, rêche et peu valorisant. Nous avons noté une amélioration de la finition au fur et à mesure des années. Avec, cette fois, pas de crissements de mobilier intérieur, ni d'ailleurs de grincements de suspensions, gage d'une fabrication rigoureuse. Question ergonomie, c'est moins satisfaisant. La forêt de boutons et commandes, notamment au volant, fait brouillon. On s'y perd. Impossible notamment d'actionner le klaxon sans tâtonner. Ceci dit, on finit, avec un peu d'habitude, par s'y retrouver quand même - sauf pour le klaxon. Et nous, on préfère ça finalement à la kyrielle ésotérique de menus et sous-menus des marques allemandes de haut de gamme. Au rayon des bonnes idées, saluons la vitesse qui s'affiche en chiffres sur le compteur, juste en face des yeux. En outre, applaudissons toujours à la possibilité chez PSA d'arrêter définitivement les divers bips-bips (radars de stationnement, alerte de franchissement de ligne...). Alors que, chez Volkswagen, il suffit de repasser la marche arrière pour que tout l'arsenal se remette à siffler.

Habitacle moins spacieux 

La position de conduite est bonne, mais les très nombreux réglages des sièges sont parfois inutiles comme ceux de la cambrure de la partie haute du dossier. Il n'empêche, le confort des sièges reste très supérieur à celui de la plupart des rivales (Mercedes par exemple). Globalement, on se sent très bien dans cette C5. Du moins à l'avant. A l'arrière, l'habitabilité n'est plus extraordinaire comme par le passé. La place pour les jambes y est même un peu juste. Recommandons à cet égard le break Tourer, non seulement plus élégant mais également plus spacieux que la berline, un peu étriquée. Moins vaste que naguère, son coffre demeure quand même plus grand, carré et pratique que sur la plupart des breaks concurrents. Mais nous avons pesté contre l'ouverture et la fermeture électriques du hayon, en série sur le Tourer avec cette motorisation, beaucoup trop lentes. Et, attention, le système n'aime pas du tout qu'on manipule le hayon manuellement et le fait savoir avec un fonctionnement qui devient perturbé ! Irritant.

Prix assez élevé

Tant de qualités se payent. Et la C5 2,2 litres de 200 chevaux, livrable en version Exclusive, est assez chère, à 38.750 euros (40.050 pour le break Tourer). Il faut ajouter 650 euros pour un système audio haut de gamme, 840 pour un toit vitré panoramique, 1.350 pour des sièges en beau cuir intégral. En revanche, l'option à 650 euros pour des jantes de 19 pouces est à proscrire absolument, à moins de vouloir annihiler le confort de la marque ! Déjà que les jantes de 18 en série sont absurdes... Notons, pour les amateurs, que la version équipée du magnifique V6 HDi est à 4.100 euros de plus. Tout cela est onéreux. Mais ça l'est davantage encore chez les constructeurs « Premium ». Et puis, une C5 par les temps qui courent, ça peut se négocier chez votre concessionnaire. Bref, voilà une des dernières représentantes des super-routières à la française, sûres et confortables. Avant qu'un super super-malus n'achève complètement la race (R16, R20, R 25, Safrane chez Renault, 504, 405, 605, 406, 607 chez Peugeot, Traction, DS, GS, CX, XM, Xantia chez Citroën) qui fit tant pour la réputation des voitures françaises.

Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Citroën C5 HDi 200 Exclusive : 38.750 euros (+ 1.000 euros de malus)

Puissance du moteur : 200 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,78 mètres (long) x 1,86 (large) x 1,46 (haut)

Qualités : Comportement routier archi-sécurisant par tous les temps, confort (globalement) remarquable, agrément mécanique, boîte auto réactive, présentation cossue

Défauts : Rayon de braquage démesuré, habitabilité en retrait, ergonomie parfois bizarre, consommations un peu élevées, super-malus handicapant

Concurrentes : Ford Mondeo TDCi 200 Titanium : 34.400 euros ; Peugeot 508 GT: 39. 150 euros ; Volvo S60 D5 Geartronic Momentum : 41.100 euros ; Audi A4 3,0 V6 TDi Multitronic Ambiente Plus : 44.580 euros

Note : 15 sur 20